Algérie

Histoires vraies



Résumé de la 3e partie - A la barre, les temoins l'accablent et Sandy est reconnue coupable de la mort de son père adoptif?Miss Norton, je suis sûr que vous êtes une personne droite, attachée avant tout à la vérité.
? Et alors ' J'ai dit la vérité !
? Je n'en suis pas absolument certain... Une chose m'a frappé en relisant votre déposition. Vous avez dit : «Mon maître était si bouleversé que lui qui ne buvait jamais est allé au bar se servir un verre.» Vous avez toujours prétendu que vous aviez entendu la scène, l'oreille collée contre la porte. Mais cela, vous ne pouviez pas l'entendre, vous l'avez vu.
? J'ai entendu le bruit du liquide qui coulait dans le verre.
? Non. Vous ne pouviez pas l'entendre. Le salon est très vaste et le bar est à l'autre bout de la pièce. Vous l'avez vu, Miss Norton. De même que vous avez vu toute la scène, car vous n'écoutiez pas, vous aviez l'?il au trou de la serrure... Dites-moi ce que vous avez vu.
Prudence Norton se dresse en direction de l'avocat.
? Je n'ai rien vu ! J'ai dit tout ce que je savais.
? Une jeune femme est en prison pour la vie par votre faute. Vous devez dire la vérité. Vous savez tout !
? Je ne sais rien. Allez-vous-en ou j'appelle la police !
Me Noble regarde ce visage flétri défiguré par la haine. Il tente un ultime argument.
? Vous ne craignez pas Dieu, Miss Norton '
La gouvernante a un instant de trouble mais elle répète d'une voix sourde :
? Allez-vous-en !
La jeune Sandy n'a pas pu supporter tant de bouleversements successifs dans sa courte existence : la misère des premières années, la vie dorée d'héritière richissime et l'univers carcéral, avec ses bassesses, sa promiscuité et sa violence. Prise en haine par ses codétenues, qui ne lui pardonnaient pas son ancienne position sociale, l'appelaient «la duchesse» et en avaient fait leur souffre-douleur, elle a sombré dans une dépression profonde. Malgré les soins, elle n'a pas retrouvé goût à la vie. Elle s'est suicidée dans l'infirmerie de la prison en s'ouvrant les veines à l'aide d'une paire de ciseaux...
C'est un peu plus de deux ans plus tard, en octobre 1961, qu'est survenu le point final de cette affaire. Prudence Norton, sentant sa dernière heure arrivée, s'est confessée. Mais elle a tenu à répéter sa confession devant les membres de sa famille.
L'avocat avait raison. Je n'écoutais pas à la porte lorsque mon maître est mort. Je regardais par le trou de la serrure et j'ai tout vu... C'était un accident. Miss Sandy n'a pas tué Sir Matthews. Il est tombé tout seul en la poursuivant. J'ai déposé au procès sous l'emprise de la haine. J'en demande pardon à Dieu et à cette malheureuse...
Mais, dans les derniers moments de sa maladie, la raison de Prudence Norton avait progressivement chancelé. Si bien que ses paroles, répétées par ses proches, n'ont pas soulevé d'émotion particulière. Il n'y a jamais eu de révision du procès de Sandy Matthews, ni de réhabilitation. Pour la justice et pour la plupart de ceux qui ont suivi cette affaire, Sandy Matthews, née d'un criminel, a été elle-même criminelle à seize ans. Pour eux, la vérité, dans cette affaire, se résume à une formule toute simple : «Tel père, telle fille !»


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