Algérie

Histoire La difficulté d'accéder aux archives



L'accès aux archives de la période coloniale française en Algérie «n'est pas totalement libre en France», a déclaré, hier, lundi, à Oran, l'historien français Gilles Manceron. «L'accès aux archives est confronté à de nombreuses restrictions qui nuisent à la bonne connaissance de cette période de l'histoire», a-t-il déploré lors d'une conférence animée au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC). «Certes, la possibilité d'accéder à un certain nombre de documents existe en France», mais d'autres fonds «demeurent, quant à eux, soumis à des systèmes de dérogation» qui se déclinent en «obstacles à la connaissance de l'Histoire», a expliqué M. Manceron. La problématique évoquée par l'historien français réside notamment dans la difficulté d'accès aux documents déposés par les particuliers auprès de certaines Institutions qui ne les mettent à disposition qu'avec l'autorisation des familles concernées (déposants). «Certains fonds ne sont consultables qu'avec le feu vert des déposants (famille), or quand on sait que cette famille a eu un rôle important dans l'histoire française récente, cela pose un problème puisque l'autorisation est délivrée uniquement aux chercheurs choisis», a observé l'historien. Cette situation, exacerbée par d'autres dispositions légales censées protéger la vie privée des déposants, conduit à des «points aveugles» comme pour ce qui est de l'histoire de l'OAS (Organisation de l'armée secrète) qui est abordée sous un angle très limité, a-t-il fait remarquer. L'historien a estimé à ce titre que le maintien des fonds d'archives de manière privée par un certain nombre de personnes a pour conséquence «le contrôle de l'écriture du passé et de la vision par rapport à cette période coloniale qui demeure méconnue par la société française». «La société française est confrontée au défi de la clarification, de la reconnaissance de ce passé colonial qui tourne le dos aux Droits de l'Homme», a-t-il souligné. Journaliste et historien, spécialiste du colonialisme français, Gilles Manceron est rédacteur en chef de la revue Hommes et libertés de la Ligue des droits de l'Homme dont il est le vice-président. Cette rencontre s'est tenue en présence du socio-historien algérien Hassan Remaoun coauteur d'ouvrages avec Gilles Manceron, dont ceux intitulés D'une rive à l'autre : La guerre d'Algérie de la mémoire à l'histoire et L'Enseignement de la guerre d'Algérie en France et en Algérie.


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