Très souvent encore, certaines revues spécialisées nourrissent pour le cinéaste suisse Jean- Luc Godard une admiration sans bornes. Le fait, généralement admis et souligné à travers des pages et des pages, est qu?au sein de la nouvelle vague française des années 1960, ses films se sont imposés aisément par rapport au reste de la production. Son style original n?a pourtant pas survécu dans ses dernières productions. Passons. Notre propos ici est le fiasco total de son expérience au Mozambique en 1978. Le Mozambique a acquis son indépendance du Portugal, après une lutte héroïque en 1975. Cinq mois après l?indépendance un Institut national de l?audiovisuel et du cinéma (Inac) a été créé. En 1978, le Mozambique a nationalisé les compagnies étrangères de production et de distribution. La même année, l?Inac a abrité de sérieux débats de fond sur la stratégie de développement de la production cinématographique et sur le projet de création d?une télévision nationale. On fit appel à Jean Rouch d?abord, qui a dirigé à l?université de Maputo un atelier de super 8 et livré avec l?aide de ses collaborateurs Philippe Constantini et Jacques d?Arthyus des courts métrages vidéos réalisés avec des stagiaires mozambicains de l?Inac. Toujours en 1978, on fit venir ensuite Godard, qui a bénéficié avec sa société Sonimage d?un contrat officiel bien rémunéré (car on a trop souvent laissé croire que le cinéaste suisse a travaillé bénévolement, comme une ONG, insupportable mensonge !). Son projet était d?aider le Mozambique dans la création d?une chaîne de télévision nationale. Cela n?a jamais marché. Godard probablement, cherchait surtout à expérimenter de nouveaux matériels dans une terre vierge comme le Mozambique. Il travaillait en cheville avec un fabriquant de caméras (soi-disant révolutionnaire), dont la société était basée à Grenoble. Godard malheureusement n?a jamais achevé son projet vidéo intitulé très pompeusement : Naissance (d?une image) d?une nation. Godard se voyait déjà dans la peau du grand Griffith ! Le passage de Godard au Mozambique a soulevé des vagues. L?Inac, dirigé alors par le cinéaste mozambico-brésilien Ruy Guerra, fut le théâtre de très âpres controverses et critiques. Il y eut une grande polémique sur les projets avortés de Godard. Toute cette histoire qui a coûté très chère, n?a servi à rien. Ruy Guerra a réussi après à surmonter cette pénible épreuve. L?Inac s?est mis au travail et a mis en place une chaîne de production en 16 et 35 mm. En 1983, l?Inac comptait déjà 80 employés. Quatre longs métrages de fictions et 70 documentaires étaient dans la boîte. Le souvenir de Godard était effacé.
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Posté Le : 07/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : A. M.
Source : www.elwatan.com