Algérie

Histoires vraies Agonie par téléphone (2e partie)



Histoires vraies                                    Agonie par téléphone (2e partie)
Résumé de la 1re partie - Sous la coque du bateau, Fred est dans la position d'un mécanicien qui répare une voiture...
C'est un travail qui se fait à l'aveuglette, mais relativement simple. Il y a une vingtaine de boulons, et il faut compter une bonne minute pour chacun. Fred se met à siffler tout en commençant à visser. Au bout de dix minutes, il en est à la moitié.
Mais c'est alors qu'il a une curieuse impression, une impression de gêne. Il lui semble que ses mouvements se sont raccourcis. Son bras droit, qui va du sac à outils pour prendre les boulons au couvercle du tube, fait de moins en moins de chemin. Fred s'est arrêté de siffler.
' Eh, dis donc, François, elle coulerait pas la péniche, par hasard '
' La voix de François arrive dans le casque avec une parfaite netteté :
' Tu rigoles ! Je t'assure qu'on flotte tout ce qu'il y a de plus normalement.
' Ecoute, je te dis qu'il se passe quelque chose. Le bateau descend sur moi.
' Tu plaisantes ou quoi '
' Non, je ne plaisante pas !
Il y a un long moment d'attente. Fred, allongé sous la coque, entend, là haut, des éclats de voix, et puis, dominant toutes les autres, la voix du capitaine :
' Nom de Dieu, la marée !
La marée : Fred a compris ! Jusqu'à présent, la péniche avait fait ses essais en amont du fleuve, là où les eaux restaient étales. Mais en se transportant à l'embouchure, on est entré dans la zone d'influence de la mer. Et c'est la marée descendante. Non, la péniche ne coule pas, mais elle s'abaisse au même rythme que le niveau de l'eau, insensiblement, inexorablement. Dans une demi-heure, dans une heure peut-être, elle sera à sec. Mais en dessous de ses cinq cents tonnes, il y aura... Non, il n'y aura plus rien. Il va être écrasé, pulvérisé.
' Fred, tu m'entends ' Ne t'affole pas. On va te tirer de là.
' Qu'est-ce que vous attendez ' Tirez la corde de sécurité.
' On a mis le treuil en marche... Tu sens quelque chose '
' Rien du tout.
' Le treuil est au maximum. Ne t'inquiète pas, ça va venir.
' Je ne sens rien, François ! J'ai la corde entre les doigts, c'est tout mou, cela ne se tend pas.
Cette fois, il faut bien reconnaître que la situation est dramatique : la corde est coincée quelque part entre la coque de la péniche et le fond.
' François, il n'y a même plus cinquante centimètres de fond et le bateau se rapproche ! Mais, fais quelque chose, François !
La mort qui l'attend, Fred la connaît, comme tous les scaphandriers et elle est atroce. En fait, il y a deux possibilités. Si la péniche continue à s'enfoncer, elle va faire éclater son casque, et alors c'est la noyade immédiate. Mais il y a pire encore : si le tuyau d'arrivée d'air se coince, c'est l'asphyxie progressive. Dans le casque, il y a de quoi respirer pendant deux à trois minutes... deux à trois minutes d'agonie.
Fred continue à se débattre dans ses ténèbres. Et les mouvements qu'il fait lui prouvent toute la gravité de sa situation. Maintenant, quand il essaie de remuer la tête, il touche le sol et la coque du bateau. Quand il ne pourra plus bouger du tout, ce sera le commencement de la fin.
' Fred, tu m'entends '
' Je ne peux presque plus bouger, François.
' Ecoute, Fred. Le capitaine a trouvé la solution, on va t'envoyer la lance sous marine. (A suivre...)


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