Algérie - Tindouf

Histoire de Tindouf



Histoire de Tindouf
L'oasis de Tindouf telle que vue en 1880 par l'explorateur germano-autrichien Oskar Lenz.

Tindouf est édifiée en 1852 par le cheikh Mrabet Ould Belamech, de la tribu des Tadjakant, sur l'emplacement d'un ancien ksar du xvie siècle.

Avantagé par la position géographique de la ville — à l'intersection des routes caravanières reliant Guelmim dans la region de l'Oued Noun, Akka ou Agadir, dans le Sud marocain, Atar en Mauritanie, Dakar au Sénégal, Tombouctou au Mali, la Saguiet-el-Hamra dans le Sahara occidental ou le Touat dans le Sud algérien — et la notoriété de sa confrérie religieuse, un important commerce caravanier se développe et amène la prospérité à Tindouf, qui compte jusqu'à « un millier d'habitants, sans compter les esclaves ». La concentration de chameaux peut y atteindre à certaines occasions plusieurs milliers de têtes. Il s'y échange de l'or, du cuivre, de l'ivoire, des cuirs, de l'encens ou des cotonnades, mais également des esclaves Bambara, destinés au Sultan du Maroc.

La prise par la France de Tombouctou en 1894 va ouvrir les portes de cette importante ville aux marchandises plus abordables débarquées aux ports de Saint-Louis et de Dakar, et mettre ainsi fin, lentement mais sûrement, à la prééminence du marché de Tindouf, qui s'appauvrit inéluctablement. Les Tadjakant sont par ailleurs depuis longtemps en conflit latent avec la grande tribu nomade des Reguibat. Aidés de la tribu des Beraber, ils s'attaquent cette même année 1894 à une famille Reguibat de « noble lignée », ce qui relance les hostilités entre les deux tribus ; la riposte des Reguibat, exaspérée par le désir de vengeance, sera déterminée.

En 1896, les Reguibat — aidés par leurs alliés de la tribu des Aït Oussa — lancent une expédition de 1 200 hommes contre Tindouf et réussissent, après une bataille de 7 jours, à forcer les défenses de la ville, la piller et décimer ses défenseurs. La ville connait dès lors le déclin : en 1915, il n'y subsiste que quelques familles, dont les tentatives de relever l'oasis de ses ruines vont se révéler vaines, au point qu'en 1918, leur chef est contraint de solliciter l'aide des forces françaises. Deux expéditions militaires de reconnaissance y sont envoyées en 1925 et en 1928 ; lors de la deuxième expédition, le capitaine français Ressot n'y trouve plus qu'une oasis dévastée, dont le total d'habitants ne dépasse pas la centaine. Le déclin continue et la cité ne compte plus qu'une seule âme lorsqu'elle est définitivement occupée le 31 mai 1934, au nom de la France, par le colonel Trinquet, agissant sous les ordres du général Giraud. Trois mois plus tard, 35 personnes, représentant 16 familles, sont réinstallées dans la cité.

Une fois occupée, Tindouf est d'abord rattachée à la commune indigène de Béni-Abbès (dans le Territoire de Aïn Safra), avant de devenir en 1935 le centre administratif de la commune indigène de la Saoura, puis quatorze ans plus tard, en vertu de l'arrêté préfectoral du 5 septembre 1949, le chef-lieu de l'annexe de Tindouf. Enfin, le 9 décembre 1956, est créée la commune de Tindouf : de catégorie C, son conseil municipal de 15 membres est présidé par un fonctionnaire nommé par le Préfet. Le 7 août 1957, le nouveau département de la Saoura est créé, dont Tindouf est l'un des nouveaux arrondissements.

Cependant, dès 1955, Tindouf est au centre des revendications territoriales marocaines visant l'accomplissement du « Grand Maroc ». Le 7 juillet 1962, quelques jours après la proclamation de l'indépendance de l'Algérie, survenue le 3 juillet 1962, la presse marocaine fait état de l'arrivée à Rabat d'une délégation de représentants des tribus de Tindouf, venus présenter au roi du Maroc «un document le reconnaissant comme leur chef spirituel et temporel». En préliminaire de la guerre des Sables, des incidents éclatent le 2 octobre à Tindouf, après que l'officier de l'armée algérienne commandant la place de Tindouf ait ordonné au caïd Ould Salik d'amener le drapeau marocain déployé au-dessus de la casbah, et de remettre les armes dont il dispose. Une bataille s'engage entre l'armée et des hommes des tribus Tadjakant et Reguibat, faisant de nombreuses victimes ; le nombre de morts varie selon les sources entre une douzaine de personnes et 130 « Marocains ».

Le statut administratif de Tindouf est conservé tel quel, après l'indépendance de l'Algérie en 1962. Il est modifié une première fois le 2 juillet 1974 avec le redécoupage administratif qui rattache la daïra (sous-préfecture) de Tindouf à la nouvelle wilaya (préfecture) de Béchar, puis une deuxième fois, le 3 avril 1984, la commune devenant le chef-lieu de la nouvelle wilaya de Tindouf.

La controverse sur l'appartenance de Tindouf a certes pris officiellement fin avec la signature, le 15 juin 1972, d'un accord frontalier algéro-marocain, ratifié en 1973 par l'Algérie et en 1992 par le Maroc, et consacrant l'appartenance à l'Algérie de Tindouf, mais selon Olivier Vergniot, « Nationalismes obligent, le débat sur l'appartenance de Tindouf reste une question épineuse. Il s'agit le plus souvent de délivrer un certificat de conformité à l'une ou l'autre thèse en présence, en passant soit par le miroir déformant du « bon droit » historique, soit par celui du respect juridique pointilleux ».


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