Algérie - Maghnia

Histoire de MAGHNIA, des origines à nos jours.



Histoire de MAGHNIA, des origines à nos jours.
Les origines

Les origines de Maghnia se perdent dans la nuit des temps. Il a été recueilli sur son territoire quantités de quartzites, de basaltes, de grès, de silex taillés qui montrent de façon indéniable que son sol constituait, dès les âges préhistoriques les plus anciens, l'habitat d'agglomérations humaines importantes.

A 5 kms de la cité, d'ailleurs, sur la route qui mène à Ghazaouet, a été découvert, en 1908, un gisement préhistorique important, " les abris sous roches de la Mouillah". On y a retiré des squelettes et des silex taillés qui se trouvent actuellement au musée d'Oran. Ce site était habité à l'époque de l'industrie paléolithique récente.Sur le plateau, au-dessus des abris, on a trouvé une station des derniers temps de l'industrie néolithique.

Il est probable que des ateliers préhistoriques florissaient à l'époque néolithique dans toute la plaine comprise entre l'oued Mouillah et l'oued Ouerdefou.

L'antiquité

A l'époque de l'empire Romain, Maghnia fut un poste militaire dont le nom, d'après des bornes milliaires, était "Numerus Syrorum", du fait qu'il était occupé par un corps d'auxilaires recrutés presqu'exclusivement en Syrie.

Ce camp était constitué, à l'image du camp romain typique, par un vaste rectangle de 400m sur 420m (ou peut-être 257m) où l'on entrait par quatre portes. Il était entouré d'un fossé large et profond et flanqué de tours carrées.

Il était d'importance stratégique car il constituait un poste de surveillance à l'extrémité occidentale de la Maurétanie Césarienne et du limes qui la protégeait. La Césarienne se trouvait ainsi verrouillée par une voie romaine tendue devant le massif des Traras et reliant Numerus Syrorum à l'oppidum de Siga par la vallée de la Tafna. Une autre route conduisait à l'antique Pomaria (Tlemcen).

La première apparition épigraphique du nom de Numerus Syrorum se situe sous l'empereur romain Macrin, qui a régné en 217-218 de notre ère. D'autre part, des pierres tumulaires retrouvées sur le territoire de la commune portent des inscriptions datées de 272 à 429 ap.J-C. La présence romaine s'étendrait donc du IIIè au Vè siècle. Le fort fut abandonné, mais des ruines subsistaient encore à l'arrivée des colons.

L'arrivée des Arabes

Le campement de Numerus Syrorum abandonné, ses ruines virent sans doute le passage éphémères des Vandales, mais surtout l'arrivée des Arabes et de l'Islam au VIIè siècle.

La situation géographique du lieu ne manque pas d'en faire un important lieu d'échanges. Il est placé en effet dans la trouée tertiaire qui forme comme un long et étroit couloir entre Tlemcen et Fès, ses deux illustres voisines, et d'un autre côté, facilement accessible aux montagnards du Sud (Beni-Bou-Said, Beni-Snous), à ceux du Nord (Djebala, Msirda) et aux habitants du littoral. Un important marché de nomades se tient donc régulièrement près de l'ancien camp romain.

C'est à cette époque que se situe l'histoire de Lalla Maghnia qui a donné son nom actuel à la ville.Voici ce que l'on en disait ( Guide Levy Provençal):

« Lalla Maghnia, comblée des biens célestes,montra dès l'âge le plus tendre une aptitude extraordinaire pour l'étude et les sciences. L'esprit divin était en elle, elle eut bientôt approfondi toutes les connaissances humaines. Elle acquit en peu de temps une réputation telle que tous les savants du pays ne rougirent pas de s'incliner devant elle et de la proclamer leur maître.

« La beauté de Lalla-Maghnia égalait sa science; mais la bonté de son coeur était plus grande encore.

« Après avoir fait deux fois le pélerinage de la Mecque, elle mourut dans un âge peu avancé après avoir désigné l'endroit où elle désirait être inhumée. C'est le lieu même où se trouve encore aujourd'hui la kouba .» Et, en effet, le mausolée de Hajja Maghnia, qui fut élevé, dit-on à la fin à la fin du XVIIIè siècle, domine encore de nos jours le cimetière de la commune.

On sait aussi que son fils aîné, Mouffoq ould Maghnia , fut un des premiers résistants à l'occupation coloniale. Réfugié au Maroc en 1854, il ne cessa d'inciter les tribus à la révolte. Arrêté par surprise dans la nuit du 15 au 16 novembre 1855, il fut détenu à la redoute. Mais quelques jours après son arrestation, il aurait cherché à s'enfuir alors qu'on le conduisait à Oran pour y être interné et fut tué par son escorte.

La période coloniale

La ville de Maghnia se développa autour de la redoute dont la construction fut entreprise le 1er Mai 1844 sur l'emplacement même de l'antique fort romain, duquel on utilisa d'ailleurs les matériaux. Il s'agissait, pour les troupes coloniales, de surveiller la frontière.

C'est d'ailleurs en 1845, le 18 mars, que fut signée entre les autorités coloniales et l'Empereur de Maroc le traité de Lalla Maghnia qui fixa la délimitation entre le territoire algérien et le territoire marocain.

Les bâtiments de la redoute pouvaient abriter une garnison de 300 à 400 hommes et un hôpital provisoire pouvant accueillir 50 malades ou blessés fut également édifié.

Rapidement, à côté de la redoute, une population de civils vint s'installer. Un an après le début de la construction, elle se montait à 32 personnes. En 1851, elle n'était encore que de 31 habitants (colons) et 18 (locaux) .Deux maisons et quelques baraques bien aménagées avaient été construites : l'embryon du centre ville actuel. Puis il y eut 7 maisons en 1854, 12 en 1855, 23 en 1856 , la ville était née.

La population urbaine, principalement européenne (français et espagnol surtout), était alors surtout constituée de commerçants plus que d'agriculteurs, même si des jardins avaient été aménagés au lond de l'oued Ouerdefou et autour de la redoute, sur des terres confisquées aux Beni-Ouassine. Les terres des environs, de caractère arch étaient cultivées par les fellahs et l'ensemble de la plaine était assez insalubre et ne se prêtait pas à une agriculture intensive. Maghnia fut donc pendant longtemps considérée comme un poste exclusivement militaire.Ce n'est qu'en 1868 que la ville passa sous administration civile.

La ville se bâtit progressivement ainsi que ses grandes infrastructures : recette des domaines (1856), église (1877), mairie (1889), mosquée (1892), gare (1906) ...

En 1936, la population européenne de la commune était de 2161 habitants tandis que la population arabe s'élevait à 3259 habitants.

Pendant toute la période coloniale, c'est surtout l'agriculture qui fut développée dans la région, grâce à l'assainissement des terres et une irrigation efficace, mais au détriment de la population arabe, constamment rejetée sur les terres les moins fertiles ou vers le centre urbain (construction des quartiers du Matemore et de l'Abattoir) ou bien encore contrainte à l'émigration, en particulier dans le département du Nord (Auby), la région de St-Etienne et la région parisienne.

Le commerce et l'agriculture constituaient donc les deux moteurs du développement de Maghnia pendant la période coloniale, le secteur industriel étant quasiment inexistant. On notera cependant les exploitation minières de Roubane, de Maaziz et de Sebabna dans la région.

La guerre de libération et l'indépendance vont profondément modifier cet état de fait.

L'indépendance

De part sa situation géographique même, Maghnia fut évidemment aux avant-postes de la Guerre de Libération. Le monument aux Martyrs qui orne la place du centre-ville de nos jours rappelle que nombre de ses enfants y laissèrent leur vie. Mais elle aura aussi donné à l'Algérie indépendante son premier président, Ahmed Ben-Bella.

Au départ de la population européenne, la ville n'était encore qu'une grosse bourgade d'à peine une dizaine de milliers d'habitants. Elle va alors connaître un développement rapide et continu dans tous les domaines.

Sur le plan agricole d'abord, la plaine de la Tafna va être mise en valeur par un système complexe d'irrigation et bénéficier de la construction de pas moins de six "villages agricoles socialistes" sur son territoire au moment de la révolution agraire (Akid Lotfi, Akid Abbès, Messamda, Bkhata, Bettaïm, Chebikia.). L'activité de son marché hebdomadaire témoigne de la richesse de sa production agricole (principalement en fruit et légumes).

De même, la politique volontariste d'industrialisation va la doter de plusieurs unités du secteur d'état comme un complexe de transformation du maïs SNIC (le plus grand d'Afrique à l'époque), une usine de fabrication de céramique, une unité de la Sonitex (textiles) et d'autres encore ce qui créera de nombreux emplois ouvriers, quasi inexistants jusqu'alors.

Enfin, le secteur tertiaire, grâce à l'implantation des administrations et services nécessaires à une ville en pleine expansion va lui aussi fournir des emplois, notmment dans l'enseignement ( écoles, CEM et lycées).

Pour répondre à la croissance très rapide de la population, la ville s'agrandit dans toutes les directions, parfois de manière un peu anarchique et de nouveaux quartiers se construisent autour du centre historique, escaladant les collines au nord et à l'est, franchissant l'oued Ouerdefou au sud, et s'étendant le long de la route d'Oujda à l'ouest.

Aujourd'hui, Maghnia poursuit son développement à un rythme toujours aussi soutenu, elle compte désormais près de 150 000 habitants.Gageons qu'elle saura répondre, grâce à son dynamisme, aux défis de ce XXI ème siècle.

Sources: "Lalla Maghnia" par A. Barbin (Alger, Imprimerie Algérienne, 1921)

"La voie romaine de la vallée de la Tafna" par P.Salama (Bulletin d'archéologie Algérienne T.2)

"Histoire des débuts de la colonisation dans la subdivision de Tlemcen (1842-1870)" T1 par A. Lecocq . Oran 1941.


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