Algérie - 01- Généralités

Histoire de la civilisation berbère



Voici un récapitulatif de l´histoire de Thamazgha depuis les Canaries jusqu´à Siwah, en passant sous les oliviers de paix de la Kabylie

C´est l´histoire d´un peuple qui, depuis la nuit des temps s´est trouvé au carrefour des civilisations, impliqué dans la plupart des guerres majeures.

Son immense territoire peuplé depuis la nuit des temps par des différentes tribus comme les Massyles, deux foix plus grand que l´Europe, qui va des côtes atlantiques à l´ouest jusqu´à l´oasis égyptienne de Siwah, et de la Méditerranée au nord jusqu´au fleuve Niger au sud.

Imazighen qui veut dire : « Hommes Libres », que Rome désignait sous le terme de Barbarius qui donna "Berbères" et qui ne se doutait pas qu´elle allait avoir cinq empereurs berbères dont les plus connus, Septime Sévère et Caracalla.
On les a appelés Berbères par mépris ou par ignorance. Berbères (du Grec «Barbaroï» : dont on ne comprend pas la langue), ces Imazighens ont vus défiler les envahisseurs et revendiquent le droit d´être eux-mêmes.

On ne pose jamais la question de savoir d´ou vient les Chinois, les Indiens, les Australiens, les Arabes, mais on entends souvent la question d´où viennent les Berbères ?. Et bien nous affirmons, d´après Ibn Khaldun qui, au XIVème siècle s´était ri des généalogistes arabes en démontrant l´irrationalité de leurs allégations...que cette terre de Berbèrie verdoyante et giboyeuse, y compris dans les contrées sahariennes, qui n´étaient pas encore desséchées, était déjà habitée. Les ossements découverts notamment à Mechta el Arbi et datés au carbone 14 l´attestent.

Les Berbères étaient donc là depuis la profonde préhistoire. Des fouilles ont permis la découverte d´ossements humains et d´ustensiles datant de 500 000 ans avant notre ère. Il s´agit là de ce que les Anthropologues nomment les Préhominiens. L´Archanthropien découvert à Mascara en Algérie est de la même époque que le Pithécanthrope de Java.
Nous avons les traces d´hommes préhistoriques du type de Mechta Affalou, une peuplade primitive du littoral du Tell, 100 000 ans avant JC.
7 000 ans avant notre ère sont apparus les Méditerranéens Capsiens nommés proto-berbères et le dessèchement du Sahara n´est intervenu que 3 000 ans avant JC.
Si le carbone ne suffisait pas, les parois gravées du Tassili N´Ajjer avec ses magnifiques fresques d´avant le dessèchement est l´affirmation, si besoin en étaient encore, que les Berbères ne sont venus de nulles part pour la simple raison qu´ils ont toujours vécu en Berbèrie.
Un dernier élément consigné dans les hiéroglyphes : 1227 ans avant J.C., les Berbères Libous qui donnèrent leur nom à la Libye ont «attaqué l´Egypte des Pharaons...».
Voilà la première clé.

La deuxième allusion a trait à la culture berbère considérée comme primitive avec une langue rudimentaire inadaptée aux contingences de la modernité.
Or la langue berbère a existé, existe encore, vivace car elle est parlée aujourd´hui par plus de vingt millions d´individus., c´est bien une langue qu´il s´agit, et elle est écrite, enseignée, fondamentalisée par des académies. Elle a pour nom Thamazight et son ancienneté est comparable à l´Etrusque. Elle est, les spécialistes l´affirment et le démontrent, l´une des plus vieille langue de l´humanité, cette langue berbère représente, en Afrique du Nord et jusqu´au-delà du Sahara, le seul lien d´une communauté qui s´ignore parce que les groupes fort divers qui la composent sont dispersés sur d´immenses territoires. Partout minoritaire, le Berbère n´est la langue officielle d´aucun État.
Cependant, il n´existe pas une langue littéraire pratiquée par tous les berbérophones. Toutefois, on en rencontre qui sont communes à des populations assez nombreuses. Ainsi, sur l´aire chleuh qui occupe l´ouest du Grand Atlas, la plaine du Sous et l´Anti-Atlas, il n´existe pas un idiome commun, mais une mosaïque de patois. Or, des troupes de chanteurs professionnels sillonnent le pays et leur répertoire de poèmes (Issefra pluriel d´Assefrou) et de contes est intelligible à tous les Chleuhs. La situation est analogue dans le centre montagneux du Maroc, domaine des Berabers, où les parlers varient de tribu à tribu, mais où l´extension des itinéraires des chanteurs ambulants marque l´extension d´une langue littéraire entendue de tous, et l´on peut citer des faits comparables, récents ou anciens, chez les Touaregs, les Kabyles et d´autres berbérophones.

Quand à la culture, du burnous, cet Avidhi tissé en laine crue, blanc, noir ou même rouge pour distinguer les notables ?, les Romains nous l´avaient emprunté pour en faire la toge et les Hillaliens fermèrent les deux pans pour le transformer en Kachabia, jusqu´au couscous, en passant par l´Assefrou (poème), le bijou, la poterie,...etc.

Sachez qu´au début du siècle, une équipe de chercheurs américains et français découvrit au nord-est de Constantine, à Douga, le tombeau du plus grand des Aguellids (chef de tribu ou de confédération), Massinissa. Il y´avait outre la dépouille, ses armes, des objets précieux et plus précieuses encore des tablettes gravées (ne les cherchez pas au Maghreb, car elles se trouvent toujours au Muséum de New York, Etats-Unis d´Amérique) en écriture punique, en traduction d´une langue aussi ancienne que l´Araméen : le Thamazight.
Ces tablettes gravées par les prêtres appelés Kohanim racontent la vie de l´Aguellid Massinissa fils de Guya, petit-fils de Navarase et qui vécut deux siècles et demi avant notre ère. C´est son alliance avec le général consul Scipion l´africain qui précipita par deux fois la défaite de Carthage, c´est lui le vainqueur de Syphax qui va réunir la Numidie et la Maurétanie en un seul empire, c´est lui, Massinissa qui fera de Cirta (Constantine) sa capitale, développa Saldae (Vgayeth (Béjaïa)) et Hippone (Annaba).

Politiquement, les Berbères ont formé à plusieurs reprises des États indépendants (royaumes de Tahert, de Tlemcen, royaume aghlabide de Kairouan, royaume mérinide de Fès...), voire de grands empires étendus à tout ou partie du Maghreb (empires almoravide et almohade).
Il y eut deux empires berbères, Almoravide et Almohade, des royaumes berbères (Ziride, Hammadite, Idrisside, Mérinide, Hafçides ...).

Si les Berbères furent maintes fois envahis, notamment et par ordre chronologique par les Phéniciens, les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Arabes, les Turcs et les Français, ce n´est pas la faute d´esprit guerrier et encore moins de combativité.

Les Berbères ou Numides furent donc d´abord les disciples des Phéniciens qui leur enseignèrent des procédés agricoles et industriels, pour la fabrication de l´huile par exemple, l´exploitation et le travail du cuivre. Surtout, ils leur firent adopter leur religion.

Certains historiens ont pu avancer l´hypothèse que le Christianisme, puis l´Islam, ne furent si facilement acceptés que parce que les populations y retrouvèrent, avec des symboles communs, une semblable mentalité sémitique.

L´influence de la civilisation grecque fût au contraire très limitée. Elle s´exerça essentiellement par l´intermédiaire de Carthage, puis de Rome, et ne se manifesta de manière sûre que dans le domaine de l´art, par exemple dans les grands Médracen (mausolée royal) de l´Aurès et de Tipaza.

La première classification sûre des tribus berbères, valable pour la seconde moitié du XIVème siècle, a été fournie par l´historien Ibn Khaldun. à l´est se situaient les Lowata de Cyrénaïque, de Tripolitaine, du Djérid et de l´Aurès ; à l´ouest, les Branès et les Zenata. Ces derniers, grands nomades conquérants arrivés en Afrique du Nord à la fin de la période byzantine, devaient s´arabiser les premiers. Les Branès, ceux qui se désignaient sous le nom d´Imazighen, seraient les plus vieux berbères. Ils comprenaient alors les Maçmouda, sédentaires du Moyen et Grand Atlas, et les Sanhaja (Iznagan), divisés en sédentaires (Qotama de Kabylie, Ghomara du Rif) et grands nomades du Sahara occidental (Lemta, Lemtouna, Gouzoula).
D´autres part, et dans des circonstances particulières, en tant qu´alliés ou supplétifs, au service d´un idéal souvent religieux ou pour leur compte propre, ils eurent à envahir l´Europe du sud jusqu´aux portes de Rome, citant le général berbère converti Tareq bnou Zyad qui s´emparera des contrées européennes qu´il appellera El Andalousse. Ils annexèrent un temps la Sicile et la Corse, conquirent et reconquirent l´Espagne. Ils reprirent même le Khalifa pour le compte des Fatimides et ce furent les Kotamas kabyles qui fondèrent le Caire et El Azhar.

La Berbèrie aura donné les vainqueurs de Carthage au service de Rome, elle aura donné un pharaon à l´Egypte, des empereurs à Rome, Saint Augustin à la Chrétienté, les Fatimides, les Almoravides et les Almohades à l´Islam, Ibn Khaldun à la sociologie.

Le monde berbère est coutumier des météores guerriers; on songe à un Mathos (ou Matho) qui dirigea l´insurrection libyenne pendant la guerre des Mercenaires contre Carthage, à un Tacfarinas qui, au début du 1èr siècle, malmena pendant sept ans les légions d´Afrique, à un Faraxen qui eut son heure de gloire en Maurétanie Césarienne lors de la grande insurrection du milieu du IIIème siècle, à un Abou Yazid, l´homme à l´âne, qui faillit renverser la dynastie fatimide en Ifriqiya au Xème siècle, à un Abdelkrim El Khettabi du Rif en 1920 ou à un Amirouche en 1958, ou même à ces Arouchs (représentants des villages) en Kabylie, durant le printemps berbère 2001, où plusieurs martyrs sont tombés sous les balles des agents de forces de l´ordre (gendarmes, CRS), pour la liberté, la dignité et l´amazighité.

La base organique était la tribu ensuite la confédération. les Berbères se sentaient, se voulaient, et s´affirmaient «Hommes Libres» Imazighen. Seule la démocratie appliquée depuis la base, c´est à dire Thajmâath (équivalent à l´Agora grecque, qui est une assemblé de village) régissait leurs actes. L´Aguellid, était désigné par l´assemblée des Amek´k´eran.

Dans l´immense territoire de la Berbèrie, l´usage devient fautif, lorsqu´il parle de race berbère. Il n´existe pas en effet de race berbère, les berbérophones présentant des types ethniques bien divers. L´observation la plus simple permet d´opposer un type kabyle, un type mzabite et un type targui, que la vieille enquête de Bertholon et Chantre (1913) avait reconnus comme des groupes purs à côté de croisements divers. Aucune étude de groupes sanguins ne s´est jusqu´ici révélée concluante. Les Berbères ne sont donc pas définissables par des critères raciaux.
Les Berbères du sud notamment targuis ont la peau brune ou carrément noire, ceux du nord même appartenant à la même souche Branès sanhadjienne sont blancs ou roux; les cheveux sont noirs, châtains, blonds; les tailles et corpulences inégales...et nous n´expliquerons cela ni par des théories vaseuses de débarquement de vikings ni même par des mixages dus aux envahisseurs aussi nombreux et divers qu´ils aient été. A preuve, les populations les plus préservées et qui, à aujourd´hui ont perpétué dans leur isolement et inaccessibilité, leurs coutumes, comme la Kabylie, les Aurès, l´Atlas, le Chenoua et les confins sahariens n´échappent pas à cette diversité morphologique.

Thamazgha a su et pu conserver une unité culturelle qui fait que, de nos jours, il y´a des Berbères qui se connaissent et se reconnaissent car berbèrophones et il y a ceux qui s´ignorent alors même que leurs Arabe est truffé de mots berbères et qu´ils continuent à fêter Yennayer (nouvel an berbère, qui est le 12 janvier), pensant à tort que c´est une coutume musulmane.

Ibn Khaldun l´avait dit « les Berbères dans les villes et les plaines s´arabisent en masse et se découvrent descendants du prophète ».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)