Légende ? «Tévennic est unique et mystérieux, c'est sa position qui en fait un des hauts lieux de recueillement en mer», affirme Marc Pointud, l'enthousiaste président de la Société nationale (française) du patrimoine des phares et balises (SNPPB).Construite sur un minuscule îlot où bouillonne le puissant courant du raz de Sein, la modeste bâtisse constituée d'un petit logement et d'une tour coiffée d'une lanterne, a des allures de chapelle délabrée, posée sur un rocher noir, où seule vit une colonie de farouches cormorans. Le phare de Tévennic est damné, selon la légende. Ses gardiens, quand ils ne l'ont pas fui avant, y sont devenus fous ou ont péri de mort violente, ne cesse-t-on de raconter depuis l'automatisation du feu en 1910. Depuis, les rumeurs les plus lugubres courent sur Tévennic, comme les appels «kerz kuit» («va-t-en» en breton) du revenant du premier gardien qui auraient rendu fous ses successeurs, affirme-t-on aujourd'hui encore à l'île de Sein voisine. Le mythe le plus sombre évoque un naufragé qui aurait trouvé refuge sur l'îlot, bien avant la construction de la maison-feu. Le marin y serait mort de faim malgré cris et gestes désespérés pour attirer les rares bateaux de passage. La légende veut que son spectre hante le site, faisant entendre ses râles. Mais un plongeur a découvert un siphon, une roche creuse rendue bruyante par la marée qui y pénètre. C'est en 1874 que l'administration des Phares et balises a édifié la maison-feu à quelques encablures du phare de La Vieille, un secteur semé d'écueuils terrifiants à fleur d'eau. En 35 ans, vingt-trois gardiens dont quatre femmes se sont succédé dans les lieux jugés si inhospitaliers que certains ont demandé leur mutation quelques semaines après leur débarquement à l'exception, d'un qui a tenu 15 ans de 1881 à 1896, révèlent les archives des Phares et balises. Cette rotation importante a renforcé la mauvaise réputation du lieu, et la légende sur la «damnation» de Tévennec n'a cessé d'enfler après le départ du dernier gardien et de sa famille en décembre 1910, relèvent Jean-Christophe Richou et Francis Dreyer dans Histoire de tous les phares de France paru en 2005 (éditions Ouest France). Permissions et promotions, les Phares et balises ont pourtant tout tenté pour maintenir les gardiens dans la maison-feu jusqu'à y installer femme et enfants avant de se résoudre à automatiser la lanterne - une première en France - faute de candidat. «Tévennic est fantastique et propice à la créativité», affirme Marc Pointud. Mais l'artiste candidat à l'isolement devra obligatoirement être membre de l'association et accompagné lors de son séjour dans le phare, avertit-il. Car les passionnés de la SNPPB restent prudents : il s'agit de prévenir tout «pétage» du créateur isolé.
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Posté Le : 29/04/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ferhat A
Source : www.infosoir.com