Algérie

Histoires vraies



Résumé de la 2e partie - Alors que Karin, Marc et le chauffeur de taxi attendent le passage du train, ils entendent les cris d'un homme...
Marc lui en tend une et il se met à la fumer comme si de rien n'était. Karin n'est pas loin de défaillir, mais elle est toujours aussi déroutée. Rien de tout cela ne se passe normalement. Tandis que le chauffeur roule à tombeau ouvert en direction de l'hôpital, l'Africain se tait. A part la cigarette, il ne demande rien d'autre, en particulier, pas où on le conduit. Il garde l'air fataliste, tandis que son moignon saigne à gros bouillons.
Enfin, l'hôpital apparaît. Le chauffeur pile devant l'entrée et, en compagnie de Marc, conduit l'homme dans le bâtiment. C'est un hôpital africain. Karin les suit, marchant comme une automate. Une infirmière noire se tient derrière la réception.
' Qu'est-ce que vous voulez '
' Nous vous apportons un blessé. Vous ne voyez pas '
' Laissez-le là.
' Dans le hall '
' Oui.
' Et on va venir le chercher quand '
' On ne viendra pas le chercher.
' Mais il va mourir !
' Eh bien, cela lui servira de leçon et servira de leçon aux autres. On en a assez des voleurs !
' Qu'est-ce qui vous dit que c'est un voleur '
' Il s'est fait ça en voulant prendre le train. C'est toujours la même chose. On a l'habitude...
Le cauchemar continue. Marc et Karin insistent, mais l'infirmière est inflexible :
' On a des consignes. Je regrette.
Karin voit Marc au bord de la révolte, prêt à tout casser, peut-être, mais c'est le blessé qui, de lui-même, y met un terme.
' S'il vous plaît, une cigarette.
Il est assis dans le hall, où on a fini par le déposer. Il tend la main, avec toujours le même calme. Il a accepté son sort. Il semble partager le point de vue de l'infirmière. Il a tenté sa chance et il a perdu. C'est la règle du jeu. Marc remet la cigarette demandée, celle du condamné... Il se tourne vers Karin et ils tentent désespérément entre eux de trouver une solution.
' Il faut l'emmener chez un médecin.
' Aucun médecin africain n'acceptera de le soigner. Il aura la même réaction.
' Un Européen...
' Tes parents ne travaillent pas dans le pétrole et les miens non plus, alors...
C'est ici qu'intervient la profession des parents de Karin. Tous les médecins blancs de Pointe-Noire sont payés par la compagnie pétrolière et ils ont pour consigne de ne soigner que ses employés. Quand ils ont un problème de santé, les Européens travaillant dans une autre branche doivent aller à l'hôpital africain ou à l'hôpital européen le plus proche, qui n'est pas au Congo, mais à Libreville, au Gabon, à une heure et demie d'avion. Le seul praticien français qui n'appartienne pas à la compagnie n'est pas médecin, mais vétérinaire. Il lui arrive de dépanner ses compatriotes pour des cas bénins, mais pour quelque chose d'aussi grave...
Il n'y a rien à faire, rien. Marc va déposer son paquet de cigarettes près du blessé, à côté de la flaque de sang qui continue de s'élargir et ils pleurent tous les deux en remontant dans leur taxi.




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