Résume de la 3e partie - Mais qui a tué le petit Arald dont la tête a été retrouvée dans l'arrière-cour de la maison où demeurent Jasmina et Khemar '
Et, durant les jours qui suivent cette atroce découverte, apparaissent ici ou là, en morceaux, les vêtements de l'enfant : des lambeaux de pull-over de petits souliers qu'il faut reconstituer comme un puzzle.
Finalement, le commissaire de police se précipite au service de la voirie.
«Vite ! Où sont les bennes à ordures '
' A cette heure-ci ' Elles sont en route vers l'incinérateur.
' Arrêtez-les ! Il faut cesser l'incinération des ordures. Vous risquez de brûler le cadavre si l'assassin parvient à s'en débarrasser !»
Dix jours plus tard, une voisine de Jasmina trouve la veste de l'enfant subrepticement déposée à l'endroit où l'on a trouvé la tête. Le commissaire en déduit que le cadavre est caché dans la maison et la fait fouiller minutieusement.
Après avoir sondé les planchers et les murs, vidé les placards et déplacé les meubles, les enquêteurs veulent visiter le faux grenier :
«A quoi bon, remarque la malheureuse Jasmina qui les suit partout en traînant son gros ventre ; il n'y a qu'un moyen d'y accéder : c'est par une trappe au plafond de notre appartement.
' Oui... c'est idiot, bien sûr, soupire le commissaire, mais nous ne pouvons pas quitter la maison sans avoir tout fouillé.»
En se faisant la courte échelle, deux policiers soulèvent la trappe. Le plafond craque tandis qu'ils se glissent à quatre pattes dans la charpente. Soudain une exclamation. Là-haut, l'un des enquêteurs vient de s'adresser à l'autre :
«Regarde ! Regarde !...»
Au-dessous, le commissaire sursaute et jette un regard vers Jasmina horrifiée.
Lorsque le premier des deux hommes saute de la trappe de l'appartement, il tend aussitôt les bras pour saisir une grande botte en carton ondulé, barbouillée de sang, et écarte la mère.
«Allons, madame, ne restez pas là, je vous en prie.»
Le commissaire pousse Jasmina jusqu'à sa chambre. Lorsqu'il revient auprès des deux hommes, dans le carton entrouvert il aperçoit du plastique et, à travers le plastique, une main d'enfant.
«Le cadavre est complet», dit l'un des policiers en réajustant le couvercle.
D'abord interrogé comme témoin principal, Khemar devient vite le suspect numéro un puisque personne d'autre que lui ne pouvait accéder à ce grenier. Mais comment admettre que cet homme, qui paraissait tellement attaché à l'enfant, ait pu le tuer ' Pourtant, interrogé sans relâche, par l'intermédiaire d'un interprète, pris dans ses contradictions, perdu dans ses propres mensonges, en larmes, il passe aux aveux :
«Oui, c'est moi. J'ai tué le petit. Je lui ai coupé la tête.
' Pourquoi ' Mais pourquoi '»
L'homme se lance alors dans un discours en haletant, sans doute incohérent, car l'interprète incapable de traduire, impressionné, inquiet, se contente de le résumer ainsi :
«Il prétend que les Loups l'y ont obligé. Il disaient que le garçon était un bâtard, une humiliation pour sa famille, pour son village, pour la colonie turque. Il fallait qu'il lave cet affront dans le sang. Sinon, lui-même et sa femme en seraient un jour punis.»
Après un silence, l'interprète ajoute :
«Si je comprends bien, je crois que les Loups l'ont aidé.»
Nouveau silence, et l'interprète dit encore :
«Je voudrais ne pas vous avoir traduit cela, commissaire. D'ailleurs, je préférerais que mon nom ne figure pas dans ce procès-verbal. Moi aussi, j'ai une femme et des enfants.»
Ainsi, les Loups sont restés dans la ville.
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Posté Le : 09/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Pierre Bellemare
Source : www.infosoir.com