Algérie

Histoires vraies



Honoré Bayard est un homme ordinaire. Quand il est mobilisé, en 1939, il tient une épicerie à Bordeaux avec sa femme Micheline. Comme tant d'autres, il est fait prisonnier en juin 1940 et interné en Allemagne.
Honoré ne reste que deux ans en captivité. Car, en 1942, il tombe gravement malade et, par décision des autorités allemandes, il est rapatrié dans un convoi sanitaire. Il retrouve à Bordeaux son épicerie et sa femme Micheline. C'est là que tout commence.
2 juillet 1942, 6 heures du matin : des coups violents sont frappés à sa porte. Honoré se lève. Il ouvre et se trouve nez à nez avec quatre hommes. Malgré la chaleur, ils sont vêtus d'imperméables. Deux d'entre eux portent un chapeau mou, les deux autres ont un béret basque. Honoré n'a pas besoin de présentations. C'est la Gestapo : deux Français, deux Allemands.
C'est l'un des Français qui prend la parole.
' Allez, mets ton veston sur ton pyjama. Non, pas le temps de t'habiller. Nous sommes pressés...
Sans rien comprendre, Honoré s'exécute. On le jette dans une traction avant qui arrive peu après au siège de la Gestapo, un lieu sinistre que tout le monde connaît à Bordeaux. Mais Honoré espère malgré tout. C'est une erreur. C'est forcément une erreur. Il se retrouve dans un bureau. Devant lui un gradé allemand, qui parle avec un fort accent.
' Monsieur Bayard, ne perdons pas de temps. Où sont les caisses '
' Je vous demande pardon...
L'officier répète sa question :
' Où sont les caisses, monsieur Bayard '
' Mais je ne suis au courant de rien. Je viens tout juste de rentrer de captivité. J'étais prisonnier chez vous, en Allemagne...
L'Allemand n'a pas entendu, semble-t-il.
' Où sont les caisses '
' Quelles caisses ' Les caisses de quoi '
' A votre aise, monsieur Bayard. Nous avons d'autres méthodes.
Honoré est conduit brutalement dans un appartement au second étage de l'hôtel. Un grand blond en manches de chemise est là, qui l'attend, entouré de soldats. Il lance un ordre en allemand. Instantanément, Honoré se retrouve attaché sur une chaise et l'interrogatoire commence, mené par le grand blond. Sa question est celle qu'il redoutait. Elle est terrible, désespérante, parce qu'il ne peut pas y répondre.
' Où sont les caisses '
' Mais je ne sais pas ! Je ne suis pas au courant...
Et ce sont alors les horribles tortures de la Gestapo : les ongles arrachés, la baignoire, le fer rouge. Et sans arrêt, la même question qui revient, tantôt hurlée, tantôt susurrée d'un ton mielleux :
' Où sont les caisses ' Où sont les
caisses ' Où sont les caisses '
A la nuit, Honoré est reconduit à sa chambre-cellule et il reste là brisé, anéanti.
Le lendemain, il voit entrer un autre homme, un Français brun, un de ceux qui l'avaient arrêté.
' Allez, mon gars, on va faire un tour. Je vais te montrer, moi, où sont les caisses.
Il lui tend un imperméable et une paire de lunettes de soleil.
' Mets ça.
Honoré obéit. Il comprend de moins en moins, mais il ne cherche plus à comprendre.
Quelques minutes plus tard, il se retrouve dans une traction avant avec le Français de la Gestapo et plusieurs autres. Est-ce le dernier voyage ' Va-t-on aller dans un terrain vague ou un petit bois ' Non, la voiture gagne le centre de Bordeaux. Elle s'arrête dans une rue particulièrement passante. (A suivre...)




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