Algérie

Histoires vraies Un camion vert (2e partie)



Histoires vraies
                                    Un camion vert (2e partie)
Résumé de la 1re partie - M. Finkel a engagé un détective pour faire toute la lumière sur accident imputé à son fils...
A dix-sept heures trente Raymond revient soi-disant du Pruch avec le camion fraîchement repeint en vert. Il le conduit au garage, se change et finit ses devoirs.
Le lendemain, des policiers viennent interroger Raymond.
«Il n'est pas là, répond Mme Finkel, il est à l'école.»
Les policiers vont au collège, où Raymond prépare son brevet élémentaire. Ils le demandent au parloir, et l'emmènent aussitôt au commissariat de Forbach.
A quinze ans, on ne songe pas immédiatement à demander le secours d'un avocat. Après un interrogatoire d'identité, qui dure cinq minutes, les policiers gardent Raymond Finkel au commissariat tout l'après-midi de ce lundi et toute la soirée. Ils ne le mettent pas en cellule, mais ne lui donnent pas la moindre explication.
Quand Raymond rentre dans la nuit chez ses parents affolés, et qui n'en savent pas plus que lui, une vieille voisine leur montre un journal local dont voici la manchette :
«On a tué un homme cet après-midi au
Pruch !
«En effet, explique l'article, vers dix-huit heures, alors qu'il faisait nuit, un camion peint en vert a tué un ouvrier italien, M. Marioni, qui sortait de son travail, et dont la femme, jeune mariée, est enceinte. Le conducteur du camion qui ne s'est pas arrêté a pris la fuite. Heureusement, différents témoins ont cru distinguer que le camion était un GMC et qu'il était peint en vert. La police est déjà sur une piste qui paraît sérieuse, conclut l'article.
Pour M. et Mme Finkel, tout s'éclaircit : leur fils Raymond était soupçonné d'homicide et de délit de fuite. M. Finkel se précipite au commissariat pour expliquer que, si Marioni a été tué vers dix-huit heures, Raymond, lui, est rentré à dix-sept heures trente du Pruch, il ne peut donc pas être le coupable.
Les policiers l'écoutent sans conviction. Pourtant aucun des dix ou quinze témoins de l'accident n'a reconnu le conducteur car il faisait presque nuit au moment où le GMC a heurté Marioni. Le seul véritable indice est, semble-t-il, la veste de l'ouvrier italien où adhéraient encore des traces de peinture verte.
Dans les semaines qui suivirent, la vie du pauvre gamin devint épouvantable. Presque quotidiennement, les policiers se rendaient à l'école pour lui poser des questions ou pour le traîner au commissariat afin de l'interroger plus longuement. Ils le pressaient d'avouer ; le gamin refusait, affirmant qu'il était innocent. On ne le frappait jamais, on ne lui faisait pas de menaces, mais il devait quelquefois finir ses devoirs au commissariat. A l'école, c'était intenable. Tant et si bien qu'il a dû renoncer à poursuivre ses études.
Bien entendu, le fameux, l'unique camion de la petite entreprise Finkel était confisqué, et les experts parisiens ont comparé sa peinture à celle qui adhérait sur la veste de Marioni.
A Sarreguemines, lors du procès, quelques témoins ont affirmé que Raymond Finkel était passé sur la route du Pruch une demi-heure avant l'accident. Il fut également question d'un autre camion vert, appartenant aussi à un entrepreneur de Forbach, mais celui-ci fournit un alibi. De toute façon, tout fut balayé par la déclaration de l'expert parisien, le professeur Rull :
«La peinture verte du camion de M. Finkel est la même que celle trouvée sur la veste de Marioni. Cela fait vingt ans que je fais des expertises, et je ne me suis jamais trompé.» (A suivre...)


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