Algérie

Histoires vraies La surprise du bout du monde (1re partie)



Histoires vraies                                    La surprise du bout du monde (1re partie)
Aujourd'hui avec Internet, communiquer à travers la planète est devenu une routine, mais il y a quelques dizaines d'années, c'était tout un exploit. Les internautes d'alors s'appelaient radio-amateurs. Ils utilisaient des émetteurs sur ondes courtes, ce qui nécessitait des connaissances et aussi tout un équipement. Mais à la différence de maintenant, il leur arrivait parfois de rencontrer l'aventure, la grande aventure.
Ce samedi-là, 18 mars 1972, Jean-Michel Leroy, cadre commercial dans une entreprise lilloise, se livre, comme chaque semaine, à sa passion. Il a orienté, ainsi qu'il le fait le plus souvent, son antenne directionnelle de vingt-six mètres en direction de l'Amérique du Sud, il parle, en effet, couramment l'espagnol. Pendant toute la matinée et une partie de l'après-midi, c'est la routine, le rendez-vous avec les habitués et puis, à 17 heures exactement, une voix nouvelle s'élève :
' Ici, Victor Bravo Zoulou 5. Appel urgent.
Jean-Michel Leroy donne aussitôt ses indicatifs :
' Fox Papa Tango 3. Je vous écoute.
Il sait déjà d'où parle son correspondant. Le V de Victor signifie Venezuela et 5, Caracas, de même que le F de Fox, en tête de son propre indicatif, signifie France. Sur les ondes, la voix de l'interlocuteur est bien distincte. On peut percevoir son émotion.
' J'appelle pour un ami en traitement à l'hôpital central de Caracas. Il risque de perdre la vue suite à une rétinopathie due à un diabète ; si on ne lui administre pas tout de suite un médicament nouveau. Malheureusement, il n'est commercialisé dans aucun pays d'Amérique latine.
' Le nom du médicament '
Le Vénézuélien le cite.
' Je suis le premier que vous appelez en Europe '
' Non. J'ai déjà essayé en Italie, en Suisse, en Angleterre et en Espagne. Ils ne l'ont pas. Pouvez-vous essayer de savoir s'il est disponible dans votre pays '
' Bien sûr. Je vous rappelle.
Jean-Michel Leroy délaisse aussitôt son micro émetteur pour son téléphone. Il compose le numéro de la principale pharmacie de Lille et explique toute l'histoire. La réponse ne tarde pas :
' Oui. Nous l'avons. Mais ce genre de traitement nécessite trois boîtes et cela coûte 400 francs. De plus, évidemment, il faut une ordonnance. Vous pouvez passer éventuellement demain dimanche : nous sommes de garde.
Jean-Michel Leroy remercie et raccroche. Quatre cents francs, c'est une somme en 1972, mais le principal c'est que le médicament soit en vente en France. Maintenant, comment le faire parvenir de l'autre côté de la planète ' Par avion, évidemment. Il se renseigne à Orly. Il y a un départ pour Caracas le soir même à 22h 35 et le lendemain à 14h 35. Reste le plus épineux : l'acheminement de Lille à Orly. Jean-Michel Leroy ne recule pas : il se met en contact avec le commissariat. Mais là, première contrariété, le standardiste lui répond d'une voix rogue :
' Qu'est-ce que cette plaisanterie '
' Je vous assure que ce n'en est pas une.
' Nous avons autre chose à faire. Allez, bonsoir !
Et la sonnerie «pas libre» retentit. Jean-Michel Leroy n'insiste pas et revient à sa radio. Il ne lui faut pas plus de quelques minutes pour entrer en contact avec Victor Bravo Zoulou 5 et le mettre au courant des bonnes et mauvaises nouvelles qu'il vient de recueillir. Il conclut :
' Le médicament est chez nous : le mieux serait que vous trouviez un correspondant en région parisienne, qui puisse l'acheter et l'amener lui-même à Orly. Rappelez-moi, disons, demain matin à 8 heures... (A suivre...)


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