Algérie

Histoires vraies



Histoires vraies
Tous les faussaires vous le diront et, si vous ne fréquentez pas ces gens-là, tous les spécialistes de la monnaie vous le confirmeront: le plus délicat dans l'imitation d'un billet, c'est le papier. Outre le filigrane, les responsables des banques centrales veillent à ce qu'il soit d'une composition chimique extrêmement complexe qui le rende infalsifiable.A moins, évidemment, d'utiliser le papier des billets eux-mêmes. Cela suppose d'abord que toutes les coupures aient le même format. Ce n'est pas le cas chez nous, mais c'est le cas aux Etats-Unis. II est donc théoriquement possible de décolorer un billet de un dollar et d'imprimer dessus l'image d'un billet de cent dollars. Mais théoriquement seulement, car la chose a été prévue et les encres sont trop résistantes pour être effacées.Et pourtant deux hommes y sont arrivés, deux hommes qui furent sans doute les deux plus grands faux-monnayeurs de tous les temps : Baldwin Bredell et Arthur Taylor. Pour cela, ils ont utilisé un procédé aussi génial qu'infaillible : couper les billets en deux dans le sens de l'épaisseur. Oui, vous avez bien lu : dans le sens de l'épaisseur !En cette année 1897, Baldwin Bredell et Arthur Taylor ont respectivement vingt-trois et vingt-six ans. Ils travaillent tous les deux chez un imprimeur de titres et d'actions de Philadelphie. Ils sont l'un et l'autre d'origine modeste, ils n'ont pas fait d'études, mais ils ont des dons exceptionnels. Baldwin Bredell est un génie de la mécanique, Arthur Taylor est un dessinateur hors pair. Ils sont déjà considérés comme les meilleurs graveurs de titres du pays.Or, les titres et les actions, tout comme les billets, ne doivent pas être copiés. C'est, avec les timbres, ce qui se rapproche le plus de la monnaie. Et la réputation de Baldwin Bredell et Arthur Taylor est telle qu'elle parvient à l'oreille de gens peu recommandables...William Jacobs est fabricant de cigares. C'est du moins sa dernière activité en date, car avant, il en a exercé beaucoup d'autres, aussi louches que lucratives. Il invite les deux jeunes gens chez lui et, à l'issue d'un bon dîner, leur lance négligemment:? Il a y a une fortune à faire en faisant de la fausse monnaie.S'ils sont également doués professionnellement, Baldwin Bredell et Arthur Taylor ont un caractère très différent. Baldwin est un garçon déluré que rien n'effraie, Arthur est au contraire timide et bourré de principes. Ce dernier se lève vivement de table.? Nous ne sommes pas des malfaiteurs !Mais Baldwin le retient par le bras.? Laisse parler monsieur. Il n'y a pas de mal à l'écouter.Le fabricant de cigares poursuit donc avec un sourire :? Voilà, les gars : vous aurez tout le matériel qu'il faut. J'avance les frais. Pour des artistes comme vous, ce n'est pas excitant ' Car c'est une vraie ?uvre d'art que vous allez réaliser !Et quand on sera riches tous les trois, vous arrêterez et vous ferez ce que vous voudrez.Baldwin Bredell ignore la mine offensée de son compagnon.? Quand commençons-nous'? Tout de suite. Je vais vous acheter un atelier de gravure. Vous allez vous y installer...? Baldwin finit par triompher des principes d'Arthur et tous deux se mettent à leur compte. Malgré leur jeune âge, leur renommée est telle qu'ils ont aussitôt des clients et ils n'éveillent nullement les soupçons en achetant tout ce qui est nécessaire à la fabrication de faux billets, puisque ce sont également les produits nécessaires à leur profession. (A suivre...)




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