Algérie

Histoires vraies Vacances marocaines (1re partie)



En 1975, Claire habite Rabat, au Maroc, depuis de longues années. Si elle n'est pas marocaine, elle a épousé un Marocain. Ils se sont connus et mariés en France, mais en arrivant au Maroc, ils ont dû se marier religieusement, la seule cérémonie valable légalement, l'islam étant religion d'Etat. Ces considérations juridiques peuvent sembler compliquées, mais elles sont indispensables pour comprendre ce qui va suivre.
En cette année 1975, Claire et son mari ont quatre enfants, deux filles et deux garçons, âgés de treize à quatre ans, mais leur couple traverse une mauvaise passe. Cela ne va pas entre eux, sans qu'ils aient toutefois l'intention de rompre définitivement. Ils se séparent afin de réfléchir à leur situation et optent pour une demi-mesure : ils divorcent selon la loi du pays, c'est-à-dire que Claire est répudiée par son mari devant les autorités musulmanes, mais qu'ils restent mariés selon la loi française.
La séparation ne dure pas. Au bout de quelques mois, ils décident de reprendre la vie commune et de se remarier à la marocaine. Tout va donc redevenir comme avant, mais c'est à ce moment, dans cette situation transitoire, qu'intervient le drame.
Qu'y a-t-il de plus banal et de plus brutal qu'un accident de la circulation ' Au cours d'une promenade, le mari de Claire se tue sur la route. Les enfants, qui étaient avec lui dans la voiture, sont indemnes. Prévenue, Claire arrive à l'hôpital dans la nuit.
Elle découvre ses deux filles et ses deux fils légèrement commotionnés. On ne leur a pas dit que leur père était mort.
Elle demande à voir ce dernier et c'est maintenant que son drame va commencer. Au deuil qu'elle éprouve va s'ajouter une terrible épreuve. La réponse du médecin responsable est sans ambages :
' Non, madame.
' Mais je suis sa femme !
' Justement pas. Sa famille m'a appris que vous étiez divorcés. Vous n'aurez aucun droit vis-à-vis de lui. Je regrette.
La famille du disparu, Claire va la voir entrer en action sans plus tarder. Alors qu'elle erre dans les couloirs de l'hôpital, en pleurs complètement désemparée, elle est abordée par un de ses beaux-frères ou ex-beau frère, si on s'en réfère à la loi marocaine. Il lui demande de but en blanc :
' Donnez-moi la combinaison du coffre.
' Pardon '
Le coffre fort qui est chez vous. Ce qui est dedans ne vous appartient pas. Vous êtes divorcée...
Abasourdie, indignée, Claire refuse. Heureusement, l'aîné des beaux-frères, celui avec lequel elle s'est toujours le mieux entendue, intervient pour calmer les choses.
' Ne parlons plus de cela. Allez auprès de vos enfants et annoncez-leur la nouvelle. Ensuite, vous rentrerez à la maison avec eux. Pour le reste, nous verrons demain.
C'est donc à Claire qu'incombe la terrible tâche d'annoncer à ses fils et filles la mort de leur père et ils reprennent ensemble dans l'état qu'on peut imaginer, la direction du logis familial.
La suite ne traîne pas. Le défunt est enterré le matin même et, ainsi qu'on le lui avait dit, en fin d'après-midi, la veuve se retrouve convoquée devant ses ex-beaux-frères.
Là encore, le discours est sans fioritures :
' Si vous voulez que nous respections vos droits, vous allez respecter nos coutumes. Vous êtes divorcée, vous allez quitter cette maison immédiatement. (A suivre...)


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)