Algérie

Histoires vraies Le plus grand sacrifice (1re partie)



Histoires vraies                                    Le plus grand sacrifice (1re partie)
Toute guerre a suscité ses héros, mais la Seconde Guerre mondiale sans doute plus encore, car ceux qui se sont engagés dans la Résistance l'ont fait volontairement. C'est d'eux-mêmes qu'ils ont accepté le danger, voire le sacrifice. Et de sacrifice il n'en est peut-être pas de plus terrible que celui qu'a consenti Albert Fontaine, un jour de 1942.
Nous sommes le 25 avril, à Thonon-les-Bains, sur les bords du lac Léman. Dans cette ville calme et harmonieuse, il faut faire un effort d'imagination pour se figurer que le monde est en guerre.
Albert Fontaine, lui, le sait bien. Capitaine de réserve, il est de ceux qui n'acceptent pas l'Occupation. Habitant Sain-Jean en Haute-Savoie, il était sur le point de rejoindre un maquis lorsqu'il a reçu à son bureau un coup de téléphone du colonel Martin, son ancien supérieur : «Je suis à Thonon. Venez me voir.»
Ce coup de téléphone bref, ce rendez-vous sans explication ne l'ont qu'à moitié surpris. Il imagine très bien le colonel Martin dans la Résistance. Il se sent fier qu'il ait pensé à lui.
Albert Fontaine marche sans se presser le long du lac. De loin, il aperçoit la haute silhouette aux cheveux gris. Même dans le civil, le colonel a gardé cette démarche un peu mécanique qui trahit le militaire de carrière.
Une rapide poignée de main. Le colonel Martin entre, immédiatement dans le vif du sujet :
' Heureux de vous voir, Fontaine. Votre avis sur la situation '
' Celui de tout Français qui se respecte, mon colonel.
' Je n'ai jamais douté de vous, Fontaine. Mais ce que j'ai à vous confier n'est pas commode
' Je ne demande qu'à me battre.
' Pour vous, j'ai plus difficile que commander un maquis.
Et le colonel Martin expose la mission très spéciale qu'il lui a réservée :
' Ici à Thonon, nous recevons un certain nombre de messages en provenance de Suisse. Il s'agit de les passer en zone occupée et de les déposer dans des lieux convenus à Paris. Vous êtes l'homme idéal pour cela.
La papeterie que vous dirigez à Saint-Jean a son siège social à Paris et vous pouvez y faire des voyages fréquents sans attirer l'attention. Seulement... Le colonel Martin se retourne vers son ancien capitaine :
' Seulement, les autorités de Vichy et les Allemands ne doivent avoir aucun soupçon. Et, pour cela, il n'y a qu'un moyen : vous devrez passer aux yeux de tout le monde pour un collaborateur convaincu. Albert Fontaine a pâli.
' C'est... indispensable, mon colonel '
' Indispensable. De plus, votre femme et votre fils ne doivent être à aucun prix dans le secret. Il ne faut pas qu'ils parlent au cas où ils seraient questionnés.
' Mais vous imaginez ce qu'ils vont penser de moi '
' Vous êtes libre de refuser. Je n'ai pas à vous dicter votre destin.
Albert Fontaine regarde le lac Léman, si calme en cette matinée de printemps. Il était prêt à affronter l'ennemi, à donner sa vie, mais pas à cela, pas à passer pour un traître aux yeux de tous les êtres qui lui sont chers. Pourtant on ne choisit pas sa place dans une armée. Il faut faire la guerre au poste qu'on vous assigne. Il s'entend répondre :
' A vos ordres, mon colonel !
Albert Fontaine est un homme prudent. (A suivre...)


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