Les Romains connaissaient un port de “Murustaga” qui était vraisemblablement situé dans les environs de la ville actuelle. Sous le règne de l’Empereur Gallien, l’Afrique septentrionale fut désolée par d’effroyables tremblements de terre. Presque toutes les villes du littoral furent submergées et des sources d’eau salée jaillirent en beaucoup d’endroits.
Peut-être faut-il attribuer à ces catastrophes l’aspect abrupt de la côte de Mostaganem, qui, effectivement semble conserver les traces d’un bouleversement. Quoi qu’il en fût, à partir de cette époque, il n’est plus question du port de “Murustaga” qui a dû, alors, être englouti par la mer avec une partie du rivage.
Les géographes arabes font mention de Mostaganem, petite ville, située dans le fond d’un golfe, entourée de murailles, avec des bazars, des bains, des jardins, des moulins à eau, mais ils ne disent rien de précis quant à la fondation de cette cité. On attribue à Youssef ben Tachefin, l’Almoravide, la fondation de “Bordj el Mehal”, l’ancienne citadelle de Mostaganem, aujourd’hui convertie en prison. Youssef régna de 1061 à 1106.
Mostaganem tomba au pouvoir des Mérinides en 1200. L’un d’eux, Abou-Einan, fit construire la mosquée en 1342. Il est à remarquer que, depuis l’expulsion des Morisques d’Espagne, jusqu’à la fin du XVIII° siècle (?) Mostaganem fut, après Tlemcen, la ville la plus importante du Beylick de l’Ouest. Son histoire est intimement liée à celle des luttes qui mirent aux prises les Turcs d’Alger et les Espagnols d’Oran.
Mostaganem, en effet, de par sa situation géographique, fut toujours une base d’attaque contre Oran pour un ennemi venant de l’Est, et une base d’opérations contre Alger pour un agresseur parti de l’ouest. La ville passe, en 1516, sous la domination des Turcs. Elle fut alors agrandie et fortifiée par Kheir ed Din.
En 1551, Mohamed el Haran, fils du Chérif Mohamed el Mehdi, sultan du Maroc, s’empare de Mostaganem, d’où il poursuit sa marche sur Alger. Mais, il est arrêté, sur les bords du Chelif, par Hasan Corso qui le bat et reprend la ville. Cinq ans plus tard, en 1556, le même Hasan Corso, marchant sur Oran, concentre ses forces à Mostaganem, où sa flotte débarque artillerie, vivres et munitions.
En 1563, Hasan Pacha, préparant le fameux siège de Mers-el-Kébir, fait, également, de Mostaganem, sa base d’attaque et y réunit ses forces de terre et de mer.
En 1568, Euldj Ali, se disposant à mettre le siège devant Oran et à faire ensuite une descente en Espagne, pour seconder une rébellion des Morisques qui s’y préparait, dirigea une armée de 14.000 mousquetaires et de 60.000 auxilliaires indigènes sur Mazagran et Mostaganem, où il avait envoyé d’avance du canon et 14.000 chameaux, chargés de poudre.
Il suffit de ces quelques exemples pour expliquer les trois tentatives que fit le comte d’Alcaudète pour s’emparer de Mostaganem. Bien qu’après sa mort, les Espagnols n’aient plus paru disposés à une entreprise sérieuse contre cette place, les Turcs et les Maures restèrent toujours sur leurs gardes, dans la crainte de quelque coup de main.
En 1589, un soldat du château de Santa-Cruz déserta et se rendit auprès du gouverneur de Tlemcen, le caïd Ali, auquel il annonça, pour se faire bien accueillir comme porteur d’une nouvelle d’importance, que le gouverneur d’Oran faisait des préparatifs, pour aller, sous peu de jours, emporter Mostaganem par escalade.
Le caïd envoya aussitôt, de la garnison de Tlemcen, 120 janissaires et prit dans le château de Mascara tous les Turcs qu’il put trouver. Il arriva, à Mostaganem, le 7 mars 1589 et y réunit tous les gens de guerre des bourgs et des campagnes. Ceux-ci restèrent de garde dans la ville et ne s’aperçurent qu’au bout de 17 jours qu’ils avaient été mystifiés.
Quand Oran, tombée au pouvoir des Turcs, en 1708, eut été reprise, en 1732, par les Espagnols, Mostaganem fut le siège du vilayet, successivement, sous les Beys Bou-Chalar’am, Youssef, Mustapha-l-Ah’mar. Elle fut, dans le même temps, un centre intellectuel hautement estimé. Une tradition veut qu’à certaines époques, quand le vent soufflait de Mostaganem, les habitants de Mascara gravissant avec leurs enfants, l’une des montagnes dominant leur cité, plaçaient leur progéniture, le visage tourné vers Mostaganem, pour leur faire respirer, avec ce souffle béni, les émanations de la science et de la vertu dont la ville était le séjour
Lors de l’expédition d’O’Reilly contre Alger, en 1775, alors que les beys de l’Est et du Titteri avaient amené tous leurs contingents pour combattre les Espagnols, le bey de l’Ouest, Ibrahim, resta en observation auprès de Mostaganem, que l’on craignait de voir enlevée par les gens d’Oran. Seul, son khalifa, à la tête de 4.000 cavaliers de Douairs vint renforcer, sous les murs d’Alger, la mahalla du “Khazbadji”.
Il est surprenant, dans ces conditions, que les Espagnols, depuis Alcaudète, n’aient plus fait d’efforts pour conquérir une place qui pouvait être considérée, à juste titre, comme le boulevard de leurs possessions d’Oran et de Mers-el-Kébir.
Mais, si les Espagnols renoncèrent à prendre Mostaganem, ils ne négligèrent pas d’y entretenir, constamment, des intelligences. Ils avaient, à leur solde des agents de renseignements, Juifs pour la plupart, et des “Moros de paz” (Maures de paix) qui venaient, fréquemment à Oran, pour y vendre des marchandises et apporter des renseignements qui leur étaient bien payés.
Ces espions indigènes se livraient, à l’occasion, au “Ter’tis” ou enlèvement des Musulmans isolés qu’ils capturaient et venaient vendre comme esclaves à Oran.
Quelquefois, le caïd de Mostaganem, lui-même, fournissait les informations. On voit, en juin 1852, l’auteur de Don Quichotte, Cervantès, apporter au roi d’Espagne des lettres du capitaine général, contenant des renseignements donnés par de caïd sur "l’état de la province, les tribus et les affaires d’Alger”.
Malgré ces tribulations, attirées par la fertilité su sol, de nombreuses familles maures vinrent d’Espagne se fixer sur le territoire de Mostaganem. De grandes exploitations agricoles furent entreprises. La culture du coton fut importée avec succés.
Les villes de Mostaganem, de Tigditt et de Mazagran comptaient, vers la fin du XVIII°siècle, une population d’environ 40.000 âmes. Elles étaient le centre d’un commerce florissant. Cette situation se prolonge jusqu’au début du XIX° siècle, époque à laquelle toute la région est violemment troublée par les difficultés, causées à la domination turque des beys d’Alger, par le sultan de Fez. Les Hachems de Sidi-Mahieddine el Moktari, mokaddem des Kadria, les congrégations chérifiennes des Derkaoua et des Tidjania sont en tête du mouvement.
La nouvelle du succès des troupes du maréchal de Bourmont, entrées le 5 juillet 1830, dans Alger des beys turcs, est à peine répandue dans le pays que l’on apprend l’arrivée, à Tlemcen, le 17 novembre 1830, du corps expéditionnaire de Moulay-Ali, neveu du sultan. Ses émissaires secrets parcourent le Chélif et poussent jusqu’à Médéa.
Le caïd Driss adresse une proclamation aux habitants de Mostaganem et d’Arzew et, à la tête d’une partie du "gueich” marocain, entreprend la soumission des tribus des Douairs et Smelas qui n’avaient pas encore apporté leur "beïa” au khalifa du sultan.
La présence, à Mers-el-Kébir, du général Damrémont, et le mécontentement de certaines tribus de la province, causé par l’emprisonnement de Mustapha ben Ismaël, agha des Douairs, amènent le sultan à rappeler, à Fez, son corps expéditionnaire (mars 1831).
Cependant, dans les jardins verdoyants de la guethna de l’oued Hamman, grandissait le fils du mokaddem des Kadrias : Abdelkader ben Mahieddine, celui qui devait, quelques mois plus tard, devenir "Emir al Muminin” (commandeur des croyants).
Le père, récemment promu à la dignité de khalifa du sultan, se sentait trop vieux pour continuer la lutte avec fruit. Une apparition, à Sidi-Laradj, vénérable ermite du Saint, l’Unique, le Faucon gris, Abdelkader el Djilanni, fondateur des Kadrias, montra un trône, émergeant d’une foule de sièges vides, et destiné, aux dires du Saint, à El Hadj Abdelkader ould Mahieddine.
Le 21 novembre 1832, au milieu des tribus, rassemblées à Ersebieh, aux portes de Mascara, il le fait proclamer sultan. Diplomate avisé, Abdelkader se contente, pour l’instant, du titre d’émir et de succéder à son père comme khalifa du sultan. Dès sa prise de commandement, le jeune chef devait se heurter à de graves difficultés : rivalités personnelles, envie et jalousie.
Le turc Ibrahim, entr’autres, s’intitule bey de Mostaganem. Mohamed ben Tahar, ancien éducateur de l’émir, entretient à Arzew, des relations avec les chefs français d’Oran. Dans le Chélif, Si el Aribi, repousse dédaigneusement le “hachem de zaouïa”. Les Angad, avec El-Ghomari, les Ouled Sidi-Cheick, les Tidjania tirent de leur côté. La ténacité ardente de l’émir triomphe de ces défections et, dès avril 1833, celui-ci commence à harceler les Français jusque dans les faubourgs d’Oran.
Maître de Tlemcen, le 7 juillet de la même année, il décide de frapper, dans les plaines du Bas-Chélif, Si el Aribi qui lui est encore hostile. Mais, le chef français d’Oran, le général Desmichels le devance et, brusquement, le 28 juillet 1833, se présente devant Mostaganem. Sans défiance, le turc Ibrahim, qui, depuis un an, pactise avec les Chrétiens, vient au devant du général français, revêtu de ses habits de cérémonie et des insignes de sa qualité de bey. A sa grande stupéfaction, il se voit traité en suspect par Desmichels. Celui-ci occupe la ville, et place, séance tenante, une garnison française dans chacun des forts.
Le lendemain matin, les vagues des cavaliers arabes de l’émir Abdelkader déferlent contre les remparts de Mostaganem, mais, s’étant heurté à des forces et à une résistance inattendues, ceux-ci doivent, après une journée d’efforts infructueux, battre en retraite.
Abdelkader devait bientôt prendre sa revanche. Par son accord du 26 février 1834, avec le général Desmichels, négocié par deux Juifs habiles : Amar-Mardoukaï et Bacri-Busnach, il obtient le droit d’acheter des armes et des munitions et d’exercer un contrôle permanent du commerce du port d’Arzew, dont il fait l’aboutissement des chargements de l’intérieur, au détriment des ports d’Oran et de Mostaganem.
Vite remis de sa défaite du ravin de Sikkah, l’émir tient la campagne de Tlemcen à Médéa et du Chélif à la Mitidja. Il signe, le 30 mai 1837, avec Bugeaud, le traité de la Tafna, qui lui attribuait la totalité de la province d’Oran à l’exception des villes d’Oran, Arzew, Mostaganem et Mazagran, et une part de la Province d’Alger.
Ces gains considérables ne suffisent pas au fils de Mahieddine. Il veut appuyer sa domination à la frontière tunisienne. Ses "harkas” s’étirent jusque par-delà les monts Bibans.
Pendant ce temps, ses lieutenants continuent, dans l’ouest, à tenir en haleine les tribus, toujours prêtes à se soulever. Ces harcèlements n’épargnent pas le région de Mostaganem et le début de 1840 voit les 12.000 cavaliers de Mustapha ben Thami échouer devant Mazagran, héroïquement défendue par une poignée de braves, sous le commandement du capitaine Lelièvre.
C’est la dernière phase des opérations militaires d’envergure. La prise de la smala de l’émir, près d’Aïn-Taguin, le 14 mai 1843, la victoire décisive de Bugeaud, sur les bords de l’Isly, le 14 août 1844, sur les troupes du lieutenant d’Abdelkader : Moulay-Mohammed, aboutissent à la signature du traité de Tanger entre la France et le Sultan (11 septembre 1844).
Mis hors la loi, traqué de toutes parts, l’émir al Muminin, remet, enfin, son épée, le 23 décembre 1847, au général Lamoricière, devant le marabout de Sidi-Brahim. Le canon se tait : l’ère de la colonisation est commencée.
La proclamation de la République, le 24 février 1848, amena, sur le plan politique, comme au point de vue administratif, l’assimilation de l’Algérie à la Métropole. De cette époque date sa division en départements et arrondissements, à la tête desquels furent placés des préfets et des sous-préfets.
Le décret du 27 juillet érigea Mostaganem en sous-préfecture.
Extrait du Guide pratique de Mostaganem et de sa Région (1938).
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Posté Le : 12/09/2007
Posté par : nassima-v
Source : members.fortunecity.com