Algérie

Histoires vraies



Histoires vraies
Résumé de la 4e partie - Pour le Pr Legrand du Saule, Morisset, sous l'influence de lectures détestables, s'est forgé une morale à son propre usage...
Le procès de Lucien Morisset s'ouvre au début du mois de septembre 1881.
Dès la première séance, le public, les juges, les jurés sont frappés par l'attitude de l'accusé. Il est hautain, arrogant et cynique même. On dirait qu'il fait tout pour se rendre antipathique et odieux. En fait, il continue à jouer le rôle qu'il s'est imposé. Comme Lacenaire, il est devenu un assassin; maintenant, comme Lacenaire, il doit être condamné à mort et exécuté.
Lucien contemple avec une froideur voulue le défilé de ses victimes. Il n'a pas un mot de regret ni un regard de pitié pour les deux jeunes gens blessés, ceux qui chantaient la chanson du «Beau Nicolas». Il manifeste la même indifférence envers la famille de M. Dormier, qui a eu le malheur de se trouver en face de lui un soir de juin.
Mais, quand le professeur Legrand du Saule est appelé à la barre, Lucien s'anime. Il sait que le professeur veut le sauver. Alors, dans un sursaut de désespoir, il repousse cette main qui se tend vers lui, la première, peut-être, et la dernière, peut-être aussi.
' Monsieur le président, je réclame la parole !
Le président la lui donne.
' Je déclare que je ne cherche ni atténuation ni excuse. Ce que j'ai fait, je l'ai parfaitement voulu. J'ai trop conscience de mes actes pour revendiquer la folie. Morisset juge condamnerait Morisset assassin. J'ai tué M. Dormier, la loi a prévu le cas. Il n'y a pas d'hésitation à avoir !
Malgré tout, le professeur Legrand du Saule fait sa déposition. Le président s'accroche avec lui. Il ne comprend pas ce que signifie la notion de «responsabilité atténuée». Un dialogue très serré s'engage entre les deux hommes.
Dans la salle, tout le monde se tait. Chacun a la sensation que c'est dans cet échange de répliques que se joue la tête de l'accusé.
Legrand du Saule ne modifie en rien sa déposition et il conclut avec fermeté :
' Je persiste à voir dans les travaux intellectuels exagérés de l'accusé, dans les anomalies de son jugement, dans les tentatives d'assassinat sur des inconnus et dans le meurtre même de M. Dormier, également inconnu de lui, des motifs de responsabilité atténuée.
Au cours des plaidoiries, le procureur demande la peine de mort et l'avocat plaide la folie.
Le jury délibère pendant une heure et demie avant de revenir avec son verdict : l'accusé est coupable sans circonstances atténuantes. Il est condamné à mort... Pour la première fois, Lucien sourit. Il s'incline et salue les juges.
Lucien Morisset a été gracié par le président de la République et sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité, soit en raison de son jeune âge, soit en raison des doutes qui subsistaient sur son état mental. Il n'aura pas eu le destin de Lacenaire...
On ne sait pas ce qu'il est devenu et c'est dans l'anonymat le plus complet que s'achève son histoire. Une histoire tragique, qui n'était, au fond, que celle d'une solitude.




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