Algérie

Histoire de la Colonisation à Collo



Histoire de la Colonisation à Collo
En 1830, les Turcs abandonnèrent le pays comme ils avaient fait sur presque tous les points où ils ne se sentaient pas suffisamment en force pour résister aux Français. Dès lors, les Colliotes cessèrent toutes relations commerciales.
Lorsqu'en 1859, Collo fut définitivement occupé, la population, réduite à 500 habitants environ, vivait misérablement dans des masures ou des gourbis, n'ayant plus ni terres, ni troupeaux, ni commerce, ni industrie. Une douzaine environ de petites barques de pêche, c'était tout ce qui restait de l'ancienne marine de Collo. Privés de tout défenseur, depuis le départ des janissaires, les Colliotes avaient subi le joug des tribus voisines, qui ne cessèrent d'opérer des razzias.

En 1852, le commandant de la province de Constantine décida une expédition dans les tribus avoisinantes de Collo, se proposant d'occuper cette ville, mais des troubles survenus du côté de Guelma, obligèrent le général à renoncer à ce projet, qui s'il eut réussi, aurait probablement changé d'une façon complète l'avenir de Collo. En prenant possession de Collo en 1859, à la suite des expéditions du général Devaux, l'autorité militaire y crée une annexe, dépendant du bureau arabe de Philippeville et l'année suivante, ce point où, pendant l'hiver, les bâtiments naviguant sur la côte venaient chercher un refuge contre la tempête, devint l'année suivante chef lieu de cercle avec un commandant supérieur, investi des pouvoirs militaires, civils et judiciaires.

Les tribus furent rapidement classées et délimitées, et l'on forma de leurs contingents un peloton de Spahis et de gendarmes spécialement chargés de la garde du territoire. Des sous officiers et des soldats furent provisoirement chargés du service de la gendarmerie et de la douane. Le Génie se mit vivement à l'œuvre. Il ouvra et aligna les rues, les borda de trottoirs, planta d'arbres les places publiques et nivela les terrains de manière à les rendre propices à recevoir des constructions.

Une débarcadère et une rampe pour y arriver furent établis, une maison voisine fut affectée au service de la douane. Une caserne pour la garnison, un bâtiment pour le logement du commandant supérieur, la maison de commandement des divers services militaires et administratifs, un mur d'enceinte flanqué de bastions, tout cela fut crée progressivement. Les troupes de la garnison jusque là campée entrèrent dans leur caserne.

Les sources dites d'Aïn el Bordj furent captées et virent alimenter plusieurs fontaines , abreuvoirs, lavoirs, etc. Une grande partie de ces eaux recueillies à la sortie de l'enceinte servirent à irriguer le jardin crée devant le mur d'enceinte, à l'entrée de la ville, avec des magnifiques plantations d'arbres au feuillage épais répandant au loin leurs ombrages.

Pour exécuter tous ces travaux, la main d'œuvre militaire avait été insuffisante, et l'on avait dû recourir à des ouvriers civils qui contribuèrent à faire prospérer Collo par la création des diverses industries. La misérable bourgade de 1830 fit place à la charmante petite ville d'aujourd'hui.

La conquête de Collo vue par l’armée coloniale française.

Les alentours de Philippeville étant pacifiés, le général Baraguay d'Hilliers décida de soumettre les tribus farouches de la région de Collo. Trois colonnes partirent de Philippeville : l'une se dirigeait par la rive droite de l'oued Guebli, et les deux autres dans la direction des Beni Toufout. Encerclés par les troupes, les tribus se rendirent sans défense, mais les Beni Ouelbane se défendirent sérieusement.

Les Indigènes déterrant nos soldats pour les mutiler, le général, après les combats de l'oued Zadra, ordonnait de brûler les cadavres. Le camp fut appelé Camp de l'Enfer.

Le 10 Avril 1843, le général Baraguay d'Hilliers se présentait devant Collo, précédé par les habitants du village qui étaient venus à ses devants, avec des drapeaux. Dans le port était ancré un navire chargé de vivres pour les troupes.

La pacification du Cercle de Philippeville était terminée. Il y eut cependant de nombreux soubresauts.
En Mars 1846, le marabout Ben Bagheriche surnommé le Sultan de la montagne levait l'étendard de la révolte. Une colonne partie de Philippeville sur Collo rétablissait l'ordre. Le général Bedeau la commandait.

En Mai 1849, un prétendu Chérif Mohamed ben Abdallah ben Yamina partait en guerre. Le général Herbillon fit une opération de police vers l'oued Guebli et réduisit les rebelles.

En 1858, une colonne après être parvenue à Collo fût attaquée par les Achachs qui s'emparèrent de la ville. Les troupes abandonnant leurs chevaux durent s'embarquer pour regagner Philippeville pendant que le Caïd Saoudi avec 250 cavaliers se retirait sur Souk-El-Sebt, puis reprenait l'offensive à l'annonce de l'arrivée d'une colonne commandée par le général de Saint-Arnaud.
La corvette à vapeur LE TITAN, mouillait en rade et bombardait les villages rebelles.

Le général de Saint-Arnaud, après de rudes combats, entrait à Collo le 27 juillet, châtiant durement les insurgés.

Par quatre fois, nos troupes entraient ainsi à Collo sans y laisser de garnison ; aussi les tribus Kabyles composées de pillards ne craignaient pas de recommencer leurs tristes exploits.

En Mai 1852, après le mouvement insurrectionnel des Beni Ishak, le général de Mac-Mahon, formant une colonne de 6 500 hommes, partait de Constantine, traversait toutes les montagnes et arrivait à Collo.
La nouvelle de la révolte des tribus des Hanencha qui menaçait Aïn Beida et Bône ne lui permit pas de laisser des troupes et il rebroussait chemin, soutenant encore de rudes combats contre les tribus révoltées.

En 1856, un nouvel illuminé soulevait les tribus de la région de Collo ; 6 000 réguliers arabes commandés par leurs Caïds furent réunis, et lancés contre les insurgés. Le 26 septembre ces goums prenaient la campagne et après 10 jours de lutte, le Caïd Saoudi obtenait leur soumission.

En Juin 1858, nouvelle agitation. 15 000 hectares furent incendiés dans la région de Collo anéantissant plus de 80 000 arbres. Le général Gastu à la tête de 4 000 soldats, partit de Constantine séjournait à El Milia le 26 construisait le camp, puis le 22 Novembre arrivait à Collo, sans laisser de garnison.

Aussi, en Mai 1860, le général Desvaux du refaire la même campagne avec une colonne forte de 10 000 hommes châtiant sévèrement les insurgés.Pendant dix années le calme règne.

La guerre de 1870 éclatait et nos troupes africaines étaient dirigées sur la Métropole. La nouvelle de nos désastres se répandit vite dans les montagnes. Le mouvement insurrectionnel commençait le 14 Février 1870, par le pillage du camp et du village d'El Milia par les Ouled Aidoun et les Achachs.

Revenu à temps, le capitaine Sergent organisait la défense, repoussait les assaillants qui opéraient alors un blocus sérieux de la Place, coupant le fil télégraphique et la conduite d'eau.

La colonne de secours commandée par le général Pouget attaquée à El Ma el Abiod, continuait à progresser livrant de victorieux combats à Kaf R'orab et à Kaf Zerzour.
Une colonne partie de Collo, grossie des contingents du Caïd Saoudi faisait sa jonction avec la précédente le 25 février, à Medjez Zana et arrivait le 28 devant El Milia, sans avoir cessé de combattre les insurgés.

Elle délivrait la courageuse garnison. 400 otages, 900 fusils furent retenus, mais les chefs s'étaient enfuis. Le calme revint pour peu de temps, car la révolte de Mokrani assisté du cheik des Rahmani El Haddad replongeait les douars de Collo dans l'insurrection.

La garnison de Collo, commandée par les capitaines Pont et Vidensang, appuyée par la frégate cuirassée la Jeanne d’Arc qui bombardait les villages des révoltés, ramena le calme et la soumission.

Les efforts conjugués des généraux Augéraud à Mila, du colonel Aubry et du capitaine Villot ; du général Saussier dans la région de Sétif, sont couronnés de succès, et les agitateurs Ben Fiala et Moula Chokfa se rendent au général de Lacroix.

"La paix est définitivement assurée et depuis n'a jamais été troublée".


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