Résumé de la 5e partie - Le cas des enfants de Liverpool a frappé d'horreur non seulement l'Angleterre, mais aussi le monde entier...Enfin, la dernière cause, et la plus importante sans doute, est le milieu. Les familles de John et de Robert sont des familles éclatées, confrontées à la misère. Et surtout, Liverpool est une des villes les plus sinistrées de Grande-Bretagne.
La violence qui sévit dans les quartiers défavorisés défie l'imagination. La drogue et la prostitution règnent partout. Le chômage est effrayant : à certains endroits, il touche 70% des jeunes. 40% des foyers de la ville vivent en dessous du seuil de pauvreté. Dans ces conditions, ce meurtre peut apparaître comme une forme extrême d'appel au secours...
Tous ces éléments sont présents à l'esprit des divers acteurs du procès de Robert et de John, qui s'ouvre le lundi 1er novembre 1993, la Toussaint n'étant pas un jour férié en Angleterre. Pour des raisons de sécurité, les débats ont lieu au tribunal de Preston, à soixante kilomètres de Liverpool. Les jurés sont au nombre de douze, neuf hommes et trois femmes, âgés de vingt à soixante ans. Comme tout le monde, ils ont eu connaissance par les médias du sort des deux petits accusés depuis le meurtre.
Robert et John ont été enfermés dans une institution spécialisée proche de Manchester. John a rêvé souvent du petit James, mais il n'a jamais parlé spontanément du meurtre. L'un de ses défenseurs a confié que, pour s'entretenir avec lui, il devait lui donner une console de jeux électroniques et que l'enfant lui répondait sans cesser de jouer. John a fêté ses onze ans en août. Il ne s'intéresse vraiment qu'au football. Pour lui faire comprendre l'importance du procès, son avocat lui a dit : «Le 1er novembre, ce sera la finale de la Coupe.»
Robert, de son côté, s'est exprimé beaucoup plus facilement. Il est déluré et se donne volontiers des allures de voyou. Depuis leur détention, en tout cas, ils ont fait de nouveaux aveux, qui semblent confirmer la préméditation. Ils ont déclaré qu'ils étaient venus au supermarché pour «tuer du bébé». Ils ont reconnu avoir échoué dans une première tentative d'enlèvement avec un autre enfant. Leur intention était de le pousser sur la voie rapide devant les voitures. Quand ils ont pris James, ils voulaient le jeter dans le canal. Mais arrivé sur le quai, il s'est mis à pleurer. Ils l'ont alors conduit près de la voie ferrée. On connaît la suite...
Il est dix heures trente-cinq lorsque les deux enfants font leur entrée dans le tribunal de la Couronne de Preston. Tous deux sont en blazer et cravate, à la manière des collégiens des établissements chic de Grande-Bretagne. Ils ont les cheveux courts et on remarque qu'ils sont devenus un peu grassouillets en raison du manque d'exercice dans l'institution spécialisée.
Robert et John prennent place devant le juge, sur une estrade qu'on a dû surélever spécialement pour eux. Ils resteront le dos tourné au public et les journalistes ont l'interdiction de les photographier. En plus de leur avocat, ils ont chacun un éducateur à leurs côtés pour les assister. Pendant toute la durée des débats, on ne les appellera pas par leur nom ni même par leur prénom, mais uniquement «le garçon A» pour Robert et «le garçon B» pour John.
Face à eux se tient le juge Morland, juge unique de ce procès, en robe rouge et perruque. Derrière eux ont pris place leurs parents, tête baissée, écrasés par la situation. (A suivre...)
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Posté Le : 27/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Pierre Bellemare
Source : www.infosoir.com