Résumé de la 2e partie - Immobiles et raides près des ruches, Baude et Rougier constituent des victimes toutes désignées...
Les deux garçons sont, il est vrai, couverts d'abeilles. On les voit se promener sur leurs jambes nues, mais aussi jusque sur leur visage. Tous deux sont silencieux ; mais, à voir leurs traits crispés, on peut imaginer que les abeilles ne font pas que se promener. Certaines doivent les avoir piqués.
' Elles vous piquent ' demande Moine. Est-ce qu'elles vous piquent ' Répondez, quoi ! Elles piquent, oui ou non '
' Bien sûr qu'elles piquent, abruti ! crie soudain Rougier. Même qu'elles piquent bien, les saloperies !
Comme si cet aveu était en même temps un signal de départ, Hervé Moine détale aussitôt vers le village, suivi de deux ou trois autres.
' Arrête, Baude ! Arrête, Rougier ! Arrêtez, tous les deux !
Parmi ceux qui sont restés, certains souhaiteraient que l'expérience s'arrête-là. Mais c'est compter sans la fierté des combattants, une fierté à mort.
Soudain Baude se met à se débattre, à tourner sur lui-même écrasant des abeilles. Juste ce qu'il ne faut pas faire. Aussitôt, les dizaines, peut-être les centaines d'abeilles qui le recouvrent se mettent à piquer en même temps. Baude pousse des cris, tousse ; il s'agenouille et se tord de douleur. Lui-même couvert d'abeilles, Rougier se précipite sur lui comme s'il volait à son secours. Et les rares écoliers qui ont eu le cran de regarder jusque-là vont assister alors à l'incroyable : Rougier, pourtant défiguré et visiblement très affaibli, prenant Baude dans ses bras et le portant jusqu'au fossé pour se jeter dans l'eau avec lui.
La man'uvre ne suffit bien sûr pas à se débarrasser des insectes piqueurs, mais c'est un premier pas vers le salut.
Au même moment retentissent les premiers accents du carillon de la Pépette. Frappant sur le dos d'une poêle avec une grande cuiller en bois, la Jeanne Haudetier accourt en effet vers ses ruches. Hervé Moine et les autres l'avaient à peine prévenue qu'elle était déjà partie à toutes jambes sur le petit chemin de pierre.
' Voilà la Pépette ! Baude ! Rougier ! Tenez bon, la voilà !
La maîtresse des abeilles sait se faire reconnaître. En quelques coups bien frappés, elle reconstitue les essaims. Reste ensuite à leur faire réintégrer leur maison.
' Allez, vous tous ! crie la brave Jeanne. Remettez-moi ces ruches d'aplomb !
Tranquillisés par la présence de l'apicultrice, les gamins rentrent dans le rucher et redressent les habitacles de bois. En quelques minutes seulement, les abeilles se regroupent et réintègrent leurs ruches respectives. La Pépette peut alors cesser son tintamarre.
' Vite ! crie-t-elle. Aidez-moi à redescendre les deux garnements au village. Le docteur est prévenu ; pourvu maintenant qu'il soit encore temps.
Oui, chère Pépette, il est encore temps. Grâce à votre bonté et à votre présence d'esprit, Alain Baude et Paul Rougier auront la vie sauve. Le premier écopera de quelque deux cent soixante piqûres, le second de «seulement» soixante-dix. Mais l'heure n'est plus aux comptes. Car, depuis cet épisode, Alain et Paul ne se font plus la guerre ; on les dit même inséparables. Ce que les hommes n'avaient pu faire, ce sont les abeilles qui l'ont accompli.
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Posté Le : 02/10/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Pierre Bellemare
Source : www.infosoir.com