Algérie

Histoires vraies Duel sur le Pacifique (3e partie)



Résumé de la 2e partie - C'est pour Concita, la belle Indienne, que José Guerrero et Miguel Rosario ont décidé de se battre en duel...
José s'est déclaré l'offensé. Il a choisi les armes : les armures des conquistadores, merveilles historiques du château de son père, et deux carabines à répétition. C'est lui qui tire le premier. Il s'agit de faire tomber l'adversaire. Avec sa lourde armure, s'il tombe il est condamné à la noyade, même si les balles ne transpercent pas le métal.
José s'équilibre, ajuste et tire une rafale. Là-bas, à cinquante mètres environ, la barque de Miguel vacille. Il manque de tomber, se rattrape in extremis, et tire à son tour.
Sur le yacht, les quatre témoins observent la scène avec une intensité cruelle. Ils ont même parié sur le gagnant.
«Miguel est un meilleur tireur, et s'il gagne, il aura la fille en plus !»
Les rafales se suivent, à peine alternées par le renouvellement des chargeurs. Et ce duel va durer quarante-trois minutes, du premier au dernier coup de feu. Miguel, l'offenseur, salue parfois le courage de son adversaire, et la précision de son tir.
Il est le contraire de José. Plus vieux, plus costaud, c'est un terrien. Un travailleur. S'il est fortuné, il doit autant sa fortune à sa famille qu'à ses qualités personnelles. Les terres immenses, où court le bétail, les mines de fer et de zinc, d'or même, Miguel dirige tout cela à vingt-sept ans. Il ne connaît José que par les relations de leurs familles respectives. Il ne perd pas son temps dans les soirées, à de rares exceptions près. Et cette exception lui a fait rencontrer Concita. Elle était avec José, plus belle, plus étrange que jamais. Dans la réception mondaine on ne voyait qu'elle, et l'on chuchotait beaucoup de choses. Par exemple :
«Don José en est fou. Mais elle le fait tourner en bourrique. Pensez donc, il la couvre de cadeaux, il l'a installée dans un appartement somptueux, et chaque soir, elle lui ferme la porte au nez ! C'est à croire qu'il aime ça !»
Miguel s'est approché de Concita :
«C'est vrai qu'il aime ça '
' Quoi '
' Que vous le tourniez en ridicule '
' Je crois.
' Et vous ' Vous aimez ça '
' Je n'ai pas le choix, vous savez. Lui ou un autre, ce sera toujours la même chanson. Je ne les aime pas. Et eux, ils me veulent.
' Alors vous les faites payer.
' J'en fais payer un. Cher, c'est vrai et pour rien, mais c'est le seul moyen.
' Le seul moyen de quoi '
' De ne pas être une putain, monsieur. De me faire épouser.
' Mais vous ne l'aimez pas '
' Non. Et rassurez-vous. Lui non plus ne m'aime pas. Il me veut comme un bel objet, le plus beau de sa collection, et il croit qu'il peut payer avec de l'argent, comme d'habitude. Ce n'est pas ça, l'amour. Un jour, il s'apercevra qu'il a payé trop, et mal.
Alors il m'épousera peut-être pour me garder, ou bien je m'en irai.»
Miguel est fasciné. Autant par la beauté que par le raisonnement de cette jeune fille. Un raisonnement d'Indienne, se dit-il. Un mélange de sournoiserie, de férocité et de franchise brutale.
Une semaine après, il emmène Concita sur ses terres. Il la regarde courir à cheval, et manger avec les vachers. Il l'écoute lui dire :
«Miguel ' Il ne faut pas me tenter. J'aime cette vie. Je pourrais vous aimer, et vous, vous finiriez par me mépriser. Mettez-moi dehors.»
Un mois plus tard, Concita n'était toujours pas repartie de l'hacienda et une nuit, la voiture de sport de Don José s'arrêtait dans la cour, tous phares allumés. (A suivre...)


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