Algérie

Histoires vraies Le tour de France du crime (1re partie)



Histoires vraies Le tour de France du crime (1re partie)
Dix juillet 1993. Le capitaine de gendarmerie Michel B. franchit les portes de la prison de C. À le voir, il n'est pas évident qu'il exerce ces fonctions, car il est en civil. Et pourtant, il est en service. Il est même en train d'accomplir la démarche la plus importante de toute sa carrière : il va interroger Raymond V. dans sa cellule.Les instructions qu'il a reçues, à ce sujet, des enquêteurs qui l'ont précédé, juges et policiers, étaient formelles : pas d'uniforme, V. n'en supporte pas la vue ; lui parler doucement, poliment ; éviter absolument de prononcer les mots «sexe» et «meurtre» et peut-être, au bout d'une longue conversation, l'homme passera-t-il aux aveux. Si c'est le cas, ceux-ci commenceront toujours par la même petite phrase, la phrase fatidique...
Il y a deux ans que le capitaine de gendarmerie attend cet instant : celui de faire aboutir l'affaire Gisèle G., dont il est chargé, une des plus importantes affaires criminelles de ces dernières années...
Le mardi 7 mai 1991, Gisèle, quatorze ans, demeurant dans la banlieue d'une grande ville de l'Est, annonce à ses parents qu'elle va dîner chez un ami de son âge. En fait, il s'agit d'un mensonge, elle a décidé de se rendre à la fête foraine de la ville. Le lendemain matin, son père retrouve son lit non défait et va voir le camarade en question qui lui avoue le mensonge. L'alerte est donnée mais, malheureusement, il est trop tard.
On retrouve d'abord le cyclomoteur de la jeune fille en bordure d'une route déserte et, le lendemain, son corps dénudé, dans un bois des environs. Elle a été poignardée dans la nuit du 7 au 8 mai. Ses vêtements seront découverts sur une aire de l'autoroute, ses sous-vêtements sur une autre. Le meurtrier a pris soin de brouiller les pistes et il n'y a aucun indice.
Il y a bien des témoignages, mais s'ils sont nombreux, ils sont loin d'être dignes de foi. En raison de l'émotion suscitée par le meurtre, la police est submergée d'appels téléphoniques et de lettres. Devant une telle masse d'informations, les gendarmes utilisent pour la première fois des ordinateurs portables sur le terrain.
Par la suite, ils continueront à avoir recours à l'informatique, ce qui leur permettra de contrôler dix mille personnes, de vérifier quinze mille Renault 18, voiture qui, selon plusieurs témoins, aurait suivi la jeune fille. Pendant six mois, trente gendarmes seront mobilisés à temps plein sur le meurtre, puis dix, puis deux encore après deux ans. Et au moment où on n'y croyait plus, voilà que vient de surgir la piste Raymond V. !...
Le capitaine B. entre dans la cellule... Raymond V. n'a certes pas un physique ordinaire. Trente-trois ans, un mètre quatre-vingt-dix, longiligne, il paraît plus grand encore que sa taille : on dirait un géant. Il est très myope et porte des lunettes aux verres épais, qui lui donneraient l'air inoffensif s'il n'y avait ses mains, des mains larges, énormes...
Le capitaine prend un air bonhomme. «Je vais vous parler du mois de mai 1991. Vous étiez à M. à ce moment-là...
' Vous croyez ' Je devais faire le tour de France.
' Non. Vous étiez entre deux tours de France. Vous vous êtes arrêté quelque temps chez votre compagne. Elle l'a noté dans son journal.
' Si vous le dites...
' Et, dans la nuit du 7 au 8, vous êtes allé à la fête foraine, car il y avait la fête, ce soir-là...»
La conversation s'engage. Raymond V. finit par admettre qu'il a bien été à la fête foraine de M., puis qu'il a rencontré la jeune Gisèle. (A suivre...)


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