Histoires de neige Point Zéro : les autres articles

Sa classe ayant été gelée jusqu'au dégel, une petite fille qui s'ennuyait entame le chantier d'un bonhomme de neige. De boule en boule, elle parvient à ériger un petit homme de la taille d'un dirigeant, n'ayant pas beaucoup d'expérience en ce type de construction. Préparant ses élections de quartier, un nationaliste passe par là et lui explique que le bonhomme de neige est une invention française et qu'elle n'a pas à faire ce genre de choses. La petite fille lui explique que ce n'est qu'un bonhomme et que tous les enfants du monde qui ont de la neige, du Tibet à la Sibérie, font ce genre de choses, elle les a vus à la télévision. Le nationaliste, pas convaincu, lui explique que même la neige est une invention du colonialisme, puis s'en va à la recherche de voix à acheter.
Au moment où la petite fille, sentant qu'elle a gagné son droit à s'amuser, retourne vers son bonhomme de neige, un salafiste qui prépare sa grande victoire aux législatives passe par là et s'arrête. Il explique à la petite fille qu'il ne faut pas représenter les créatures de Dieu, on en a brûlé pour moins que ça. La petite fille explique que ce n'est pas une créature de Dieu mais simplement de la neige. Contrairement au sable, la neige ne fait pas partie de notre culture et de nos traditions, poursuit le salafiste. La petite fille lui dit que ce n'est pas de sa faute, on ne peut pas faire un bonhomme de sable, il ne tiendrait pas.
Le salafiste, dépité, s'en va à la recherche d'âmes fragiles à (dé)posséder, au moment où un policier passe par là, pas du tout à la recherche de délinquants. Le temps pour la petite fille de lui expliquer que non, ce n'est pas un attroupement public mais un bonhomme de neige, ce dernier a fondu. Regardant sa flaque d'eau informe, la petite fille se décide, un peu triste, à rentrer faire à manger pour toute la famille. L'année prochaine, s'il neige, elle reprendra son bonhomme.