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Histoires vraies Des Américains plus vrais que nature (3e partie et fin)



Histoires vraies                                    Des Américains plus vrais que nature (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie - Robert Poivre est surpris par la brutalité des soldats américains qui ne lui disent pas ce qu'ils lui reprochent...
Tout va bien, messieurs, vos papiers ont été vérifiés à Paris et votre identité a été confirmée. Vous pouvez partir...
Robert Poivre se risque à demander timidement :
' Mais qu'est-ce qu'on nous reprochait '
' Il s'agit d'une erreur, c'est tout ce que je peux vous dire.
' On nous a pris pour d'autres '
' C'est ça : on vous a pris pour d'autres. Maintenant, partez. Le secteur est dangereux.
La vérité, l'incroyable vérité, Robert Poivre l'a apprise un peu plus tard par un de ses camarades policiers, qui l'a sue lui-même d'un de ses supérieurs. Les Américains de la première fois, ces Américains plus vrais que nature, qui mâchaient du chewing-gum, dépensaient leurs dollars au poker et fumaient des blondes étaient des soldats allemands déguisés ! Ils étaient partis peu après le départ de Robert et quand celui-ci était revenu, chez les vrais Américains cette fois, ils l'avaient pris pour le contact français avec les commandos du Reich.
Car, ainsi que nous l'avons dit, l'offensive militaire de von Rundstedt était doublée d'une offensive secrète menée par l'homme de confiance de Hitler, Otto Skorzeny, qui s'était déjà illustré en faisant évader Mussolini.
Il s'agissait d'une opération aussi audacieuse que dangereuse : envoyer de petits commandos de faux Américains derrière les lignes, pour faire des sabotages, détruire les dépôts de munitions, changer de direction la signalisation routière, couper les lignes de téléphone, détruire les postes de radio.
Les brigades étaient composées d'hommes parlant anglais avec un accent d'outre-Atlantique parfait. Ils avaient suivi des cours approfondis sur les Etats-Unis, non seulement sur l'histoire et la géographie, mais sur mille détails de la vie quotidienne, comme les règles du base-ball, le nom des principaux commentateurs de radio ou la manière d'ouvrir un paquet de cigarettes, qui n'est pas la même qu'en Europe. Le plus difficile avait été de leur inculquer cette fameuse décontraction qu'avait remarquée Robert Poivre. Les espions avaient le plus grand mal à s'empêcher de saluer en raidissant le buste et en claquant les talons à la prussienne. Tous les accessoires étaient authentiques. Les uniformes, les dollars, le chewing-gum et les cigarettes avaient été pris à des prisonniers, les jeeps avaient été récupérées sur le front. Oui, un travail remarquable, qui a échoué, en définitive pour la même raison que l'opération militaire elle-même : le manque de carburant. Les espions et les véhicules ne manquaient pas, mais, faute d'essence, Otto Skorzeny n'a pu en envoyer que quelques dizaines, ceux précisément sur lesquels était tombé Robert Poivre.
Pourtant, si les sabotages ont été limités, l'effet psychologique a été énorme. Les Américains ont vécu à partir de ce moment dans une véritable psychose de l'espionnage. Les mots de passe étaient changés sans arrêt, les contrôles étaient multipliés, bien des soldats se suspectaient en secret. Il était loin, le bel enthousiasme qui avait suivi le débarquement ! Sur le plan moral, le but avait été pleinement atteint et a laissé des traces durables.
«Longtemps, conclut Robert Poivre, j'ai conservé le paquet de cigarettes qui m'avait été donné, un jour de décembre 1944, par un officier américain plus vrai que nature. Et puis, j'ai fini par le jeter. Aujourd'hui je le regrette. C'était presque un objet historique, le témoignage d'un des plus étonnants épisodes de la Seconde Guerre mondiale. »


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