Algérie

Histoires vraies



Résumé de la 6e partie - Pour le 1er psychiatre, Ercole n'est pas fou. Pour ce médecin, il ne s'agit pas d'un meurtre pour des motifs psychiatriques, mais passionnels...Et sa conclusion est diamétralement opposée à celle de son confrère :
? Nous sommes en présence d'un symptôme progressif lentement envahissant.
Mais on entend alors, à la demande de l'accusation, un compagnon de détention de l'accusé dont le témoignage est en relation directe avec cette seconde expertise.
? Ercole Bianchi m'a dit un jour qu'il s'entraînait pour jouer les fous.
? De quelle manière ' Est-ce qu'il avait des connaissances en psychiatrie '
? Il lisait des livres à la bibliothèque de la prison. C'est une tête, Bianchi...
Effectivement, tout cela n'est pas invraisemblable. Vu son niveau intellectuel, Ercole Bianchi pouvait fort bien acquérir les connaissances suffisantes pour tromper un spécialiste et cela expliquerait la discordance entre les deux expertises... Quoi qu'il en soit, pendant cette déposition comme pendant l'interrogatoire des psychiatres, l'accusé a gardé obstinément le silence...
29 mai. Troisième et dernière audience du procès d'Ercole Bianchi. Tout a été dit : il ne reste plus à entendre que les plaidoiries. L'avocat de la partie civile évoque la mort de Josefa :
? Ce petit être innocent, qu'on retrouvera allongé sur le dos, les bras en croix, les poings serrés, vous ne l'oublierez pas !
C'est au tour de l'avocat général de s'exprimer. Il prononce un réquisitoire très mesuré et empreint d'une grande humanité. Il évoque le repli sur soi de la famille, qui a été une des conditions déterminantes de l'amour incestueux entre le frère et la s?ur, le retour d'Ercole et les «reproches vulgaires et salissants du père». Car c'est bien le reproche de l'inceste qu'Ercole n'a pas supporté, un inceste incontestablement réel, malgré ses dénégations, et qui est à la base de ce crime passionnel.
? J'ai souvent regardé Ercole Bianchi pendant ce procès, dit l'avocat général. J'ai vu ses yeux, j'ai vu la souffrance qui s'en dégageait, j'ai vu aussi de la dignité et une immense pudeur, une pudeur qui lui aurait ôté tout courage pour avouer la vraie nature de son amour avec Graziella...
A ce moment du discours, chacun peut constater qu'Ercole Bianchi retient avec difficulté ses larmes.
? C'est un acte de fou, mais pas l'acte d'un fou ! Enchaîne le représentant du ministère public. Et il conclut en reconnaissant à l'accusé les circonstances atténuantes.
Parlant le dernier, M. Cordaro plaide l'irresponsabilité pour son client en se fondant sur les conclusions du second psychiatre. Mais tout n'est-il pas déjà dit ' Ne sommes-nous pas effectivement en présence, non d'un acte de dément, mais d'un crime passionnel, un crime affreux, conséquence de l'amour interdit qui l'a inspiré '
C'est sans nul doute le sentiment des jurés, puisqu'ils suivent exactement les réquisitions du procureur. Ils déclarent Ercole Bianchi responsable avec circonstances atténuantes et le condamnent à quinze ans de prison.
Qu'a été sa vie par la suite ' Nous ne le savons pas. Est-ce que ses brillantes dispositions pour les études lui ont permis de devenir professeur ' C'est possible. Mais depuis ce matin tragique de décembre 1976, il a dû vivre avec les ombres de ses parents, de sa s?ur-amante et de sa nièce. Et quatre fantômes dans une vie, c'est beaucoup.


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