Algérie

Histoire



Les Fantômes du 17 Octobre de Linda Amiri Cette pièce manquante, Linda Amiri, doctorante à l?institut d?études politiques de Paris, l?a discrètement mise à jour. Pour un mémoire de maîtrise dirigé par l?historien Benjamin Stora, elle s?est vu confier par A. Haroun, dirigeant de la Fédération de France FLN, une partie pour l?essentiel inédite. Son travail, qui intègre aussi des archives de la préfecture de police, reconstitue la tragédie d?octobre 1961, en apportant des éléments neufs, notamment des témoignages sur la férocité de la répression. On ne sort pas bredouille de la lecture de l?ouvrage de Linda Amiri, 25 ans, fille d?immigré, rencontrée chez sa famille à Ras El Oued en marge des travaux de la conférence initiée par le Centre national d?études et de recherches sur le mouvement national et la révolution de Novembre 1954 à l?occasion de la commémoration du 17 Octobre. Cette dernière s?est confiée à notre quotidien. « Il est important que l?histoire de ces événements s?écrive », dira-t-elle, et d?ajouter : « J?ai fait le choix d?analyser la manifestation parce que je voulais comprendre pourquoi cette dernière a eu lieu et pourquoi un tel déferlement de violence (mon père a manifesté ce soir-là). Concernant le choix de mon sujet de thèse, celui-ci s?explique par le rôle joué par l?immigration algérienne dans la lutte pour l?indépendance et qui demeure hélas méconnu. » Pour l?auteur, l?opacité qui a longtemps entouré cette date se dissipe lentement et la vérité se fraye un chemin, quarante-trois ans après : il aura fallu dix ans de lutte menée par des enfants de l?immigration, soutenus par des associations antiracistes et des intellectuels. « La plaque inaugurée en 2001 sur le pont St-Michel par le maire de Paris constitue un début de reconnaissance. » Son ouvrage est également inondé de déclarations, de prises de position sur les exactions de la police. On y trouve les noms, les lieux en particulier, les ponts d?où furent jetés des Algériens à Bezon, Clichy, Anicreg... D?après un pompier, fils de policier, « ce sont soixante cadavres qui ont été retirés de la Seine ». Parlant de l?impunité, Linda Amiri dira qu?il n?y eut aucun policier condamné ; en revanche, Monique G., maître de conférence est condamnée à 200 NF. Son crime ? Elle avait osé crier ce soir-là aux CRS qui frappaient des Algériens dans la rue Solferino : « Arrêtez assassins ! » L?ouvrage contient également des témoignages extraits de 220 rapports émanant de responsables FLN et « amis français » postés en observateurs (porteurs de valises). Porte St-Cloud « Il était à peine 20 h. A la descente du car, ils nous ont tabassés. Certains d?entre nous sont tombés morts et il y avait des blessés, les morts ils les ont pris d?urgence, ils les ont jetés dans la Seine, comme nous a dit un harki. » Métro Concorde « La police est entrée dans les wagons et nous a fait sortir à coups de poing, il y avait sur le quai des frères tombés inanimés (...) la police nous insultait (...). On vous a coincés comme des rats, on va vous fusiller comme les cadavres que vous voyez ici. Dites au revoir au FLN (...) » « J?ai vu une quinzaine de morts dans le métro. » En écho, un responsable de la police signale que « les effectifs réagissaient très vivement contre les manifestants et les officiers placés sous mes ordres et moi-même avons dû constamment intervenir pour éviter les excès. » Les Fantômes du 17 octobre de Linda Amiri Editions Mémoires génériques


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