Algérie

Histoires vraies



Une Rolls Royce s'arrête devant la grille de l'orphelinat San Genaro, à Naples, ce 28 février 1948. Le chauffeur va ouvrir la portière à un homme d'une cinquantaine d'années, plutôt petit, replet, habillé d'une redingote, d'un gilet, d'un pantalon rayé et coiffé d'un chapeau melon.La supérieure de l'institution se précipite à sa rencontre.
? Monsieur Matthews, quel honneur pour nous et quel réconfort de voir qu'il existe toujours des gens généreux.
M. Matthews esquisse un rapide salut et la religieuse le précède à travers la cour de l'orphelinat :
? Choisir la plus malheureuse n'était pas facile... Ce n'est pas la misère qui manque ici. Mais c'est sans doute Sandra Viviano qui est la plus à plaindre. Sa mère a été tuée dans un bombardement et son père a été déchu de ses droits paternels...
La supérieure baisse la voix :
? Il est en prison. C'est Giorgio Viviano, un assassin dont on a beaucoup parlé. On l'a appelé le «tueur de vieilles dames».
Tous deux sont arrivés dans le parloir de l'institution San Genaro, une pièce immense et glaciale. Assise sur une chaise, une petite fille de six ans aux beaux cheveux bruns se recroqueville pour se protéger du froid. Elle est vêtue de la grossière blouse grise de l'orphelinat. La religieuse vient la prendre par la main :
? Sandra, M. Matthews est décidé à t'adopter.
Il va t'emmener avec lui en Angleterre. M. Matthews est très riche. Tu vas avoir une vie merveilleuse...
La petite fille prend la main de l'homme et le suit sans un mot, apparemment indifférente à la transaction dont elle vient d'être l'objet.
Car c'est bien d'une transaction qu'il s'agit. Brian Matthews, quarante-huit ans, milliardaire londonien, a pris une grande décision : ne voulant pas se marier mais désirant une fille, il a choisi d'en adopter une. Bien sûr, il aurait pu adopter un nourrisson en Angleterre, mais il lui a pris la fantaisie d'aller chercher son enfant en Italie. Et il ne le regrette pas. Qui pouvait mieux convenir que la malheureuse fille d'un odieux criminel '
10 mars 1958. Dix ans ont passé. Sandra Viviano est à présent Sandy Matthews, une jolie demoiselle de seize ans. Elle est resplendissante, dans ses robes des meilleurs couturiers londoniens auxquelles elle sait apporter, grâce à son goût italien, un petit chic supplémentaire. Son maquillage discret met parfaitement en valeur ses yeux noisette, son sourire et ses admirables cheveux noirs bouclés.
Mais les qualités de Sandy Matthews ne sont pas seulement physiques. Elle possède tous les charmes qui sont ceux des jeunes filles de la bonne société anglaise. Son père adoptif a payé pour elle les précepteurs les plus chers, les cours les plus cotés...
Brian Matthews est ravi. Sandy s'est toujours montrée une élève docile et attentive, vraiment c'est la cire vierge dont il rêvait lorsqu'il est allé faire son choix à l'orphelinat San Genaro.
Ce jour-là, Brian Matthews franchit le perron de son hôtel particulier de Queen's Gate, le quartier chic de Londres, avec un air particulièrement réjoui. Prudence Norton, sa vieille servante, vient lui prendre son manteau, sa canne et son chapeau.
? Où est mademoiselle '
Prudence Norton fait une légère grimace comme chaque fois qu'il est question de Sandy. Avant l'arrivée de la jeune étrangère, c'était elle qui régnait sur la maison de Queen's Gate. Maintenant, elle n'est plus qu'une domestique et, d'ailleurs, Sandy, qui ne l'aime pas, la traite avec le plus souverain mépris.
? Elle est au salon, monsieur. Elle lit... (A suivre...)
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