Algérie

Histoires vraies La dame aux cheveux blancs (2e partie)



Histoires vraies                                    La dame aux cheveux blancs (2e partie)
Résumé de la 1re partie - Alors que son mari a été arrêté, Monique se réfugie chez des religieuses qui contactent le maire de Loubières. Ce dernier est prêt à l'accueillir dans son village...
Mais...
' Surtout, ne parlez de tout cela à personne.
Devant tant de générosité, Monique se laisse convaincre. Le lendemain, elle quitte Nice dans la carriole d'un jeune paysan. Au terme d'un voyage fatigant, sous un soleil de plomb, elle découvre, sur un promontoire, le village de Loubières. Ici la vie semble se dérouler selon le rythme immuable de la vie paysanne ; c'est comme si la guerre avait épargné le village.
Monique ne sait pas du tout quelle vie l'attend. Une chose est sûre : les épreuves qu'elle vient de traverser l'ont transformée. Malgré l'abattement, elle n'a cessé de se répéter : «Il faut que tu vives, pour les enfants.» Sans qu'elle sache d'où cela provient, Monique sent peu à peu une énergie naître en elle et se développer, comme une force qui la pousserait à vivre.
' Voilà, nous y sommes.
Sur les indications du maire, le jeune paysan conduit sa passagère jusqu'à une cabane isolée, à plusieurs kilomètres du village. Le petit gars saute de la carriole, ouvre la porte, entre dans la cabane et en ressort bientôt avec un grand sourire.
' C'est pas le Ritz, mais ici vous serez tranquille. Vous trouverez sous l'évier de quoi casser la croûte.
Monique a vite fait le tour de la cabane que lui propose le maire. L'endroit est misérable : une table, une chaise et un lit des plus rudimentaires ; le toit et les murs sont pleins de trous, l'hiver risque d'être rigoureux. Une trappe dans un coin du plancher permet de se cacher en cas de danger.
' Avec quelques arrangements, on doit pouvoir y vivre, poursuit le paysan. Au moins vous serez à l'écart, il y a peu de chance qu'on vienne vous chercher ici...
Monique hésite un instant. La perspective de vivre dans cette cabane de chasseur n'a rien de rassurant : elle n'était pas préparée à un tel dépouillement. Mais ce n'est pas le moment d'être difficile.
' Elle est très bien, cette cabane, dit-elle. Je vous remercie beaucoup, monsieur.
Cette cachette provisoire va abriter Monique pendant toute une longue année, une année de misère et de solitude presque totale pendant laquelle il lui faudra survivre au froid et à la faim. Car, une fois les premières provisions épuisées, Monique doit assurer seule sa subsistance. Des paysans du coin lui fournissent bien quelques 'ufs ou du lait contre de petits services, mais la plupart se défient d'elle. Son accoutrement rudimentaire et sa présence solitaire intriguent : on se pose des questions à son sujet. Elle est, elle reste une étrangère. Aussi doit elle se résoudre, lorsque la faim la tenaille trop, à voler de la nourriture. La nuit, elle s'introduit dans les fermes et dérobe des fruits, des 'ufs et même des poulets. Jusque là, Monique n'avait jamais rien volé de sa vie, mais elle y est contrainte ; c'est pour survivre qu'elle le fait et, à sa grande surprise, elle y puise une énergie chaque jour plus grande. Elle combat pour la vie ; c'est une véritable foi qui l'anime à présent.
Au cours de l'été 1944, des groupes de maquisards s'installent dans la région de Loubières. Ils font aussitôt la connaissance de Monique, cette femme marquée par la fatigue, mais dont les yeux brillent d'un éclat intense. (A suivre...)


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