Algérie

Histoires vraies L'exécution (5e partie et fin)


Résumé de la 4e partie n Silas, après une brève prière, est conduit au poteau d'exécution...
Pursley transpire, il a les mains moites, et il les essuie sans s'en rendre compte au bandeau noir destiné au condamné. Ce bandeau, il le noue derrière la tête de Silas, avec des gestes lents. Malgré les cent hommes de garde, malgré l'opinion du gouverneur, malgré toutes les précautions prises pour éloigner les Indiens, la fouille complète de ceux qui sont là, la certitude qu'il ne peut y avoir d'arme braquée sur lui, malgré tout cela... Tom Pursley a peur. Son dos lui paraît une cible énorme, et il en a des fourmis dans la nuque.
Silas, lui, offre sa poitrine à l'examen du shérif. Pursley fait une croix à la craie, sur la chemise de daim, pour marquer l'emplacement du c'ur. A présent, il recule de cinq pieds. On lui tend sa carabine à répétition. Il vérifie l'armement, et tire, vite, comme un soulagement.
Au bruit de la détonation, la mère et la femme du condamné se mettent à courir, en poussant des cris perçants. L'enfant les suit, en trottinant. Là-bas, contre l'arbre, le corps de Silas s'est effondré, sur la couverture de laine déposée à ses pieds.
Des hommes se précipitent pour arrêter les femmes et les empêcher de se jeter sur le corps du supplicié. Mais ils ont oublié l'enfant, qui arrive seule jusqu'au corps de son père. Trois ans, pas plus haute qu'une pousse de chêne, elle regarde sans comprendre le grand corps effondré.
Silas n'est pas mort. La balle lui a traversé la poitrine, apparemment sans toucher le c'ur, et il roule doucement sur la couverture, en gémissant. Pursley voit, lui aussi, qu'il n'a pas tué Silas. La situation est épouvantable. Le silence terrifiant. Derrière lui, les hommes maintiennent la mère et la femme du mourant, en leur plaquant les mains sur la bouche pour les empêcher de crier.
Pursley tremble de tous ses membres. Que faire ' Tirer, mais où ' Comment achever cet homme, sans faire de boucherie ' Comment ne pas rendre plus ignoble encore ce ratage épouvantable, sous les yeux de cent gardes, sous le regard des Indiens au-delà du cercle d'exécution '
Pursley agrippe l'enfant et la repousse. La main d'un soldat s'empare de la petite fille qui résiste, qui veut voir, de ses grands yeux noirs écarquillés... et Pursley éclate :
«Mais enlevez-la, bon sang ! Enlevez-
la !»
L'enfant est presque jetée dans les bras de sa mère, et le silence retombe. Pursley s'approche de Silas, dont le corps continue de rouler doucement sur la couverture, rouge à présent. De la main droite, il ferme la bouche de l'Indien et de la gauche il lui pince le nez, jusqu'à ce qu'il étouffe dans le silence. Cela dure une longue minute. C'est tout ce qu'il a trouvé comme coup de grâce. Et il en crève de honte.
Enfin le corps est enroulé dans la couverture et remis à la veuve. Pursley et les cent hommes de garde disparaissent, sous le regard impuissant et noir des Indiens Chactaws.
C'était le 17 novembre 1894, en territoire indien, à Wilburton. Une affaire d'hommes, avait dit le gouverneur...
A la fin de l'hiver, les vingt-six Indiens du clan de Silas Lewis couraient toujours dans les collines, et on craignait de graves incidents en les rattrapant pour les faire juger. Alors Tom Pursley fut retrouvé mort au printemps, la tête dans une rivière et le dos percé de balles. On ne retrouva jamais le coupable.
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