Algérie

Histoires vraies L'exécution (4e partie)



Résumé de la 3e partie n Le gouverneur donne l'ordre à Pursley, d'exécuter Silas...
A l'heure fixée pour l'exécution, le shérif Pursley n'est pas seul. Cent agents, armés jusqu'aux dents, l'accompagnent. Il a fait éloigner la femme de Silas et son enfant. La mère aussi. Une vieille Indienne muette et farouche. Mais elles ne sont pas allées bien loin. Assises, au pied d'un arbre, à cent mètres du lieu d'exécution, elles attendent. Mère et belle-fille, plus la troisième génération, une petite fille de trois ans, coincée dans leurs jupes. Les femmes de Silas veulent le voir mourir.
Pursley pénètre dans la cellule.
«Silas, on ne discute plus. C'est le moment. Tu n'as pas saisi ta chance...»
Silas se tourne vers son bourreau. Comment peut-il être aussi calme ' Pas un trait de son visage ne bouge. Il a l'air d'une gravure immobile. Son ton est toujours sentencieux :
«Qui sait où est la chance de l'homme,
shérif '»
Pursley se sent bête et gauche, et il transpire. Cet imbécile le domine toujours, il a le don des attitudes et des grandes phrases. La dignité de sa race ! Il n'ignore pas, car il est instruit, que dans un cas similaire, s'il était blanc, on ne l'aurait pas condamné à mort. II n'ignore pas qu'en l'exécutant, on veut anéantir une menace de rébellion des revendications de territoire, des libertés réclamées, toutes choses que son parti aurait mises en chantier, si son chef Jasper avait été élu. Mais Jasper est en fuite. Il a perdu la bataille électorale et Silas reste seul comme le shérif Pursley.
Il n'y a qu'un bourreau et une victime, lâchés tous les deux par leurs partisans. L'un va exécuter, l'autre va mourir, c'est une histoire entre eux, d'homme à homme. Et curieusement, il faut autant de courage pour tuer que pour mourir, ce soir.
«Allons-y, Silas, c'est le moment...
' C'est bien.
Il marche. Droit et impassible. Les liens à ses poignets ont l'air dérisoire. Pursley hésite, puis les lui enlève. Silas ramène ses bras, les croise devant sa poitrine et dit :
«Merci. J'aime mieux mourir en homme libre.»
Puis le condamné se tourne vers les personnes présentes et les salue de la main. Il s'agenouille, récite une courte prière, se redresse et attend.
Deux hommes le font reculer jusqu'au tronc d'un arbre, large et puissant. C'est le poteau d'exécution. Silas enlève son gilet et ses bottes. Il les dépose à terre, et reste en chemise, en pantalon et pieds nus, devant l'arbre.
Pursley transpire, il a les mains moites, et il les essuie sans s'en rendre compte au bandeau noir destiné au condamné. Ce bandeau, il le noue derrière la tête de Silas, avec des gestes lents. Malgré les cent hommes de garde, malgré l'opinion du gouverneur, malgré toutes les précautions prises pour éloigner les Indiens, la fouille complète de ceux qui sont là, la certitude qu'il ne peut y avoir d'arme braquée sur lui, malgré tout cela... Tom Pursley a peur. Son dos lui paraît une cible énorme, et il en a des fourmis dans la nuque.
Silas, lui, offre sa poitrine à l'examen du shérif. Pursley fait une croix à la craie, sur la chemise de daim, pour marquer l'emplacement du c'ur. A présent, il recule de cinq pieds. On lui tend sa carabine à répétition. Il vérifie l'armement, et tire, vite, comme un soulagement.
Au bruit de la détonation, la mère et la femme du condamné se mettent à courir, en poussant des cris perçants. L'enfant les suit, en trottinant. Là-bas, contre l'arbre, le corps de Silas s'est effondré, sur la couverture de laine déposée à ses pieds. (A suivre...)


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