Histoires vraies Leïla (3e partie)

Résumé de la 2e partie - Leïla raconte à la police comment elle a tué sa camarade...
Alors, il faut tenter de comprendre ce qui s'est passé.. Pourquoi et comment une jeune fille de quatorze ans en est-elle arrivée à tuer une camarade de son âge ' Pour cela, le mieux est d'en savoir plus sur celle qui vient d'avouer cet acte terrible.
Leïla est née en France, en 1980, de parents kurdes de nationalité turque. Elle vit dans une barre HLM, réhabilitée comme tant d'autres avec les moyens du bord, à grands coups de peinture verte et rose. Sa famille a des problèmes, tant sur le plan matériel que sur celui de l'intégration. Avec ses parents et ses sept frères et s'urs, ils s'entassent dans un F3. Le père, ancien ouvrier, est en pré-retraite, la mère n'a jamais travaillé. Tous deux sont musulmans pratiquants et la mère porte le voile. Ni l'un ni l'autre ne parlent français.
Leïla, elle, semble s'être bien mieux adaptée à la vie occidentale. Elle est franchement jolie fille, avec ses yeux clairs, qui forment un contraste étonnant avec ses cheveux bruns. Elle est bien faite, un peu potelée. Incontestablement, elle paraît plus que son âge. A l'inverse, de ses parents, elle ne semble pas du tout préoccupée de religion. Elle est coquette, se maquille, boit, fume, s'habille avec des vêtements à la mode, sort en surprise-partie ou en boîte et elle a, prétend-elle, un petit ami français de vingt et un ans.
Tout cela n'est pas répréhensible et serait même plutôt sympathique, mais c'est quand on aborde la question de son caractère et de son comportement que les choses se gâtent... Ceux qui la connaissent en dressent un portrait pas toujours entièrement négatif, mais pour le moins haut en couleur. Leïla est quelqu'un qui a de la personnalité, c'est le moins qu'on puisse dire.
C'est dans sa cité qu'elle a la plus mauvaise réputation, puisqu'on va jusqu'à la surnommer «Pit-bull», pour son agressivité, ses accès de violence et sa volonté de toujours commander... Une voisine déclare aux journalistes :
' C'est une meneuse depuis qu'elle est toute petite. Je l'ai vue grandir, mais elle n'a pas changé. Elle avait des copines qui la suivaient partout. Elles paraissaient des fillettes, alors que Leïla, malgré ses quatorze ans, avait déjà le corps et l'assurance d'une jeune fille.
Un locataire ajoute :
' Depuis un an et demi, environ, elle était devenue très agressive. On avait l'impression qu'elle nous narguait du haut de ses quatorze ans, adressant à peine un : «bonjour» dédaigneux à ceux qui la croisaient.
Au collège, au contraire, les avis sont partagés. Ses camarades disent d'elle :
' Elle avait du style...
' Il y avait de la fierté en elle.
Un garçon de sa classe conclut, pour sa part :
' Elle parlait un peu fort, mais c'était une bonne camarade. Elle était super avec ceux qu'elle aimait, mais dure avec les autres.
En fait, ce jugement résume sans doute assez bien la personnalité de Leïla. Caractère entier, dominateur, elle savait se montrer très aimable avec ceux qui la respectaient, mais pouvait être très violente dans le cas contraire...
Et les autorités dans tout cela ' Eh bien, à l'inverse de ce qu'on pourrait imaginer, les services compétents, éducatifs sociaux et judiciaires, s'étaient inquiétés de son cas et ils étaient loin d'être restés inactifs.
Leïla n'était au collège Jacques-Callot que depuis la rentrée. Elle avait fait précédemment sa scolarité dans un autre établissement, à l'autre bout de la ville. Elle avait redoublé à deux reprises, ce qui avait attiré une première fois l'attention sur elle et elle avait été renvoyée l'année précédente pour avoir agressé une enseignante. (A suivre...)