Algérie

Histoires vraies Pour passer le temps



Résumé de la 1re partie n Une crevaison sur une route étroite longeant un précipice et par un temps exécrable...
Cette fois, il parvient à placer le cric. Se tenant de la main gauche, il tourne la manivelle avec la main droite jusqu'à ce qu'il tienne en place. Ensuite, c'est le plus difficile : dévisser les boulons de la roue qui n'est pas encore soulevée du sol. D'habitude, il place la clé à pipe sur le boulon et donne un vigoureux coup de pied. Mais dans la position où se trouve la voiture, c'est impossible. C'est d'en bas et à la main qu'il doit effectuer ce travail.
Sous la pluie battante, il s'escrime tandis que sa femme le protège en répétant à plusieurs reprises :
' Mon pauvre chéri !
Ce qui contribue à l'énerver plus encore. Enfin, après dix minutes d'effort dans la boue, le dernier boulon cède. Gérard revient à la manivelle et la tourne vivement. Le côté droit de la 403 s'élève et la roue crevée tourne dans le vide. Il crie à sa femme :
' La roue de secours ! Va me chercher la roue de secours ! Agnès disparaît dans la nuit. Gérard se retrouve seul dans l'obscurité et sous la pluie. Il entend un choc sourd à l'arrière, puis un autre. Qu'est-ce qu'elle fait ' Ah oui, c'est vrai. Elle est obligée d'enlever les valises pour prendre le pneu. Il devrait y aller lui-même, cela irait plus vite.
Gérard est sur le point de quitter son poste lorsque le drame se produit. Il y a un bruit de tonnerre et une souffrance atroce, puis une certitude, même s'il ne comprend pas encore ce qui s'est passé:
' Je vais mourir.
Agnès met, elle aussi, quelques secondes pour comprendre. Elle a entendu le bruit et reste toute bête avec sa roue dans les bras. Puis elle la pose par terre et prend la lampe électrique. La voiture n'est plus là. Elle pousse un cri :
' Gérard !
Effectivement, la voiture n'est plus là. L'averse a provoqué un glissement de terrain et elle se trouve à présent, le nez en avant, dans le fossé avec Gérard en dessous.
Horrifiée, Agnès a sauté en contrebas et découvre le tragique spectacle dans la lumière tremblante de sa lampe de poche : Gérard est couché sur le dos, le pare-chocs de la voiture sur sa poitrine. Il a les yeux fermés. Elle pousse un cri déchirant : il est mort !
Non, Gérard n'est pas mort. Il ouvre les yeux, la voit, parle.
' Agnès, j'étouffe...
Agnès ne répond pas. Elle agite fébrilement les mains, prise de panique.
' Agnès, j'étouffe ! Fais quelque chose..
Cette fois, Agnès a retrouvé ses esprits. Elle lâche sa lampe de poche et agrippe à deux mains le dessous de la voiture du côté droit, là précisément où se trouvait le pneu crevé responsable de tout. Mais elle n'arrive qu'à s'écorcher les mains. Combien peut peser la voiture ' Une tonne peut-être... Elle a un gémissement désespéré.
' C'est trop dur ! Je ne peux pas !
A ses pieds, dans la boue, la voix de Gérard se fait de nouveau entendre. Elle est implorante et mourante.
' Agnès, Agnès...
Faire quelque chose, n'importe quoi ! Sinon il sera trop tard. Chercher du secours. Oui, c'est cela : chercher du secours.
Avec une agilité extraordinaire malgré la boue, Agnès grimpe le talus et elle se met à courir comme une folle. Ses chaussures à talons hauts la font tomber. Elle les envoie promener et continue. Et puis elle s'arrête.
«Comme une folle» était l'expression juste. Elle avait pris la direction de chez leurs amis, mais leur maison est à cinq bons kilomètres et, même en courant à perdre haleine, elle arrivera, trop tard. Gérard sera mort avant. Attendre une voiture ' Bien sûr, s'il en passait une, ce serait le salut. Mais sur cette route déserte et par ce temps de cauchemar, il peut fort bien ne pas en passer avant le lendemain matin. Alors '
A suivre
Pierre Bellemare


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