Algérie

Histoires vraies



Résume de la 2e partie - Quand il fait part de son plan, ses amis le quittent Rosado peut voir, à travers la fumée, Felipe?Javier Rosado pose sur la table six nouvelles cartes exactement semblables. Le même manège que précédemment a lieu et Felipe Martinez annonce :
? La corde.
Javier Rosado a un sifflement.
? Ça, c'est sportif !... Tu penses être à la hauteur '
? Pas de problème.
? Alors, tiens...
Rosado sort de la poche de son habit noir une cordelette terminée par un noeud coulant et la tend à son camarade.
? Maintenant, on prend la bagnole du paternel. On va aller faire un tour en banlieue, du côté de chez les cafards. Et c'est bien le diable si on ne le trouve pas, ton petit gros !
5 avril 1994, 2 heures du matin... Carlos Moreno, ouvrier dans l'entreprise de nettoyage industriel « L'Impeccable », rentre chez lui après ses huit heures de travail de nuit. Il a rangé son aspirateur et a troqué sa combinaison vert, pomme contre un vieux costume gris.
Carlos Moreno a cinquante deux ans, il est divorcé et il vit seul. Tout cela est sans importance, anecdotique. Il est chauve, ce qui est tout aussi indifférent. Il est bedonnant et de petite taille et cela, hélas, va être terriblement lourd de conséquences...
Comme il en a l'habitude, Carlos Moreno remonte à pied la calle Aldapa pour prendre le bus de nuit 29, qui va le déposer dans son HLM de l'autre côté de Madrid. Il n'a pas les moyens de se payer une voiture, avec la pension qu'il doit verser à son ex femme... Le voilà arrivé sous l'arrêt d'autobus. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre, ce qui peut prendre du temps, parfois plus d'un quart d'heure...
Une luxueuse limousine noire vient d'apparaître. Elle freine... Au volant, Javier Rosado a un cri :
? Le voilà !
Carlos Moreno n'a pas de réaction particulière, quand il voit s'arrêter devant lui cette voiture conduite par un homme en cape noire. C'est l'heure des fêtards et, de toute manière, après sa nuit de travail, il est dans un état de complète hébétude.
? Tu vas mourir !
Felipe Martinez a sauté de la voiture et, en même temps qu'il prononçait ces paroles, a sorti une cordelette de son veston. Le malheureux employé n'a pas le temps d'esquisser le moindre geste. Il a déjà la corde autour du cou. Mais son agresseur ne serre pas pour le faire mourir d'un coup, comme le lui permettrait son physique athlétique. Au contraire, malgré les supplications étouffées de sa victime, il l'étrangle lentement, faisant durer le supplice autant qu'il peut. Enfin, il le laisse mort sûr le pavé.
La police n'a eu aucun mal à mener son enquête. Le commissaire Barrientos, chargé de ce crime étran- ge ? car le portefeuille contenant quelques billets n'avait pas été touché ? s'attendait à un travail long et délicat. Il n'en a rien été. Dès le lendemain de la parution du fait divers dans la presse, il a reçu un coup de téléphone d'un parent d'élève. Mon fils est au collège Saint-Jean de Castille. Ce sont deux de ses camarades qui sont coupables pour le balayeur de la calle Aldapa: Javier Rosado et Felipe Martinez...
? Le jour même, la police a fait irruption dans le pavillon de Javier Rosado, alors que les deux jeunes gens étaient en classe. Là, elle a découvert les cartes à tête de mort, les règles du jeu « Races », ainsi que la relation du crime par Javier Rosado, qu'il avait commencé à écrire et qu'il avait laissé traîner dans sa chambre.
? Arrêtés, Javier Rosadoo et Felipe Martinez n'ont pas cherché à nier. Ils ont adopté, au contraire, l'attitude là plus provocante. Javier Rosado a déclaré aux policiers :
? On s'en fout ! Nos paternels vont nous sortir de là.
Et Felipe Martinez, s'efforçant de calquer son comportement sur celui de son modèle, a lancé :
? On est des êtres supérieurs. Vous ne pouvez pas comprendre !
Pourtant, les «êtres supérieurs» ont eu à rendre des comptes devant la justice des hommes, les assises pour Javier Rosado, le tribunal des mineurs pour Felipe Martinez et la position sociale de leurs parents n'a pas pu leur empêcher une lourde condamnation : vingt ans pour Javier, quinze ans pour Felipe.
Le jeu était fini. Désormais et pour longtemps, il allait se résumer pour eux à un seul rôle : prisonnier.


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