Algérie - A la une


Résumé de la 1re partie - Cet enfant de quatorze ans a entrepris de poursuivre ses études,tout seul, sans maître, sans orientation, sans guide...
Cela dure six mois de fièvre enthousiaste, pendant lesquels il a la sensation de faire l''uvre de sa vie. Et, au bout de ces six mois, Lucien se relit. Il se juge sans complaisance, car l'esprit critique est aussi une de ses qualités intellectuelles... Non, franchement, il n'est pas Victor Hugo, Musset ou Lamartine. Il n'est même pas poète du tout ! Et Lucien jette ses vers au feu.
Alors, tout d'un coup, il se sent terriblement seul. Et il n'a pas tort... C'est vrai qu'il est seul depuis le début ! C'est seul qu'il a entrepris de continuer ses études. C'est seul encore qu'il a voulu devenir poète, alors que personne ne lui demandait rien. Et c'est seul qu'il a échoué...
Lucien reprend sans goût, sans joie, le chemin de l'étude. Et c'est alors qu'il se souvient d'une de ses lectures. Ce n'était qu'un petit livre parmi tous les autres, mais ce livre l'a tellement marqué qu'il ne parvient pas à l'oublier. Il s'intitulait Les Mémoires de Lacenaire.
Pierre François Lacenaire est une figure bien étrange. Né en 1800, il a été guillotiné en 1836 pour le meurtre sordide d'un homosexuel et de sa mère. Dans sa courte existence, il a fait tous les métiers : avoué chez un notaire, écrivain public, joueur professionnel, journaliste, chansonnier. Mais il s'est senti rejeté par la société, et, un jour, il a décidé de se faire connaître, de s'imposer par le crime. Peu lui importait la victime. Il a tué presque au hasard, tué pour tuer, tué uniquement pour devenir un assassin. Entre sa condamnation à mort et son exécution, Lacenaire a eu le temps d'écrire ses Mémoires. Il y dit par exemple : «Croyez-vous que c'est l'appât de l'or qui m'avait poussé au crime ' Oh, non ! C'était une sanglante justification de ma vie, une sanglante protestation contre cette société qui m'avait repoussé.» Parmi ses contemporains, et même dans la génération qui a suivi, les Mémoires de Lacenaire ont eu un grand retentissement et ils ont exercé sur beaucoup une incontestable fascination.
Comment ne pas comprendre alors que Lucien Morisset, dont l'intelligence a grandi trop vite et d'une manière désordonnée, ne soit pas lui aussi fasciné par Lacenaire ' Bien sûr, si quelqu'un était là pour le conseiller, le mettre en garde, tout pourrait encore être évité. Mais Lucien est seul. Et, malgré les connaissances qu'il a accumulées, entassées, son jugement est encore celui d'un enfant.
Comme son idole Lacenaire, Lucien se met, lui aussi, à écrire ses idées sur le crime. Voici ce qu'on lit à cette époque dans son journal : «Je suis dégoûté de cette ignoble et rampante société. On peut verser son sang à flots : il est trop pâle pour tacher les maisons... Il n'y a pas de Dieu, il y a la force universelle... Je crois que le bien est la conséquence du mal, que l'homme n'est pas responsable de ses actions et que les conséquences du crime sont avantageuses à la société.»
C'est ainsi que, dans l'esprit de Lucien Morisset, une idée finit par s'imposer : non, il ne sera pas poète ni prosateur. Il sera... assassin ! A partir de ce moment, Lucien se met à voler. Ce sont d'abord de petites sommes qu'il prélève dans l'étude de maître Morin. Puis, comme tout se passe bien, il s'enhardit. Il ouvre les tiroirs à l'heure du déjeuner. Il dérobe ainsi, en toute impunité, jusqu'à 5 000 francs. (A suivre...)




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