Algérie

Histoires vraies L'illusionniste (3e partie)



Résumé de la 2e partie - Jean se rend au domicile de la jeune fille, comme elle n'ouvre pas, il se décide à tirer à travers la porte. «Je l'ai eue», dit-il...
Elle n'a reçu que quelques balles car j'ai tiré sur la droite. Elle a crié, et elle est tombée. Ce fut comme un enfer de flammes et de feu.»
La jeune fille a reçu onze balles dans le corps, à travers la porte vitrée. Elle est morte sur le coup. Jean quitte sa chambre, traverse le village et se réfugie sur la plage, entre les dunes. Il s'assoit et écrit :
«J'ai rôdé partout. Je n'ai pas voulu tuer d'inoffensifs passants. J'ai tiré au hasard, j'espère que les rafales n'ont atteint personne. Il est 3 heures 30.»
Un peu plus tard, il écrit de nouveau :
«Une voiture est passée sur la route côtière, j'ai tiré dessus. Cette fois ils ont dû me repérer. Bientôt j'irai la rejoindre.»
Il va mourir, il le sait, puisqu'il le cherche. Il continue d'écrire, vite, il se raconte, il décrit sa victime et son amour, et puis :
«' J'aperçois à 150 mètres trois gendarmes armés de fusils. Je suis traqué. La dernière balle sera pour moi. Je ne tremble pas. Je suis froid, comme cette nuit, en appuyant sur la gâchette.»
En effet, il est traqué. Il a enfin obtenu d'être traqué comme un grand criminel, et comme un fou.
Quatre-vingts policiers marchent sur lui. II a tué une jeune fille délibérément, et en tirant au hasard ; tout à l'heure, il a tué un gamin de treize ans. Seul l'automobiliste n'a pas été touché, et c'est lui qui a prévenu la gendarmerie.
Sa mitraillette posée à côté de lui, dans le sable, le fou meurtrier que la police encercle peu à peu réfléchit sur lui-même. Au moment d'affronter la mort qu'il cherche depuis si longtemps, il n'éprouve pas de peur. Mais une lucidité bizarre l'envahit. Jamais en vingt ans d'existence il n'a été aussi lucide.
«Je ne peux pas courir à cause de mon c'ur, ils le savent, ils me connaissent. Tant mieux. Sinon j'aurais dû mourir misérablement, à bout de souffle, et le nez dans le sable. Pour clôturer une vie comme la mienne, je devais trouver mieux. Puisque j'ai voulu être ce tueur dingue, je dois mourir comme un dingue. Ils vont bien m'arranger ça.
«J'en ai marre de cette vie compliquée. Je n'ai qu'une seule crainte. Vais-je abattre un gendarme la nuit, un père qui a des gosses ' Comment faire maintenant ' Je suis prisonnier du rôle.
«A propos d'elle... Qu'est-ce que je sais à propos d'elle ' Que je l'aime. Si quelqu'un pouvait m'expliquer ce que c'est, l'amour. Une connerie sans doute, où est-ce que j'ai été chercher ça ' Dans les livres ' Les livres m'ont tué.
«Je les entends qui progressent. Le jour se lève. Il fait froid. Ce vent me fait du bien. Et si je courais dans la mer ' Oh ! non. Je ne sais pas courir, je cours mal.
«La bagarre va éclater. Je vais me rapprocher des poulets en temps utile. Il me reste quatre-vingt-dix cartouches. Je boirais bien de l'eau fraîche, j'ai un peu soif. Au point où j'en suis, tout va bien. Au revoir tout le monde, au revoir aux gens heureux, quant aux salauds, qu'ils se débrouillent. Ne portez pas le deuil pour moi. Ne laissez couler aucune larme. Tout à l'heure, je crois avoir tiré sur des civils. Je ne me le pardonnerai pas. Je l'ai vu tomber en criant. Portez-moi des fleurs, et à elle aussi. Au revoir au père, et à ma s'ur.» (A suivre...)


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