Algérie

Histoires vraies L'arche de Noé (3e partie et fin)



Histoires vraies                                    L'arche de Noé (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie - Sans arme pour abattre la panthère, le capitaine Larrigue lance un appel. Un contre-torpilleur répond qu'il fait route dans leur direction...
Pierre Larrigue fixe le pont éclatant de soleil. Il regarde la panthère noire avec haine. Il se prend à dire entre ses dents :
' Mais toi non plus, tu n'as rien mangé et rien bu depuis deux jours. Toi aussi tu as soif et tu as faim. Alors, c'est toi qui vas crever, sale bête !
Oui, la panthère noire souffre de la soif et de la faim, mais elle ne va pas crever, bien au contraire ! Vers la fin de l'après¬midi, le fauve semble devenir subitement fou. Il fait des bonds inutiles et terribles en direction de la passerelle. Et puis, comme s'il avait tout à coup compris, il se rue sur les cages.
Il s'attaque à celles des singes. Il y en a vingt contenant chacune cinq animaux. Elles ne sont pas closes par des barreaux mais seulement par un grillage. En quelques coups de patte, le fauve a déchiqueté le premier. Le pont s'emplit des cris stridents, déchirants, des singes fous de terreur. La masse noire se rue à l'intérieur. Un flot de sang gicle, c'est un carnage, qui dure une heure entière.
Enfin, le dernier singe tombe sous la patte noire. Pierre Larrigue pousse un cri :
' Non, ce n'est pas possible !
Si, c'est possible. La panthère s'attaque maintenant aux autres cages grillagées. Mais celles-là, ce ne sont pas des singes qu'elles contiennent, ce sont les pythons. Les yeux agrandis de terreur, Pierre Larrigue et ses compagnons voient les cinq autres grillages s'ouvrir et leurs occupants s'en extraire lentement, paresseusement. Cinq longs tuyaux dorés et noirs se mettent à glisser sur le pont.
L'horreur atteint son paroxysme. Avec la panthère, ils étaient prisonniers, sans eau, sans nourriture, sous le soleil, mais du moins, ils étaient en sécurité. Mais avec les pythons, plus personne n'est à l'abri. Pierre Larrigue prend l'interphone :
' Allô, les machines : surveillez toutes les bouches d'aération... Les pythons sont en liberté !
Mais avant qu'il n'ait pu entendre la réponse, son second l'agrippe par le bras.
' Regardez, capitaine.
Le spectacle est inimaginable. Il a quelque chose d'horrible et de fascinant à la fois, comme dans les films d'épouvante. Les pythons ne viennent pas dans leur direction. Ils rampent vers les cages des crocodiles. Ils passent à travers les barreaux. Et c'est un combat hallucinant qui commence, plus impressionnant sans doute encore parce qu'aucun des adversaires ne crie. Trois des serpents sont entrés en même temps dans la première cage. Le crocodile se défend furieusement. On entend claquer son énorme mâchoire, sa queue fait un bruit métallique en cognant contre les barreaux.
Pierre et ses compagnons ne peuvent pas voir la suite, la nuit tombe. Ils restent figés dans l'obscurité d'où montent des claquements de queues et de mâchoires. Ils se retournent sans cesse, dans la crainte de voir apparaître derrière eux l'horrible forme rampante. La panthère noire, qui parcourt le pont sans le moindre bruit, lance de temps en temps un rugissement.
C'est le lendemain 19 mai que leur cauchemar s'est terminé, avec l'arrivée du contre-torpilleur anglais. Il a mis une chaloupe à la mer et une douzaine d'hommes armés de mitraillettes sont montés avec précaution sur le pont. Une seule rafale a suffi pour abattre la panthère noire. Jenny Cuprys, bien que gravement blessée, a pu se rétablir et finalement, cette terrifiante aventure n'aura pas fait de victimes.
Quant à la conclusion, nous la laisserons à Pierre Larrigue : «L'histoire de l'arche de Noé, franchement, je n'y crois pas. Ou alors, je n'aurais pas aimé être à la place de Noé !»


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