Algérie

Histoires vraies Le fantôme du premier étage (4e partie et fin)



Histoires vraies
                                    Le fantôme du premier étage (4e partie et fin)
Résumé de la 3e partie - Après le suicide de son beau-père, Isabelle déclare une guerre sans merci à sa mère'
Isabelle se mord les lèvres... Elle ne doit pas parler de son père. Sa mère ne comprendrait pas. Au contraire, c'est pour le fuir qu'elle quitte la maison et le village. Peut-être, même, a-t-elle prévu que son amant ira les rejoindre à Aix... Il lui faut trouver un autre argument. Elle demande :
' Et tous les amis que j'avais ici '
Hélène a un ton un peu agacé.
' Tu iras dans une autre école où tu te feras d'autres amis... Allons, tu es une grande, à présent !
1er septembre 1993. Isabelle va bientôt tout quitter : le déménagement aura lieu dans quelques heures... Elle va suivre ailleurs sa nouvelle année scolaire, dans une école d'Aix-en-Provence qu'elle ne connaît pas. Elle va quitter son village, sa meilleure amie et ses camarades, pour se retrouver seule avec sa mère, confinée entre les murs d'un appartement, avec, elle en est sûre maintenant, la compagnie de son amant...
C'est la nuit, mais Isabelle ne dort pas. Dans les pièces vides du mas, les meubles sont déjà partis.
Le reste est empilé dans des cartons. Isabelle se trouve comme à son habitude dans l'entrée du premier étage, là où son père s'est pendu. Contrairement à sa mère, elle ne veut nullement fuir ce souvenir. Il est son seul réconfort, sa seule compagnie, sa raison d'être sur terre. Si on le lui prend, que lui restera-t-il '
Non, elle ne peut se résoudre à abandonner le fantôme de son père, le livrer aux nouveaux locataires, à leur indifférence ou à leur curiosité mal-saine. Ce serait le trahir, le tuer une seconde fois, ce serait, comme sa mère, se sentir parfaitement sereine, parfaitement indifférente. Mais elle n'est pas sereine du tout ! Elle ne peut se résoudre à cette infamie, elle doit faire quelque chose !
Isabelle fume plusieurs cigarettes... C'est sans se rendre compte de ce qui lui arrive qu'elle descend à la cuisine et déballe le carton qui contient les ustensiles. Elle prend un couteau effilé et monte dans la chambre de sa mère. Celle-ci dort. Elle la frappe une seule fois à la poitrine. II y a un cri et puis plus rien...
C'est sans s'en rendre compte aussi qu'elle se met à courir dans la nuit. Elle se retrouve devant le pavillon de sa meilleure amie. Elle tambourine à la porte.
' Ouvrez vite, j'ai fait du mal à maman !
Au bout d'un moment, la mère de son amie vient lui ouvrir.
' Qu'est-ce qu'il se passe, Isabelle '
' Il faut appeler les pompiers. Je crois que c'est grave...
La mère laisse Isabelle dans le pavillon avec sa fille et va sur place alerter les secours. Mais quand les pompiers arrivent, il est trop tard : Hélène est morte. Au matin, les gendarmes viennent chercher Isabelle. Elle répète devant le juge pour enfants :
' Je ne voulais pas déménager...
C'est la seule explication qu'elle est parvenue à donner à son acte criminel. Y avait-il une explication, d'ailleurs ' Ne vaudrait-il pas mieux parler de fatalité ' Dans cette histoire, tout aurait pu s'arranger, mais tout a mal tourné. Des facteurs en apparence insignifiants se sont ajoutés à des drames véritables et, à eux tous, ils ont eu raison de cet âge si fragile, si imprévisible qu'est l'adolescence.


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