Le feuilleton de l’été
Le feuilleton de l’été est assurément l’augmen-tation des salaires. Les fonctionnaires vont avoir, durant cet été, la tête dans l’eau et le cerveau connecté au bureau de Belkhadem.
Comme dans l’histoire de Caïn qui se sentait constamment épié par un œil qui le suivait jusqu’à mille lieues sous terre, Belkhadem est désormais sous la loupe. En attendant la prochaine rentrée sociale, les fonctionnaires prennent leur mal en patience. Entre un bon beignet à la confiture et un joli bronzage, ils guettent le moindre mouvement du chef du gouvernement et surtout la moindre articulation.
Maintenant que la balle est lancée, il sera difficile de revenir en arrière. Tout ce qu’il va dire sera retenu contre lui.
C’est que les fonctionnaires font déjà leurs prévisions. Fatigués par tant de privations, ils veulent bien jouir quelque peu des plaisirs de la vie et goûter au confort.Les fonctionnaires, comme tous les Algériens d’ailleurs, ne sont pas contre les politiciens qui jouissent des privilèges et font des promesses, mais à condition que tout le monde en profite. Et maintenant qu’on leur a ouvert les yeux avec toutes ces facilités d’achat, eh ben chacun veut profiter de l’opulence qui règne sur le pays. Tant qu’y en a pour les uns, y’en a pour les autres, c’est ainsi et pas autrement. Autrement dit, le soleil de septembre sera deux fois plus chaud que celui qui tapera sur Bomo-plage en plein mois d’août. En plus clair, la rentrée sociale sera électrique. Un avant-goût, le ton a été donné par le secteur de l’éducation d’une manière générale, ce qui laisse augurer le pire chez les autres secteurs étatiques. L’homme est né bourgeois, que voulez-vous! Petit ou grand, il veut l’être quand même selon son ventre. Et puis les fonctionnaires pensent qu’ils ont un retard à rattraper, car pendant qu’ils se morfondaient en riant sur des sketchs de l’inspecteur Tahar, des fortunes se dessinaient dans l’ombre. Ça, ils l’ont compris tardivement, mais ils ne veulent pas se faire avoir deux fois. ‘Le loup, on ne la lui fait pas deux fois’, voilà un adage de bien de chez nous qu’ils comptent ne pas oublier.
Enfin, les fonctionnaires estiment qu’ils ont assez fonctionné depuis l’indépendance pour venir aujourd’hui leur refuser des augmentations pour cause de dysfonctionnements. Là, ça ne fonctionne plus ! Ils considèrent quand même qu’ils ont droit à leur part du gâteau après n’avoir récolté que des miettes pendant longtemps. Quant à juger maintenant s’ils ont bien ou mal fonctionné, eh bien, c’est toute l’Algérie qui a mal tourné. Augmentez-nous et l’on fonctionnera bien, voilà le mot d’ordre.
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Posté Le : 24/06/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com