Algérie

Histoires vraies



Histoires vraies
Résumé de la 1re partie - Cette nuit, le taxi que Karin et Marc ont pris pour aller à la plage s'arrête à un passage à niveau...
Et, effectivement, après une courte attente, le voilà qui passe dans un bruit de ferraille. Après quoi, nouvelle attente, car il arrive que la barrière refuse obstinément de se relever. Au bout d'un moment, Marc prend les choses en main, descend et demande au chauffeur de l'aider à la man'uvrer. Karin les suit, amusée par toutes ces péripéties, qui mettent enfin un peu d'animation dans sa soirée si morne. Et c'est à cet instant que tout bascule.
Des cris sourds s'élèvent dans la nuit. Ils proviennent de la voie. S'agit-il d'un des nombreux animaux nocturnes de la région ' Non, les cris sont humains. Le chauffeur prend une torche électrique dans sa boîte à gants et une machette au cas où il s'agirait d'un traquenard, et tous trois vont dans la direction des appels.
Karin a très peur de ce qu'elle va découvrir. Et ses appréhensions étaient fondées : elle manque de défaillir. Le faisceau lumineux éclaire un homme assis sur les rails. A leur approche, il se tait. Il reste immobile et pour cause : il lui manque une jambe, coupée ras, à la hauteur du bassin !
Si la jeune fille est horrifiée, elle sait ce qui vient de se passer. En arrivant au Congo, elle a été surprise par la quantité de culs-de-jatte qu'on croise dans les rues, elle s'est renseignée et on lui a dit :
' C'est le train !
' Comment cela, le train '
On lui a alors expliqué que ceux des Congolais qui n'ont plus de travail à Pointe-Noire tentent d'aller en trouver à Brazzaville. Mais comme les salaires sont d'environ 500 francs français par mois, ils n'ont, la plupart du temps, pas de quoi s'acheter un billet. Alors, ils se cachent dans les buissons près de la voie, de préférence la nuit, parce qu'il y a moins de contrôles et moins de police. Lorsque le train arrive, ils sautent sur les marchepieds en s'accrochant aux barres. Un exercice terriblement dangereux, surtout dans l'obscurité. Les moins chanceux sont écrasés, beaucoup se retrouvent culs-de-jatte ou unijambistes et les privilégiés réussissent à devenir chômeurs à Brazzaville au lieu de Pointe-Noire.
Voilà. On le lui avait dit, mais Karin ne voulait pas vraiment y croire. Maintenant, elle ne peut faire autrement, ce qui ne l'empêche pas d'avoir l'impression de vivre une scène irréelle. En les voyant, l'homme s'est tu. C'est un bel Africain d'une quarantaine d'années, au visage plein de noblesse. Il est d'un calme olympien, alors qu'eux-mêmes tremblent comme des feuilles.
Aussi blême que sa camarade, Marc réunit tout son courage pour aider le chauffeur à le transporter dans la voiture, tandis qu'elle leur éclaire le chemin avec la torche. Une fois sur la banquette, le blessé prend la parole pour la première fois, s'adressant à Marc.
' Vous avez une cigarette '
Marc lui en tend une et il se met à la fumer comme si de rien n'était. Karin n'est pas loin de défaillir, mais elle est toujours aussi déroutée. Rien de tout cela ne se passe normalement. Tandis que le chauffeur roule à tombeau ouvert en direction de l'hôpital, l'Africain se tait. A part la cigarette, il ne demande rien d'autre, en particulier, pas où on le conduit. Il garde l'air fataliste, tandis que son moignon saigne à gros bouillons. (A suivre...)




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