Algérie

Histoires vraies De l'autre côté du tunnel (5e partie et fin)



Résumé de la 4e partie - Sébastien, ne pouvant supporter que les parents d'Hélène le croient coupable, décide de leur rendre visite. Ces derniers le rabrouent...
Craignant d'aviver la fureur des villageois, Sébastien Baton n'ose pas prévenir les gendarmes. Il les croit d'ailleurs plus ou moins complices. Impunis, les imbéciles s'en donnent donc à cour joie : le lendemain, un groupe de jeunes gens prennent pied sur le plateau et font le siège de la bergerie :
«Assassin !... Assassin ! Allez, sors de
là !»
Le vieux a barricadé sa porte qui, cette fois, tient bon, et le groupe s'en va après avoir tenté, sans succès, d'y mettre le feu.
C'est pendant ce siège dérisoire que, l'état d'esprit du vieillard va brusquement changer. Depuis quelques jours, il fuyait les gens, mais petit à petit la peur fait place à la haine. Non seulement ces gens sont méchants et stupides avec lui, mais ils sont immondes avec Hélène.
Qu'ils le croient assassin, qu'ils veuillent se venger, passe encore. Mais il n'admet pas le motif. Comment des gens, des amis, les parents d'Hélène peuvent-ils imaginer qu'elle couchait avec lui '
Il lui arrive de s'arrêter devant le bout de verre accroché au mur et qui lui tient lieu de miroir, de se regarder et d'imaginer près de ses joues ratatinées le visage si neuf, si frais de la jeune fille. Ces gens sont fous... complètement fous.
Alors, brusquement, l'idée lui vient : il faut venger Hélène que ces gens salissent à plaisir, et c'est à lui de le faire.
Dans la nuit, il grimpe sur une chaise pour prendre son vieux fusil caché depuis huit mois sur une poutre, et couvert de la poussière tombée du toit. Ils veulent un assassin ' Eh bien, ils vont en avoir un !
Se gardant bien d'allumer une lampe, trébuchant sur le sentier, le fusil caché sous la vieille couverture dans laquelle il s'est enroulé, épaisse et raide comme un tapis, il descend vers le village.
Il est vingt-deux heures lorsque le vieux berger, debout devant la maison des parents d'Hélène, appelle :
«Oh !... Oh !... C'est moi, Sébastien ! Vous sortez ou je viens vous chercher '»
Comme l'autre jour, la porte s'ouvre brutalement. Le père d'Hélène, grand, gros, gras, transpirant, en sort comme un diable d'une boîte ; mais il n'a pas le temps de prononcer une parole...
Autour du berger, le long de son corps, la grosse couverture a glissé. A peine a-t-elle touché le sol que le fusil brusquement dressé a craché une première balle.
La deuxième est pour la mère d'Hélène qui s'apprêtait à crier sa haine.
«Vous vouliez un assassin, me voilà !» s'exclame le vieux berger en se retournant vers les villageois qui commencent à ramasser des pierres pour le lapider.
Aux assises, le vieux berger ne sera ni accusé ni témoin. Il s'est suicidé dans sa cellule. Faute de savoir qui lui a lancé la première et la dernière pierre, le tribunal ne prononcera que des peines dérisoires. Seul un journaliste posera la vraie question : «Le détraqué qui a tué Hélène n'est pas excusable ; victime de sa folie, il est sans doute à plaindre. Le vieux berger persécuté a, lui, bien des circonstances atténuantes, mais quelle est l'excuse des autres ' L'imbécillité rejoignant la ven-geance sont un assassinat permanent.»


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)