Algérie

Histoires vraies Un camion vert (5e partie et fin)


Résumé de la 4e partie - Les pommes de terre tombées du camion. Ce détail ' que Fuchs, un témoin de l'accident, n'a pas évoqué lors de son interrogatoire ' va, peut-être, innocenter Finkel...
«Ah ! elle vous a parlé des pommes de terre !
' Oui, d'où venaient-elles, ces pommes de terre '
' Je ne les ai pas vues tomber. Mais je pense qu'elles ont dû passer par-dessus la ridelle du camion, lorsqu'il a freiné. J'ai ramassé celles qui avaient roulé jusqu'au caniveau.
' Et vous n'en avez pas parlé à la police '»
L'étonnement de Richard Fuchs devient de l'ébahissement.
«Vous n'allez pas faire un drame pour quelques kilos de pommes de terre, quand même '
' Ce n'est pas ça, je me moque bien que vous ayez ramassé quelques kilos de pommes de terre. Mais c'est un renseignement qui aurait pu intéresser les enquêteurs.»
L'ébahissement de Richard Fuchs se transforme en stupeur.
«Pourquoi voulez-vous que ça intéresse les policiers de savoir qu'il est tombé quelques pommes de terre d'un camion de légumes '
' Vous dites un camion de légumes '
' Oui, je dis un camion de légumes.
' Parce qu'il y avait d'autres légumes dans ce camion '
' Oui, dans ce camion de légumes, il y avait des cageots de légumes. Ça vous paraît bizarre '
' Monsieur Fuchs, est-ce que vous avez suivi l'affaire '
' Moi, pas du tout.
' Est-ce que vous savez que c'est le fils Finkel qui a été accusé '
' Oui, j'en ai vaguement entendu parler.
' Mais vous savez ce qu'il transportait, le fils Finkel '
' Des légumes !
' Non. L'entreprise Finkel est une entreprise de maçonnerie. Et ce jour-là, le camion était vide, parce qu'il venait de le repeindre.»
Les yeux ronds, presque exorbités, Richard Fuchs lance un juron. Il a enfin compris.
Dès lors, pour le détective privé, tout devient facile. Il n'y a dans la région qu'un seul transporteur de légumes. Alors, se faisant toujours passer pour un voyageur de commerce, il se rend chez un dénommé Schmidt. Là, au fond d'un hangar, ne sortant plus depuis le mois de novembre tragique, rouillé, un camion GMC peint en vert. Renseignements pris, c'est le fils Schmidt, alors âgé de dix-sept ans, qui pilotait ce dimanche-là le camion de son père.
Cette contre-enquête privée a duré trois semaines. Mais il faut maintenant obtenir la réouverture de l'enquête close par la condamnation de M. Finkel et de son fils. Lorsque le détective privé fait part de sa découverte à l'inspecteur principal, celui-ci répond :
«Vous m'embêtez, mon vieux. Je ne vais pas démolir l'enquête que j'ai faite.»
Malgré la déposition de Richard Fuchs qui, à elle seule, constitue un fait nouveau, personne ne veut reprendre l'enquête sans instructions de Paris.
Finalement, le détective privé Philippe Gobineau et Raymond Finkel, négligeant les conseils d'un avocat peu pressé, vont faire une démarche au ministère de la Justice. Là, c'est grâce à un huissier compatissant qu'ils parviennent à toucher l'attaché de cabinet du garde des Sceaux. L'enquête est enfin reprise. Quelques jours plus tard, un inspecteur parisien surgit dans la caserne où le fils du transporteur de légumes fait son service militaire. Appelé au poste de garde, au bout de deux minutes à peine, il avoue sans difficulté devant une dizaine de témoins.
«Bon, puisque vous le savez, d'accord, c'est moi qui ai tué Marioni.»
On ignore comment et à quoi ce jeune homme et son père seront condamnés. Ce que l'on sait, c'est que Philippe Gobineau apporta du champagne à Forbach ce soir-là, et que ce fut la fête dans la petite maison des Finkel.
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