Algérie

Histoires vraies Un c'ur de curé (1re partie)



Histoires vraies                                    Un c'ur de curé (1re partie)
Tout commence à une époque qui n'est pas si lointaine que cela : une quarantaine d'années, mais qui semble à bien des égards remonter à un autre âge. Les curés portaient encore la soutane et le clergé avait, surtout dans les campagnes, une importance sans commune mesure avec celle d'aujourd'hui.
C'est d'ailleurs à la campagne que tout se passe, ou plutôt à la montagne, dans un gros bourg que nous appellerons Saint-Pierre-des-Pyrénées. Cette année-là, Saint-Pierre-des-Pyrénées a un nouveau curé : l'abbé Martin. C'est sa première charge ; il sort tout juste du séminaire, il n'a pas vingt-cinq ans et il est incontestablement beau, d'une beauté peu commune, qui cadre mal avec son état ecclésiastique. Il est rieur avec un rien d'espiègle, et de moqueur. Il a les cheveux bruns bouclés, les yeux bleus, des dents éclatantes...
Peu après son entrée en fonctions, à la Saint-Jean, M. l'abbé Martin organise une petite fête pour ses 'uvres : un goûter en plein air dans le jardin du presbytère. C'est autant pour récolter quelques dons que pour faire mieux connaissance avec ses paroissiens. Dire qu'il est au centre des regards est en dessous de la vérité : on ne voit que lui et on ne parle que de lui. Ce sont les mêmes phrases qui reviennent, dans les bouches féminines surtout :
' Comme il est mignon, notre curé !
Deux jeunes habitantes de Saint-Pierre-des-Pyrénées semblent particulièrement fascinées. On les appelle les «deux Jo», Josiane et Jocelyne. Elles ont vingt ans, elles sont inséparables et, bien qu'étant les plus jolies du village, elles ne sont pas fiancées.
Tous les garçons tournent autour d'elles, elles adorent cela, mais cela ne les empêche pas d'être sages. Ce sont des aguicheuses allumeuses.
Justement le religieux passe près d'elles. Jocelyne et Josiane s'approchent dans leurs robes d'été légères. Elles minaudent :
' Monsieur le curé, vous voulez bien qu'on vous aide pour vos 'uvres '
' Bien sûr. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
Il leur a dit cela avec son charmant sourire, mais sans faire particulièrement attention à elles, et il les quitte presque aussitôt. Les «deux Jo» sont mortifiées. D'autant qu'elles le voient à présent adresser exactement le même sourire à la vieille Mlle Goubier. Jocelyne a un éclair dans les yeux et agrippe le bras de sa compagne :
' Je veux le curé et je l'aurai !
' Tu veux coucher avec lui '
' Pas seulement. Je veux l'épouser. Tu es folle ! C'est impossible.
' Tu paries que j'y arrive '
Il y a un moment de silence et Josiane réplique à Jocelyne :
' Pari tenu.
Jocelyne est une fine mouche. Si elle s'était mise à tourner autour du jeune ecclésiastique, il aurait aussitôt compris ses intentions et l'aurait rappelée à l'ordre. Mais au contraire, elle fait preuve, dès ce moment, de la piété la plus fervente. Elle devient assidue aux offices. Rien, dans sa tenue, ne prête à la critique : elle s'habille de manière sage, elle ne met plus de rouge à lèvres, comme elle le faisait avant. Bref, rien ne la différencie des pieuses paroissiennes qui fréquentent l'église, à part, évidemment, son âge.
Cela finit quand même par intriguer l'abbé Martin.
' Pourquoi n'êtes-vous jamais avec les autres jeunes gens, ma fille ' Auriez-vous la vocation '
' Ce n'est pas cela, mon père, mais je ne peux vous le dire qu'en confession. (A suivre...)


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