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Histoires vraies Les trois jumeaux (1re partie)



Histoires vraies
                                    Les trois jumeaux (1re partie)
Les jumeaux, c'est gentil et mignon, à condition... à condition qu'ils soient bien deux et pas trois ! Trois jumeaux, cela n'a pas de sens, direz-vous. Et pourtant, il va être question dans cette histoire de trois jumeaux. C'est un de trop, et c'est là tout le drame.
10 juin 1940. La France vient d'être écrasée en quelques semaines par les troupes allemandes. Partout, c'est l'affolement, la débâcle, le désespoir. Mais cela n'empêche pas la vie de continuer. En ces heures noires, il y a quand même des enfants qui naissent.
Adrienne Bertier est en train d'accoucher à la clinique du Bon Secours, dans une petite ville du Nord de la France. Depuis quelques semaines déjà, elle sait qu'elle va avoir des jumeaux. La double naissance se passe sans problème. Elle donne le jour à deux beaux garçons que son mari et elle prénomment Pierre et Robert, enfin que Mme Bertier prénomme ainsi, car son mari est au front, elle ne sait pas où, dans la confusion qui règne alors...
La guerre passe, la paix revient. Malheureuse-ment, M. Bertier, lui, ne revient pas. Il a été tué à Dunkerque, pas très loin de l'endroit où il habitait. Pierre et Robert, orphelins de père, ont grandi, et, chose curieuse pour des jumeaux, plus ils grandissent, plus ils sont différents. Certes, ce ne sont peut-être pas des jumeaux vrais, mais quand même ! Il est difficile d'imaginer des frères aussi dissemblables tant au physique qu'au moral. Robert est plutôt frêle. Il est d'une nature rêveuse, délicate, sensible. Pierre, au contraire, beaucoup plus grand, est aussi brun que son frère est blond. Et lui, il est du genre casse-cou, il ne tient pas en place.
Et même dans les sentiments qu'ils se portent, on constate une différence. Robert adore son frère, il lui voue une véritable vénération, mais ce n'est absolument pas réciproque. Pierre, pour une raison inexplicable, se comporte d'une manière incroyablement froide avec lui. Il l'envoie promener pour un oui ou pour un non. Il préfère jouer tout seul, à des jeux mystérieux, en se parlant à voix basse, prononçant des phrases que personne n'a jamais entendues...
En 1946, les petits Bertier ont six ans. Le 1er octobre, ils se retrouvent sur les bancs de l'école. Adrienne Bertier est allée les conduire, mais comme ils habitent tout près de l'établissement, à une centaine de mètres sur le même trottoir, elle ne va pas les chercher, elle les laisse rentrer seuls. Or, ils ont l'un et l'autre quelque chose à lui raconter. Robert parle le premier :
' Maman, dans notre classe, il y a un élève qui ressemble à Pierre. Il s'appelle Philippe Larive.
Pierre confirme. Il est même tout excité :
' C'est vrai ! On s'est mis au même banc. Pour se ressembler, qu'est-ce qu'on se ressemble ! Même que le maître nous a dit d'avoir toujours des tabliers différents pour qu'il puisse nous reconnaître.
Adrienne Bertier reste silencieuse. Elle a une très désagréable impression. Une appréhension lui noue la gorge... Peut-être les enfants ont-ils exagéré. Elle veut en avoir le c'ur net. Demain, elle les accompagnera à l'école pour voir à quoi ressemble ce Philippe Larive...
Le lendemain ; elle tombe nez à nez avec lui. II est, lui aussi, accompagné par sa mère. Il lui a fait le même récit et elle vient également pour éclaircir cette histoire troublante.
En apercevant leurs enfants respectifs, les deux mères restent figées de saisissement. C'est plus qu'une ressemblance, ce sont des copies conformes. Pierre et Philippe, eux, sont tout joyeux de se retrouver. Ils se sourient et Mme Bertier, comme Mme Larive, peuvent constater qu'ils ont le même signe particulier : il leur manque une incisive à la mâchoire inférieure.
Les deux mères demandent aux gamins d'entrer à l'école et elles se retrouvent seules. C'est Adrienne Bertier qui parle la première.
' Quand votre fils est-il né '
' Le 10 juin 1940.
' A la clinique du Bon Secours, c'est cela '
' Oui... (A suivre...)


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