Résumé de la 1re partie n Marc n'est pas enchanté d'aller à la chasse avec son futur beau-père...
Il imagine sa gibecière rebondie, bourrée de gibier à craquer, les fines oreilles d'un lièvre dépassant même du rabat. Il se voit déjà, de retour de la chasse, étalant un impressionnant tableau sous la mine déconfite du gros Charnay. Marc débouche à présent sur une petite clairière ; il jette un regard alentour et comprend que ses rêveries l'ont égaré ; plutôt, il est revenu sur ses pas sans s'en rendre compte. C'est alors que tout va lui sembler possible. A quelques mètres sur sa droite, un buisson vient de frémir. Marc retient son souffle et arme discrètement. Le buisson remue de plus belle. Marc met en joue calmement. Vision fugitive une boule de plumage brun, à la base du taillis. Le fusil est lourd et le viseur instable. Tout à coup, la tache brune, de nouveau, moins nette peut-être. Respirant à fond, Marc rassemble tout le sang-froid dont il est capable et presse la première détente. Le recul le surprend, le coup de feu l'assourdit. Il est prêt à tirer une deuxième cartouche, mais plus rien ne bouge. Rabaissant le canon, Marc reste figé un moment dans l'odeur de la poudre. Le sang lui est monté au visage ; maintenant, l'espoir l'envahit : il vient peut-être d'abattre son premier gibier !
Marc se dirige vers le buisson. Bien sûr, il aurait mieux valu tirer l'oiseau après son envol, mais comme il n'a pas de chien... Le jeune homme stoppe net. Ses jambes se dérobent sous lui, son c'ur se met à galoper. L'angoisse le serre à la gorge : un affreux pressentiment vient de l'envahir.
Il se précipite vers le buisson, écarte les ronces et les branchages. Freiné par les épines qui s'accrochent à sa veste, Marc se fraie un passage. Soudain il a le pied dessus, il sent le corps rouler sous sa semelle ; il scrute l'obscurité, et ce qu'il aperçoit est terrible : au milieu des orties et des feuilles mortes, Thoutmès est étendu, sans vie, une grosse tache noire au flanc gauche. Marc est au bord du précipice. « Non ! se dit-il, ce n'est pas vrai ! Ça ne peut pas être vrai ! » Pourtant il faut se rendre à l'évidence : il vient de tuer le meilleur ami de Charnay !
II entend bientôt la voix rauque et lointaine du gros homme :
' Marc ' C'est vous qui avez tiré ' Qu'est-ce que c'était '
Le jeune homme s'extirpe du taillis. Il se sent complètement vide. Charnay insiste :
' Qu'est-ce que vous avez tiré ' Un corbeau '
' Rien, s'entend-il articuler d'une voix blanche. Un faisan, j'ai dû le manquer.
' Vous l'avez vu tomber '
- Je... j'avais cru...
Marc regarde son fusil avec effroi. Charnay n'est plus très loin. Pour le moment, il cherche son chien :
' Thoutmès ! hurle-t-il. Thoutmès, aux pieds !
Charnay se rapproche toujours. Marc a une envie douloureuse de pleurer; la situation est sans appel.
' Ce n'est pas tout de tirer un gibier, dit Charnay quand il parvient à sa hauteur. Encore faut-il être capable de repérer l'endroit où il tombe. Enfin rassurez-vous : j'ai Thoutmès. Lui va vous dénicher ça le temps de le dire. Thoutmès ! Mais où est-il donc passé, l'animal '
Le gros homme se tient maintenant à dix mètres du buisson. Marc est exsangue, son regard n'exprime plus rien. Même le lourd Charnay finit par s'en apercevoir.
' Qu'est-ce qu'il y a, ça ne va pas '
' C'est.. Oh ! je suis désolé !
Le jeune homme ferait pitié. Il regarde son fusil comme si c'était une pièce à conviction.
' Vous allez beaucoup m'en vouloir, mais ce n'est pas ma faute ! Il faut me pardonner, je n'ai pas l'habitude !
Charnay s'est raidi. Il ne répond pas.
' Pas l'habitude... bredouille Marc en remettant l'arme du crime à Charnay. Je pensais que c'était un faisan...
Le gros homme prend le fusil et le met à son épaule.
' Ça va, j'ai compris.
Sa voix n'est plus qu'un râle.
' Je veux le voir.
' Oh ! je suis tellement désolé...
' Je veux le voir ! grogne Charnay.
' Il... là... les ronces...
Le gros homme entre dans le fourré. Il en ressort quelques instants plus tard, son chien mort dans les bras.
' Jolie pièce ! dit-il. Félicitations !
A suivre
Pierre Bellemare
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Posté Le : 29/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Info Soir
Source : www.infosoir.com