Algérie

Histoires vraies



Histoires vraies
Aussi loin qu'elle remonte dans sa mémoire, Lori Andino ne se souvient que de cris. Les cris de colère de son père, les cris de souffrance de sa mère, les siens, un peu plus tard... Les cris des voisins et voisines aussi, car, dans tous les foyers, c'était la même chose.
Par malheur pour elle, Lori Andino, née en 1981, a vu le jour dans un des lieux les plus violents du monde : le ghetto latino-américain du Bronx, à New York... Il est difficile d'imaginer un environnement plus désespérant : des immeubles complètement délabrés, des maisons détruites par les incendies, des magasins vides aux fenêtres grillagées, des caniveaux débordant de détritus où se battent les rats.
Sa mère, Zulma, est une Portoricaine, son père, Angelo Andino, un émigré d'origine italienne... C'est de son père qu'elle se souvient surtout, du moins au début. Les premières années, il la laisse tranquille, mais dès qu'elle a six ans environ, c'est contre elle qu'il passe ses nerfs.
Angelo n'est pas dealer comme tant d'autres, mais mendiant dans le métro. Lorsqu'il rentre, il est immanquablement ivre et les coups pleuvent. Les coups, on ne peut pas les éviter, mais on peut empêcher qu'ils ne fassent trop mal. C'est sa mère qui lui montre le moyen : quelques joints et quelques cannettes de bière en fin d'après-midi et, le soir, on est assez défoncée pour ne pas sentir la douleur. A neuf ans, Lori est parfaitement rodée à cet exercice. Mais c'est à ce moment que tout va basculer.
Il faut dire que, malgré la drogue, l'alcool et la malnutrition, Lori est devenue mignonne, avec son type latin très prononcé et ses allures de petit animal sauvage... Ce soir-là, Angelo commence à la battre, comme d'habitude, et, brusquement, il s'arrête. Il la regarde avec des yeux brillants.
' Mais dis donc, viens un peu ici, toi !...
Il s'approche d'elle et, malgré sa résistance, commence ses caresses. Zulma, dans ces moments-là, a pris l'habitude d'aller boire une bière ou deux dans la pièce à côté, mais tout d'un coup, elle, l'effacée, la soumise, se révolte. Elle ne permettra pas que son mari viole sa fille ! Elle fait irruption et le frappe de toutes ses forces, avec sa bouteille entamée. Complètement surpris, Angelo tombe, la tête ensanglantée. Il tente de fuir, mais elle le poursuit sur le palier, frappant et frappant encore. Et elle s'acharne toujours, alors qu'il est à terre, inanimé et déjà mort.
' Vous avez bien fait.
C'est la voisine qui vient de parler, Trinna Sanchez, une Cubaine. Elle vit seule. Son mari a été tué par balles ; sa fille et ses deux fils, elle ne sait pas où ils sont, mais ils sont vivants : ils reviennent de temps en temps... Elle répète, en montrant le corps, alors que Zulma a pris sa fille dans ses bras.
' C'était tout ce qu'il méritait. Vous avez bien fait !
Zulma Andino s'exprime avec un calme dont sa fille ne l'aurait pas crue capable.
' D'accord, mais maintenant '
' Il vaut mieux ne pas rester ici. Je vais vous faire rencontrer quelqu'un de la Nation...
«La Nation», c'est-à-dire : «La Nation toute-puissante des rois et reines latinos»... Lori a déjà entendu prononcer ce nom, à mi-voix, avec crainte. Elle a vaguement compris qu'il s'agissait d'une association qui domine le ghetto latino-américain de New York.
Et la personne à qui la Cubaine présente Zulma, dans un terrain vague, au petit matin, n'est pas n'importe qui ! C'est Daniel Flores, dit «le roi aux yeux verts», roi suprême de la Nation toute-puissante des rois et reines latinos, c'est-à-dire ni plus ni moins son chef. (A suivre...)




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