Algérie

Histoires vraies L'odidhem (3e partie)



Résumé de la 2e partie - Claudine Chauvet explique au commissaire que son mari, bien que gentil, était d'une jalousie maladive...
Evidemment, l'un et l'autre avons vécu avant de nous rencontrer : lui c'était la vie des garnisons, moi celle des bars restaurants où depuis toujours je suis caissière. Mais cela aurait dû plutôt le rassurer.
' Vous êtes séparés ' demande le brigadier.
' Oui, avec deux enfants.
' Et le troisième '
' Il est de père inconnu.»
Petit silence un peu gêné et Claudine Chauvet poursuit :
«Il voulait le reconnaître, je vous dis : il était bon... Nous aurions pu nous refaire une vie tranquille, sans cette jalousie, cette stupide jalousie. Pourtant, je jure que je ne l'ai jamais trompé, même en pensée. Je n'avais qu'un but : cette maison, notre vieillesse ensemble.
' Depuis quand êtes-vous séparés '
' Il y a six mois il avait jeté les deux aînés dehors... Je ne voulais pas qu'il les batte. J'ai demandé la séparation et son expulsion.»
Nouveau silence et la femme insiste :
«Alors, qu'est ce que vous allez en faire '»
Le commissaire s'est levé, imité par le brigadier :
«Le faire examiner par des experts, madame... Essayer de le faire soigner dans un centre de psychothérapie, je ne vois que cela.»
Après le départ des deux hommes, Claudine Chauvet appelle :
«Vous êtes là tous les trois '
' Oui, oui...» répondent Didier, Paul et Diane.
Alors, d'un geste sec, elle ferme le verrou à double tour avant de fermer, l'un après l'autre, les volets métalliques qu'elle a fait poser à toutes les fenêtres du rez-de-chaussée. Elle sait bien que son mari n'en restera pas là, qu'il reviendra. Elle est loin, toutefois, d'imaginer la folle, extravagante et sanguinaire suite de son aventure.
Une petite librairie dans une rue de Paris. Mme Roger, soixante-dix ans, petite aux cheveux blancs, portant des lunettes, engoncée dans un manteau d'hiver couleur crème, s'affaire devant la porte de son magasin. Aidée par une vendeuse, elle rentre les journaux et les revues installés dehors sur les présentoirs. Il est un peu plus de vingt heures. Un homme d'une quarantaine d'années, qui vient d'éteindre une à une les lumières de sa boutique, sort à son tour et l'embrasse sur le front :
«A tout à l'heure, maman, j'en ai pour un quart d'heure.
' Où vas tu '»
L'homme est de taille moyenne, petite moustache, costume sombre un peu étriqué, connu dans le quartier pour être à la fois un homme aimable et paisible, très discret tant qu'il n'est pas question de son obsession :
«J'ai rendez vous avec Fernand Chauvet.
' Bien ! Tout de même, ne te laisse pas entraîner», conseille la vieille libraire.
C'est que Fernand Chauvet et l'obsession de cet homme se rejoignent. Lui-même, bien qu'il n'ait rien d'un extrémiste, souffre énormément d'être privé de la garde de ses deux filles qui, à la suite de son divorce, demeurent en province avec leur mère. Il y a six mois il adhérait à l'Odidhem : Organisme de défense des intérêts des divorcés hommes et de leurs enfants mineurs. Il est allé jusqu'à consacrer pendant une semaine sa vitrine à l'exposition en bonne place du Livre noir du divorce édité par cette association : ce qui lui a valu quelques réflexions ironiques.
Voici quinze jours, il accueillait le dénommé Fernand Chauvet, ex-sergent chef en instance de divorce, séparé de ses trois enfants. (A suivre...)


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