Algérie

Histoires vraies Le plus grand sacrifice (3e partie)



Résumé de la 2e partie - Le changement subit d'Albert Fontaine surprend les habitants de Thonon, mais surtout sa femme et son fils...
Mais cela, Albert Fontaine le paie très cher. Un jour, Joseph l'a mis à la porte de son café en lui disant avec dégoût :
' Moi, je ne sers que les amis !
Le plus douloureux, c'est en famille que cela se passe. Jeanne et Gabriel, qui avaient d'abord cru à un moment de dépression passagère, ont fini par comprendre que c'était sérieux. Au bout de quelques semaines, plus personne ne se parle autour de la table familiale ; et c'est dans ces conditions que, après avoir effectué un crochet par Thonon, Albert Fontaine accomplit son premier voyage à Paris.
Toute l'année 1942 se passe ainsi. Ses missions sont des succès, mais sa vie privée est devenue un supplice.
En rentrant de Paris, un jour de décembre 1942, Albert trouve sa femme en larmes. Sans un mot, elle lui tend une feuille de papier. C'est une lettre de Gabriel : «Ma chère maman, je rejoins le maquis. Je veux effacer la honte que papa a jetée sur notre famille. Je lui souhaite de profiter tant qu'il pourra de ses amis allemands. Mais cela ne durera pas longtemps. Je t'embrasse. Gabriel.»
Albert Fontaine tient la feuille en tremblant. Il garde le silence. Jeanne s'adresse à lui sur un ton qui est proche de la haine :
' Tu es fier de toi '
' Albert Fontaine crispe les mâchoires. L'héroïsme dont il fait preuve en ce moment est peut-être plus grand encore que s'il chargeait sous les balles.
Février 1943. Lors d'un de ses voyages qui sont devenus pour lui une routine, Albert Fontaine se rend, comme d'habitude, à Thonon. Mais, alors que les fois précédentes c'était une personne inconnue qui lui remettait les messages, cette fois-ci c'est le colonel Martin lui-même qui est au rendez-vous.
' Je tiens à vous féliciter, Fontaine. Vous avez fait de l'excellent travail et je sais que ce n'était pas dans des conditions faciles.
Albert Fontaine se sent plus ou moins inquiet. Il n'aime pas beaucoup ce genre d'entrée en matière. Il attend anxieusement la suite.
' Vous êtes un de nos meilleurs agents. C'est pourquoi je vous ai choisi pour une autre mission. Vous allez partir pour Londres.
' Tout de suite '
' Oui. Vous vous rendrez à Paris comme prévu. Là, un de nos hommes se chargera de vous. Je ne sais pas combien temps vous resterez à Londres. Peut-être toute la durée de la guerre. Votre mission vous sera expliquée là-bas. Une question à poser '
Evidemment, il a une question à poser :
' Et ma femme ' Qu'est-ce que je vais lui dire '
' Vous lui écrirez de Paris en lui disant que vous avez envie de rester dans la capitale. Je vous laisse imaginer une explication plausible.
Albert Fontaine est désemparé :
' Mais il n'y en a aucune ! Elle va croire que c'est une rupture, s'imaginer que j'ai trouvé une autre femme là-bas.
Le colonel tend la main à son interlocuteur pour lui faire comprendre que l'entretien est terminé.
' C'est à vous de voir... Cela ne me regarde pas. C'est la guerre.
Oui, la guerre. Mais celle d'Albert Fontaine n'est vraiment pas comme les autres.
Une fois à Paris, il écrit donc la lettre demandée, ajoutant tout de même à la fin : «Je te supplie de me faire confiance.»
Mais est-ce que ce sera suffisant ' Est-ce qu'elle pourra comprendre '
Ces questions, Albert Fontaine se les pose pendant toute la guerre. Car sa mission l'oblige à rester à Londres. (A suivre...)


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