Algérie

Histoires vraies



Histoires vraies
«Chéri, regarde ! On dirait qu'il y a quelqu'un dans le garage Peugeot !» François G., 43 ans, jette un coup d'?il par la fenêtre. En effet, en face, dans le garage tenu par M. P., quelque chose a l'air bizarre. À cette heure de la nuit, il y a de la lumière à l'intérieur du bâtiment. M. P., le propriétaire, un homme d'ordre, n'est pas connu pour ses habitudes nocturnes. Il fait son travail aux heures ouvrables et c'est bien rare s'il s'attarde après vingt heures, même pour obliger un client... François, en observant plus attentivement la façade du garage, perçoit un détail plus curieux encore : on dirait que la fenêtre qui éclaire le bureau a l'une de ses vitres brisées. M. P. ne laisserait jamais son établissement dans un tel état : cela fait désordre et nuirait à la marque Peugeot dont il est concessionnaire. François, après deux minutes de réflexion, se décide, malgré l'heure tardive - ou justement à cause d'elle -, à alerter la gendarmerie pour signaler qu'«il se passe, à son avis, quelque chose de pas catholique».Quelques instants plus tard, la camionnette de la police s'arrête silencieusement devant l'établissement Peugeot.Quatre représentants de l'ordre en descendent sans faire de bruit. Après les sommations d'usage, ils se rendent maîtres de la situation et arrêtent en flagrant délit de cambriole deux petits malfrats qui, à l'intérieur, avaient déjà fait main basse sur de l'outillage, quelques pièces de rechange d'un certain prix et plusieurs auto-radios. Entre-temps, M. P., le propriétaire du garage prévenu, est arrivé lui aussi. À la fin de l'opération, François, le voisin plein d'initiatives, se manifeste lui aussi et se fait connaître. Félicitations, congratulations, remerciements croisés puis tout le monde retourne se coucher. Les deux malfrats se disent que, la prochaine fois, ils choisiront mieux leur proie.Depuis ces événements, en 1990, François se remémore souvent les faits avec la satisfaction du bon citoyen fier de son civisme. Ses relations avec M. P. le garagiste sont au beau fixe... Quel plaisir de pouvoir compter sur ses voisins en cas de besoin !En avril dernier, François, qui connaît des problèmes de chômage comme, hélas ! bon nombre de Français, rentre chez lui en compagnie de son épouse, et de son fils, Cédric, âgé de treize ans, après une agréable soirée passée chez sa mère qui fêtait son anniversaire.En descendant de sa voiture, machinalement, François jette un coup d'?il sur le garage Peugeot, son voisin. «Tiens, se dit-il, à cette heure il y a encore de la lumière. Pas possible que M. P. soit encore au travail, ce n'est pas dans ses habitudes.» Et, automatiquement, François le gentil voisin repense à l'incident au cours duquel, deux ans auparavant, il a fait la preuve de son civisme, de son esprit de bon voisinage et de ses réflexes. «Voilà que ça recommence, encore des cambrioleurs.» Aussitôt, François saute sur le téléphone et appelle la police. Il donne, sans précipitation, toutes les précisions nécessaires, l'adresse du garage et même son nom et son numéro de téléphone. Puis, au lieu de se mettre au lit, par curiosité et par désir de voir les choses se terminer par le triomphe du bon droit, il décide de rester dans la rue, devant chez lui, jusqu'à l'arrivée de la police. Devant chez lui, c'est-à-dire à côté du garage. La nuit est profonde et les minutes passent.Soudain, François aperçoit un véhicule qui s'approche silencieusement et, tous feux éteints, s'arrête non loin du concessionnaire Peugeot. François, jusque-là si tranquille, est pris d'un doute. (A suivre...)




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