Algérie

Histoires étranges



Histoires étranges
Attrait ? La caverne sculptée de Dénezé-sous-Doué illustre parfaitement la fascination que les mystères des entrailles de la terre exercent sur l'homme.Peuplée de quatre cents statues taillées en ronde bosse dans le tuffeau saumurois, cette cave inspire un sentiment trouble fait à la fois d'intérêt historique et de crainte. Traversant les siècles, la cave aux sculptures garde encore ses secrets. Un chef d'?uvre d'art populaire. La caverne sculptée est une vaste chambre souterraine dont les murs sont ornés de centaines de petites statues alignées en costume de la Renaissance. Immobiles, elles veillent autour d'un puits, évoquant quelque rituel archaïque de purification. Dans la demi-obscurité, on devine des visages de pierre tour à tour grimaçant et hilares, malicieux et pieux. Leur taille rudimentaire, brute, accentue l'aspect bestial de certaines sculptures aux visages grimaçants. Leurs yeux sont gonflés, les bouches ouvertes comme dans un cri de souffrance. Des créatures grotesques, érotiques voisinent avec des monstres griffus et difformes, des gisants à sept têtes, le tout formant une immense galerie peuplée de centaines de petits hommes aux gueules cassées avec fraises et hauts-de-chausses, jouant des scènes lubriques. Certaines statues ont même un caractère blasphématoire comme cette Pietà montrant un Christ vivant allongé sur les cuisses nues d'une femme ou bien ce mariage initiatique représentant un homme entre la Luxure et la Vertu, deux femmes souriantes dont les mains viennent se rejoindre sur son sexe (ce que l'une commence, l'autre l'interdit). Il y a même des Indiens aux pommettes saillantes qui dansent au son de joueurs de mandolines et de bouzines. Bal gothique qui se joue dans les profondeurs de la terre, bal étrange de vieux hommes de quatre siècles, éclairés à la pâle lumière des bougies, qui évoquent des panneaux peints que les montreurs d'histoires de la Renaissance vendaient aux quatre coins de la France. Quels furent les auteurs de ces statues' De simples tailleurs de pierre ou des artistes contestataires, initiés à des rites secrets ' Un groupe adamique, (secte hollandaise du XVIè siècle qui honorait Adam, le premier homme), qui aurait célébré des cultes érotico-religieux au cours d'orgies nocturnes ' Des guérisseurs qui invoquaient Dana, la déesse des Gaulois, pour guérir les malades ' Les archives sont longtemps restées silencieuses sur l'origine de ces statues. Oubliée de tous depuis le XVIIIè siècle, époque où elle fut remblayée, la cave fut juste évoquée par Célestin Port au XIXè siècle dans son Dictionnaire historique et géographique du Maine-et-Loire qui disait en substance : «Au village du Mousseau existent des caves curieuses mais que malheureusement des murs interceptent par suite du morcellement des propriétés. J'y ai vu, dans la partie qui dépend de la cure, toute une imagerie découpée en plein tuffeau, notamment une femme colossale assise, et à côté, mais d'une main différente, deux autres personnages et une croix, le tout, ça me semble, bien moderne, tout au plus du XVIIè siècle». (A suivre...)




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